LA LIBERTE DANS L'OEUVRE DE DOSTOÏEVSKI : ÊTRE LIBRE, CE N'EST PAS CHOISIR A TOUT VENT, C'EST ÊTRE SOI-MÊME. (273)
Parce qu’il met l’homme en contact direct avec son idéal, l’amour en fait à un degré supérieur une personne libre et responsable.
C’est cette conviction qu’un personnage de la nouvelle intitulée : « Une fâcheuse histoire » exprime en quelque sorte à rebours :
« Je suis humain, donc on m’aime, on a confiance en moi, donc on croit en mes paroles. (1)
(1) « Une fâcheuse histoire », page…
L’Amour ne se contente pas d’affirmer sa propre existence, il recèle une force créatrice, puisqu’il transforme le « toi » de la Foi, lui-même dérivé du « il » en un « nous ». Ce nouveau terme, loin de dissoudre les « moi » les renforce dans l’être.
La conscience de soi est proportionnelle à la capacité d’aimer.
Par cet amour, on renonce partiellement à sa personnalité et on absorbe une partie de la personnalité de l’autre. A la logique de Descartes, Dostoïevski substitue la primauté de l’amour :
« Une fois dans l’infini de l’espace et du temps un être spirituel par son apparition sur la terre a eu la possibilité de dire : « Je suis et j’aime. » (2)
( (2) « Les frères Karamazov, page 347.
Cette parole peut-être intervertie en « j’aime donc je suis » sentence beaucoup plus vraie que la parole de Descartes : « Je pense donc je suis. », car la pensée peut provenir d’une vie toute en idée et donc bien peu réelle. Déjà dans « Les pauvres gens », sa toute première œuvre, Dostoïevski faisait dire au héros de sa nouvelle « Je sais ce que je vous dois, ma chère. Avant vous, mon petit ange, j’étais solitaire et comme endormi, à proprement parler, je ne vivais pas (page 1155)
Ainsi l’Amour est créateur de vie, ainsi que le romancier le rappelle plus d’une fois dans ses « Notes d’hiver sur des impressions d’été ».
yvanbalchoy13@gmail.com