LA LIBERTE DANS L'OEUVRE DE DOSTOÏEVSKI : ÊTRE LIBRE, CE N'EST PAS CHOISIR A TOUT VENT, C'EST ÊTRE SOI-MÊME. (272)
La Foi admet et adore un idéal, l’amour cherche à y participer intimement, à s’y unir totalement.
Dans la Foi, on attend tout de l’autre tout en se jugeant souvent indigne de l’approcher, car on se croit incapable de lui apporter quoi que ce soit. Dans l’amour au contraire, on se donne à un autre, on lui abandonne sa volonté tout en attendant de lui ce même abandon.
La Foi reste plutôt concentrée sur la contemplation et l’adoration, elle devient amour quand elle se transforme en engagement pratique au service de l’idéal entrevu. L’amour fait éclater le mur de l’égoïsme naturel du « moi » (1) il libère la personne du déterminisme terrestre qui pousse chacun à se considérer comme le centre de l’univers.
(1) Cf. le Carnet de Macha
Dans les « Carnets des Démons », Dostoïevski reproche à la science de de son temps de mettre avant tout l’instinct de conservation, ce qui ne peut que ramener l'humanité à la barbarie antique. (2)
(2) « Carnets des Démons, page 905. Dans les « Carnets des Frères Karamazov », Dostoïevski s’indigne contre les matérialistes qui sont obnubilés par l’unité réalisée par l’attraction des planètes, veulent y ramener toute la nature. On n’a pas observé, constate-t-il, on a seulement commencé à regarder (Carnets des Frères Karamazov, page 883) L’essentiel n’est pas que la loi de l’attraction nous régisse, mais que tous les êtres du cosmos y compris les hommes forment entre eux un ensemble organique. C’est par l’amour que l’homme prend conscience d’être en rapport avec les autres mondes ; c’est seulement lorsque que la vie vaut la peine d’être vécue, sinon on devient indifférent à la vie, on se met à la haïr. (CF BOHATEC : Dostoïevski, page 259 et les Carnets des Frères Karamazov », page 889
Aussi l’Amour est-il un « vrai miracle » en notre monde, il révèle la présence du monde supérieur dans le cœur de l’homme
Dostoïevski, en accord avec la Tradition chrétienne voit en lui une participation à la vie divine de l’homme.
C’est donc en lui que se réalise et que s’exprime le mieux la ressemblance divine déjà inaugurée par la Foi. Zossime note ce propos que le romancier n’osera pas l’introduire telle qu’elle dans le texte définitif
:
« Aimer dans le péché, c’est déjà l’amour divin. » (3)
(3(3) « Carnets des Frères Karamazov », page 887
----------------------------------------------------------------------
yvanbalchoy13@gmail.com