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Publié par BALCHOY

-»Tout indiquait le préméditation et que Stavroguine avait conservé jusqu’à la dernière minute la pleine conscience de ses actes. » (1)

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(1)   Les démons, page 706

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C’est sur ce jugement sans appel, semble-t-il, que se terminent les démons.

Avec le citoyen d’Uri, (2) nous voici au fond de l’abîme ; nous franchissons les portes de l’enfer, royaume de Satan et séjour des damnés.

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(2) Lors d’un séjour en Suisse, le prince Nicolas Stavroguine s’était fait naturaliser citoyen du canton d’Uri, comme s’il voulait « officialiser » son état de déraciné du sol natal

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C) L’ENFER ET SATAN

 

Satan, le grand adversaire n’est pas dans l’œuvre de Dostoïevski l’équivalent dans le mal à ce qu’est l’Homme-Dieu dans le bien. Paraissant totalement dénué de personnalité, au sens positif de ce mot, il se situe aux antipodes mêmes de la personne du Christ. Il convient donc de le placer au plus bas degré de l’échelle des êtres, puisque c’est en lui que se réalise la dégradation ultime du créé. Quoi de plus anonyme et de plus impersonnel que ce « monsieur un tel » comme Yvan le définit. (3)

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(3)   Les frères Karamazov, page 664

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Il souffre mais ne vit pas vraiment. Lui-même se présente comme l’ »X » d’une équation inconnue, le sceptre de la vie qui a perdu la notion des choses et oublié jusqu’à son nom. (4)

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(4) Les frères Karamazov page 671

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Satan représente le degré suprême de l’aliénation destructrice du « moi ». Par son refus et sa révolte qui embrassent le totalité de l’être, personnel et impersonnel, il  devient étranger à tout ce qui existe y compris lui-même. En lui, il n’y a plus qu’indifférence, mêlée du désir haineux que tout disparaisse et fasse place au néant.

 

Il sait qu’il lui suffirait de renoncer à son existence éthérée, à son univers indéterminé, en se tournant vers le réalisme terrestre pour accéder au salut.

 

Seule l’intelligence subsiste intacte en lui, il est parfaitement conscient de l’origine de ses souffrances et en connaît théoriquement le remède. Ses propos laissent percer un esprit brillant « capable de croire et donc de comprendre. »

 

            -« Mon rêve, c’est de m’incarner, mais définitivement, dans quelque marchande obèse et de partager toutes ses croyances. Mon idéal, c’est d’aller à l’Eglise et d’y brûler un cierge de grand cœur, ma parole. Alors mes souffrances prendront fin. » (5)

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(5) Les frères Karamazov, page 667

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Mais sa lucidité intellectuelle lui en fin de compte un surcroît de tourments, car elle souligne les déficiences d’une volonté incapable de réaliser la moindre bonne action :

 

            -« Méphistophéles en apparaissant à Faust affirme qu’il veut le mal et ne fait que le bien. Libre à lui, mais moi, c’est le contraire. Je suis peut-être le seul être au monde qui aime la vérité et veuille sincèrement le bien. J’étais là quand le Verbe crucifié est monté au ciel emportant l’âme du bon larron ; j’ai entendu les exclamations joyeuses des chérubins, chantant Hosanna … Je le jure par ce qu’il y a de plus sacré ; j’aurais voulu me joindre aux chœurs et crier « Hosanna ». Les paroles allaient sortir de ma poitrine … Tu sais que je suis très impressionnable au point de vue esthétique, mais le bon sens, la plus malheureuse de mes facultés, m’a retenu dans de justes limites et j’ai laissé passer l’heure propice. » (6)

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(6) Les frères Karamazov, page 667

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