MON EXODE DE 1940 RACONTE PAR MON GRAND PERE (22)

J’avais rencontré aussi le Ministre Matagne, avec qui j’ai toujours été fort bien et qui était fort aimable pour moi.. Il me fit l’effet d’être complètement désemparé. Le mercredi dix-neuf, je pense, j’étais à Poitiers avec Emile, son conducteur Gil. Et Henri Claeys (1), quand un avion ennemi vint survoler la place. Je ne bougeais pas, mais Emile, je me rappelle, me fit entrer dans l’hôtel, mais ce ne fut qu’une alerte, ce qui n’empêche que deux heures plus tard, alors que nous étions partis vers une heure, des avions italiens vinrent bombarder Poitiers, tout le quartier de la gare et y firent quelques deux cent morts.
En rentrant à Mignaloux, nous apprîmes que vers onze heures, des avions italiens étaient venus bombarder mais sans succès les dépôts de carburant de Mignaloux en tuant un civil. En nous demandant s’il ne nous faudrait pas aller plus loin, nous aurions voulu essayer de nous procurer un peu d’essence, et nous avions d’abord obtenu à la sous-préfecture un bon, mais qui, dès le lendemain, était périmé, l’autorité militaire ayant pris la décision de prendre la direction de la distribution du carburant, et le mercredi dix-neuf après de multiples démarches faites au nom du sénateur Maurice, j’étais parvenu à obtenir du commandant de la place un bon d’essence de soixante litres à prendre précisément à Mignaloux qui venait d’être bombardé à notre rentrée.
(à suivre)
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