"ETRE LIBRE CE N'EST PAS CHOISIR A TOUT VENT, C'EST ETRE SOI-MEME" (LA LIBERTE DANS L'OEUVRE DE DOSTOÏEVSKI - 130)
L’ingénieur slavophile n’identifie-t-il pas Dieu à « la personnalité synthétique du peuple tout entier du début de son existence jusqu’à la fin » et ne semble-t-il pas refuser l’unicité de Dieu face à la multiplicité des peuples ?
La passion enflammée dont l’écrivain a doté l’ingénieur peut expliquer certaines de ses exagérations.
Stavroguine, son interlocuteur, le lui fait remarquer. Il lui reproche même d’avoir inconsciemment altéré son ancien enseignement en réduisant Dieu à un simple attribut du peuple.
Mais Chatov n’a cure de ces conseils de modération. Ainsi, sitôt après, avoir proclamé le peuple « Corps de Dieu », il s’efforce même de justifier historiquement sa théorie concernant le pluralisme des divinités et des peuples, tout en soulignant la primauté du Dieu « russe » qui fait de la grande nation slave le seul peuple « théophore ».
On aurait tort de prendre au pied de la lettre des idées émises dans un contexte si ouvertement passionnel, pour juger du populisme de Dostoïevski ; En effet, elles sont exprimées tout autrement dans des passages indiscutablement parallèles du « Journal d’un écrivain » offrant bien plus de garanties, puisque l’écrivain y parle en son nom. En voici un exemple parmi d’autres :
( à suivre)
Yvan Balchoy
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