LA LIBERTE DANS L'OEUVRE DE DOSTOÏEVSKI : ÊTRE LIBRE, CE N'EST PAS CHOISIR A TOUT VENT, C'EST ÊTRE SOI-MÊME. (267)
Le Satan des « Frères Karamazov » ne ressemble pas à l’être haineux qu’on décrit généralement. Son langage est celui d’un blasé, indifférent à tout et sans volonté :
« Je tiens à ma réputation d’homme comme il faut et je vis au hasard m’efforçant d’être aimable… Tu attends de moi quelque chose de grand, de beau… C’est regrettable, je ne donne que ce que je peux… Je souffre et pourtant je ne vis pas…Je suis le sceptre de la vie … N’exige pas de moi le beau et le sublime. Tu es froissé dans tes sentiments esthétiques d’abord, ensuite dans ton orgueil…Un si grand homme, recevoir la visite d’un diable si banal. » (1)
« Les Frères Karamazov »
La tiédeur indifférente découle tout droit de cette Foi satanique, elle exclut tout amour et reste à distance de ce qu’elle connaît. Demeurer indifférent devant Dieu, c’est pur démonisme ou mieux, c’est faire de Satan, « personnification » même de la nécessité a personnelle, l’objet de sa foi.
Croire au diable, c’est se courber sous le poids de la nécessité et de tout l’ensemble des déterminismes dont seule la vraie Foi libère. Sans doute, est-ce là le sens profond de l’avertissement prophétique de Dacha à Stavroguine qui lui avait confié sa tentation de « croire à son démon ».
Les démons » (variante- page 754
Les « Carnets » des Démons confirment cette hypothèse en présentant ainsi la fin de Stavroguine :
« Le Foi prend le dessus chez lui ; cependant les démons croient eux-aussi, mais ils tremblent. Trop tard, dit le Prince, et il se précipite à Uri et se pend. (3)
« Carnets des Démons », page 962
yvanbalchoy13@gmail.com