MON EXODE EN 1940 RACONTE PAR MON GRAND PERE (43)
C'était encore du nouveau, et cela compliquait singulièrement la situation. Dans la foule, on citait même des automobilistes qui avaient été refoulés parce qu'ils n'avaient pas d'essence pour les deux cent kilomètres.
Je n'ai pas su la suite et ce qu'il en était. Le député Chassaigne parut s'intéresser à mon cas et sans me faire aucune promesse m'invita à aller le voir à son domicile particulier le soir même entre sept heures et huit heures.
J'oublie de dire, que le vingt-trois au soir, ou le vingt-quatre, on donna l'ordre à toutes les voitures belges éparses dans la ville d'aller se parquer au-delà d'Issoudun. Nouvel émoi, car cela ne pouvait que compliquer le ravitaillement. Ayant fait observer que nos voitures étaient garées au couvent, on me dit en fin de compte, que je pouvais les y laisser. Donc, le vingt-quatre au soir, vers sept heures et quart, j'allai sonner chez le député Chassaigne.
On me répondit qu'il était allé chez le préfet à Chateauroux et qu'on ne pouvait pas me fixer sur l'heure de sa rentrée. J'y retournai deux ou trois fois mais un peu avant huit heures, il n'était pas encore rentré.
Je demandai qu'on voulut bien le prévenir que je serais chez lui de grand matin le lendemain, et me dirigeai vers le couvent. Arrivé à mi-chemin, et bien que les chaussures neuves que je venais d'acheter par nécessité me fissent horriblement souffrir, j'eus un remord de conscience et de nouveau je redescendis vers l'intérieur de la ville pour aller une nouvelle fois chez le député Chassaigne.
Bien m'en prit. Il descendait précisément d'auto et me fit entrer de suite. J'avais sur moi la liste des quatre voitures (Mab., Claeys et les deux miennes, et leur force respective.) et je lui demandai timidement ce qui étaient nécessaires, peut-être un peu moins, car il restait encore quelques litres dans les voitures.
(à suivre)
Yvan Balchoy
balchoyyvan13@hotmail.com
http://poete-action.ultim-blog.com