"ETRE LIBRE CE N'EST PAS CHOISIR A TOUT VENT, C'EST ETRE SOI-MEME" (LA LIBERTE DANS L'OEUVRE DE DOSTOÏEVSKI) - 203
La Croix de Jésus est « l’argument éternel d’une force terrible (1) qui assure l’homme du salut en même temps que du pardon divin.
(1) « Carnets des Frères Karamazov », page 860
C’est surtout à partir de « Crime et châtiment » que la Croix occupe en son oeuvre une place importante. (2)
(2) Les « carnets de Crime et Châtiment » datent de la fin de l’année 1865. Dans « Les notes d’hiver sur des impressions d’été » l’écrivain utilise l’expression « aller à la croix, au bûcher » pour désigner le don total à autrui. (ed. Russe, page 343.
Il est probable cependant que c’est au bagne que Dostoïevski a compris le caractère rédempteur d’une croix acceptée et la transformation qu’elle opère dans le cœur de l’homme. Il aime faire allusion à la Passion et appelle plus d’une fois Jésus, le « Crucifié » (3)
(3) Cf. « Crime et châtiment », page 753, « Les Frères Karamazov », page 677 (Verbe crucifié) et 774 (Le crucifié qui aimait les hommes.)
Ici encore sa pensée dérive directement de son expérience personnelle plus vitale que rationnelle.
Au bagne, le romancier a découvert intuitivement que la vertu propre de la souffrance consentie aidait au renouvellement intérieur et constituait un moyen privilégié de se réintégrer dans la communion humaine ; il n’y a pas tellement vu une réparation proprement dite du mal commis ; en son cas d’ailleurs il y avait une telle disproportion entre la faute et la peine exemplaire, qu’il aurait pu difficilement les relier.
Dans le « Songe d’un homme ridicule », conscient du mal involontairement commis par lui, le personnage principal supplie les habitants de la crucifier pour les sauver.
Dans « Les Frères Karamazov », une dame voulant exprimer son désir d’aider les autres s’exclame : « Peut-être serais-je monter au Calvaire ? ».
Yvan Balchoy
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