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Publié par BALCHOY

 

J’ai été bouleversé hier soir  par l’émission « INFRAROUGE » sur Antenne 2.

 Sous le nom  « Une peine infinie – Histoire d’un condamné à mort » on nous a raconté comment en Oklahoma un jeune assassin de 16 ans – il a tué trois personnes plus ou moins liés à sa famille – a été exécuté 16 ans plus tard, après avoir épuisé toutes les recours juridiques et avoir vécu ces années dans un trou à rat sans fenêtres d’une dimension , disait un témoin, d’un placard.

 En présence de dizaines de témoins, attaché sur un lit,  entouré des gardiens qui vivaient avec lui depuis des années et aussi  de citoyens qui ont accepté de lui verser sous le sceau du secret le poison qui, injecté en ses veines, son cœur  s'arrêtera, comme celui d’un chat euthanasié, après 6 minutes.

L’émission revient en arrière pour nous expliquer les faits : un crime sordide familial, commis par un adolescent violent, mineur au moment des faits. L’obstination d’un procureur, se vantant d’avoir conduit plus de 60 personnes à la chaise électrique a réussi, a réussi à obtenir sa condamnation à mort en dépit de sa minorité ce qui fut interdit dans cet état dix ans après.

 

Les auteurs du reportages ont réussi a retrouvé quantité de personnes depuis les gardiens qui ont vécu si longtemps avec Sean Sellers, des membres de la famille de la victime, son avocat et même dans son fauteuil de retraité, semblant en fin de vie , ce fameux procureur tombeur de têtes.

 

Le premier témoignage vient des souvenirs et des nombreux écrits et interviews  laissés par le jeune condamné tout au long de son emprisonnement qui démontrent à loisir que la personne qui fut exécuté dans sa trentaine n’avait plus guère de liens avec le jeune assassin qu’il fut.

Nous avons pu assisté à son dernier recours en grâce où tous les protagonistes interviennent, la famille pour réclamer la mort avec une vivacité sincère, l’avocat qui avec beaucoup d’émotion et d’adresse tente de persuader les jurés de ne pas mettre fin à une vie qui n’a plus rien à voir avec son passé, le procureur qui, au nom de l’exemplarité présumée de la peine de mort, réclame l’exécution, le jeune condamné qui avec cran, et en reconnaissant les faits et leur gravité, implore néanmoins la clémence des jurés.

En Oklahoma, la décision des jurés est immédiate et elle se traduit  en l'occurence par leur refus  ce qui implique une exécution rapide et quasi inévitable du jeune homme.

Le dernier dialogue entre l’avocat devenu son ami et Sean Sellers est plein d’émotion et de dignité ; on sent que le jeune homme, qui ne croyait guère à sa grâce, est résigné à sa mort et surtout attentif à la peine qu’il fera involontairement à d’autres personnes cette fois par sa fin à lui.

 

L’interrogation des personnes qui ont vécu ces évènements est révélatrice de l’attitude de beaucoup de citoyens américains devant la peine de mort.

La plupart des gardiens, qui ont vécu tant d’années à ses côtés et noués des relations plus ou moins amicales, ont été bouleversés souvent profondément. Bien entendu, en bon citoyens, ils participent à cette exécution, que souvent pourtant ils regrettent,  d’une façon si professionnelle qu’elle choque Sean.

 

Les réactions de la famille, qui exigel’exécution doivent être nuancés. Le fils d’une victime semble imperméable à toute pitié. Sa devise c’est l’esprit d’un certain christianisme américain véhiculé, par beaucoup de  croyants Baptistes « Œil pour Œil, dent pour dent.

Une jeune femme qui a vécu une partie de son enfance avec l’accusé reconnaît que tout ne fut pas simple et qu’elle a du en un sens « déshumaniser » l’assassin pour accepter la sentence. A ce moment, je me suis demandé si ce n’est pas elle-même qu’elle avait déshumanisée.

L’avocat de Sean qui a consacré a vie a défendre des condamnés à mort avec, si je ne me trompe, 2 succès sur plus ou moins 14, est toujours blessé au fond de lui-même par cet échec qui lui a enlevé un vrai ami mais il continue à lutter pour maintenir en vie d'autres condamnés.

 

Quand au procureur sanguinaire de l’Etat, cloué apparemment sur son fauteuil par la vieillesse, mais aussi , m’a-t-il semblé, par une interrogation funeste sur son rôle passé, il continue à répéter sans conviction l’exemplarité de la peine de mort, sa "certitude" que le jeune Sean Sellers malgré ses 16 ans était un garçon assez mur pour mériter l’exécution. Mais quand on lui demande si ce Dieu, auquel il prétend croire tellement,  approuve ses actes, il donne une réponse évasive qui traduit un doute profond et à mes yeux criminel.

 

Quand aux citoyens lambda de l’état, en grande majorité, semble-t-il,  ils restent partisans d'une peine de mort qu’ils croient la seule réponse possible et nécessaire au crime. On sent que les Etats-Unis dans leur politique en matière pénale n’ont pas vraiment rompu avec la loi sauvage du Far West, c'est-à-dire une autre forme de criminalité légale mais tout aussi criminelle.

 

Au terme de cette intéressante et courageuse émission, je n’ai pas changé d’avis:  quel que soit le crime, la peine de mort est un ASSASSINAT dit légal,  accompli avec cruauté, lâcheté et préméditation.

 

On met à mort une personne en l'empêchant de se défendre, en l’immobilisant. Ceux qui agissent ainsi, c'est-à-dire tous ceux qui peuvent empêcher légalement ce crime depuis la Cour suprême aux USA, le Président, le Gouverneur, le Procureur, les bourreaux sont, à titre et responsabilité bien différents bien sûr,  les artisans et complices plus ou moins actifs d’un assassinat qui prouve que la société  aujourd'hui n’est pas plus humaine, plus raisonnable que les criminels exécutés, à cette réserve près, et elle est importante, qu’on met souvent à mort ,des dizaines d’années après leurs crimes,  des personnes qui n’ont plus rien à voir avec l’individu qu’elles étaient autrefois au moment de leur forfait.

 

Il est important de ne pas oublier que dans les dizaines d’exécutions qui salissent et barbarisent des pays comme les USA.... il est certain qu’il y a des innocents qui sont offerts à la vengeance sociale. 

 

Je voudrais terminer en rappelant ce pasteur baptiste qui, a aidé de multiples condamnés à quitter cette vie, dont Sean, je crois,  en regrettant a-t-il précisé ces exécutions, malgré son église qui joue un rôle très néfaste en justifiant la peine de mort.

 

Pourtant aujourd’hui,  il n’accepte plus de jouer ce rôle social d’aide au sein de la mise à mort, persuadé plus que jamais que le message du Jésus de l’Evangile est totalement opposé à ce type de "justice";  il refuse  donc de participer désormais  à cette mise à mort rituelle qui perpétue la barbarie ancienne en  nos  civilisations qu’on dit avancées mais qui restent trop souvent sauvages.

 

Telle est en effet ma conviction et depuis longtemps ;  il faut punir les assassins, les punir sévèrement car on  ne peut rendre vie à leurs victimes. mais il ne faut pas les imiter  ce que fait par exemple un état comme le Texas, la Chine communiste ou l’Iran qui trahissent tous un peu leur idéal en manquant de foi en la possibilité de rédemption de l’homme et en trahissant, je pense, le Dieu  ou l'Homme qu'ils prétendent servir.

 

 

Yvan Balchoy

yvanbalchoy13@gmail.com

http://poete-action.ultim-blog.com

 

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