"ETRE LIBRE CE N'EST PAS CHOISIR A TOUT VENT, C'EST ETRE SOI-MEME" (LA LIBERTE DANS L'OEUVRE DE DOSTOÏEVSKI) - 185
En Lui les richesses infinies de la nature divine se reflètent et vers Lui convergent les valeurs répandues dans le monde créé. (1)
(1) Cf. cette étude, page…
Dostoïevski a-t-il cherché à se représenter le visage humain du Christ ? (2) Il semble que le rayonnement spirituel si intense de l’Homme-Dieu lui ait suffi. Il ne nous décrit ni la naissance merveilleuse, ni les années obscures de Nazareth. Le seul Christ qu'il imagine parfois est celui de la vie publique. (3) ou bien encore l’éternel ressuscité.
(2) Dans ses souvenirs, Anna Gregorievna, seconde épouse de Dostoïevski, signale que le visage de Vladimir Soloviev, fort aimé par le romancier, lui rappelait la tête du Christ dans sa jeunesse peint par Annibal Carrache. Cf. F. Dostoïevski dans les souvenirs de ses contemporains (en russe)
(3) Cf. le commentaire de « La Légende du Grand Inquisiteur », en cette étude, page…
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S’il parle souvent de la Beauté et des perfections morales de l’Homme-Dieu, il n’éprouvait pas le besoin de le situer dans son milieu naturel, son époque ou son peuple. D’où ce caractère « transhistorique » de son Christ.
En relatant ses réactions personnelles devant certaines œuvres d’art représentant Jésus, en les critiquant surtout, Fédor Mikhaïlovitch nous précise cependant comment il imagine le Sauveur.
Ainsi en 1873, il exprime son désaccord avec un tableau du peintre Ghé, intitulé « La dernière Cène ».
-« Regardez ce tableau très attentivement. C’est une querelle habituelle entre des gens très ordinaires. Voici le Christ assis, mais est-ce le Christ ? C’est peut-être un jeune homme très bon et très attristé d’être en querelle avec Judas qui s’habille debout, pour s’en aller trahir, mais ce n’est pas le Christ que nous connaissons. Les disciples se précipitent vers le Maître pour le réconforter ; on se demande : comment est-ce possible ces 18 siècles de Christianisme ? Comment est-il possible que cette querelle ordinaire entre des gens si communs, comme ceux que Ghé a représentés en train de souper, il soit sorti quelque chose de si colossal ?
Rien ne s’explique ici, rien ne correspond à la vérité historique ; rien de vrai, tout est faux. De quelque point de vue que vous vouliez le juger, la scène n’a pu se passer ainsi : le tableau représenté est tout à fait sans mesure et sans proportion avec l’avenir. Titien au moins aurait attribué au Maître le visage qu'il lui a donné dans son célèbre tableau de Césarée. Alors tout devient compréhensible ; Dans le tableau de Ghé, de braves gens discutent tout simplement. » (4)
(4) « Journal d’un écrivain » éd. Russe, tome I, 1873, page 283.
Yvan Balchoy
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