LA LIBERTE DANS L'OEUVRE DE DOSTOÏEVSKI (13)
A l’ancienne peur révérencielle que lui suggérait le Dieu de sa jeunesse, succède confiance filiale et joyeuse envers le Père du ciel. L’amour actif est d’ailleurs le guide le plus actif et le plus efficace qui mène à la foi parfaite en balayant doutes et incertitudes. En retrouvant la ferveur de son enfance, l’écrivain se rallie de plus en plus ouvertement à l’Eglise et à son enseignement traditionnel. Certaines vérités plus ou moins estompées en son œuvre comme la foi en
« Sans instruction, le peuple russe croit au monothéisme que Dieu est « un » et qu’il n’y a pas d’autre Dieu que Lui. Et en même temps le moujik sait et croit avec bienveillance – tout moujik sait cela – que le Christ, son vrai Dieu, est né de Dieu le Père et a pris chair de la Vierge marie » (87)
Lorsque la mort viendra trouver l’écrivain en 1881, quelques mois à peine après l’apothéose que lui valut son discours pour l’inauguration du monument Pouchkine, il fera venir un prêtre, se confessera et recevra le corps du Christ. Puis, suivant une de ses vieilles habitudes, il demanda à sa femme d’ouvrir au hasard sa vieille bible du bagne pour y découvrir la volonté de Dieu. Ses yeux tombèrent sur le troisième chapitre de saint Matthieu, verset 14 : « Mais Jean s’y opposait en disant :"c’est moi qui ai besoin d’être baptisé et tu viens à moi."
Jésus lui répondit : "Laisse faire maintenant, car il est convenable que nous accomplissions toute justice. »
L’écrivain fit alors remarquer à sa femme : « Tu entends, laisse-faire maintenant, c’est à dire que je vais mourir. » Il appelle alors ses enfants et leur demande de lire la parabole de l’enfant prodigue. Ses dernières paroles, livrées par sa fille aimée, sont un grand cri de confiance en Dieu et en son Amour. (88)
Yvan Balchoy