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Publié par BALCHOY

Décidément, aujourd’hui comme hier, l’Europe orientale jouait un rôle décisif dans la vie des femmes qui bouleversaient sa vie.

 

Après le diner, il refit pour la nième fois son numéro parisien et cette fois on décrocha :

 

            -« Allo, qui est à l’appareil ? »

La voie était nette et l’accent nettement de la capitale.

Pris au dépourvu, Ghislain décida d’emprunter pour cette fois l’identité de son chef d’agence bancaire de Namur.

 

            -« Je m’appelle Michel Siraut, pouvez-vous me passer le curé de votre paroisse, svp ? »

 

            -« Vous voulez dire, je suppose, le Très Révérend Archimandrite Nicéphore. Vous savez, c’est un homme très occupé. Il est pour le moment en prière et je ne puis le déranger que pour un motif grave. »

 

Ghislain comprit de suite que s’il voulait avoir une chance de contacter cet ecclésiastique, il devait jouer au plus fin. Il lui fallait inventer une histoire plausible susceptible de convaincre son interlocuteur.

 

            -« Voilà, monsieur, je reviens d’un voyage dans un pays de l’est et j’y ai rencontré un Pope qui m’a transmis un message strictement personnel pour votre supérieur. »

 

            -« Bon, je vais aller voir ce que je peux faire, pouvez-vous patienter quelques instants. »

 

Plusieurs minutes se passèrent et Ghislain commença à s’impatienter car un si longue conversation avec Paris pourrait paraître surprenant à sa Direction.

 

Enfin une voix onctueuse porteuse d’un fort accent slave prit le relai du secrétaire parisien.

 

            -« Bonjour, mon fils, on m’a dit que vous aviez des révélations importantes à me faire concernant notre Eglise au pays. Je vous écoute. »

 

            -« Pardonnez-moi, Père, si j’ai du inventer cette histoire de nouvelles à vous transmettre pour convaincre votre collègue, mais le motif pour lequel je vous appelle est vraiment grave. 

Je vis en Belgique et j’y ai connu une de vos compatriotes qui a disparu dans des circonstances troubles, il y a quelques semaines. Or, il y a quelques jours,  j’ai découvert fortuitement un message où elle me demandait de vous contacter si elle ne m’avait pas fait signe avant la fin du mois. Elle se sentait menacée de mort. »

 

Après un long silence, ponctué par la respiration un peu saccadée du vieillard, celui-ci avec hésitation comme s’il cherchait ses mots ou craignait de commettre un impair, reprit la parole :

 

            -«Pardonnez moi, mon fils, d’être prudent, mais nous avons des adversaires déterminés et je m’en voudrais de leur donner involontairement des renseignements qu’ils pourraient utiliser contre notre Eglise ou notre peuple.

Je connais la jeune fille dont vous me parlez ; en fait, je connaissais sa famille qui autrefois, au pays, a toujours œuvré pour la prospérité de la Sainte Eglise Orthodoxe, même lorsque les communistes ont voulu créer chez nous une société sans Dieu. Il y a une vingtaine d’années – j’étais curé de leur paroisse -  le père et la mère de Cholenka Ivanovna sont venus me trouver parce que leur fille, une très brillante universitaire avait disparu. Ce n’est qu’au bout de deux ans qu’une carte postale d’Antwerpen leur révéla que leur fille vivait en Occident. Elle ne comportait qu’un message tout simple du genre : tout va bien !

 

Il ya environ deux ans, une jeune femme est venue me trouver à notre Paroisse Parisienne. Quelle ne fut pas ma surprise quand elle me révéla qu’elle était Cholenka Ivanovna et me demanda de l’aide pour échapper à une mystérieuse organisation terroriste dont elle ne prétendit rien révéler. Nous l’avons cachée chez des amis sûrs pendant quelques mois, puis elle a repris sa liberté.

 

Il ya quinze jours, j’ai reçu un mot d’elle me demandant si j’apprenait d’une façon ou l’autre qu’elle était en danger, de m’intéresser à une communauté de style hippie, officiellement des pacifistes épris d’écologie et se réclamant de Tolstoï. Cette communauté se situe dans les bois sur les hauteurs de Villebon/s. Yvette.

Puisque vous confirmez par votre appel ses inquiétudes, je m’en vais envoyer quelqu’un enquêter discrètement là-bas. Pouvez-vous me laisser un numéro où je puisse vous joindre pour vous tenir au courant. »

 

Ghislain avait écouté avec émotion les propos de l’archimandrite qui levait enfin un voile, timide encore, sur le passé de son amie. Il remercia son interlocuteur, lui donna son numéro de téléphone au bureau et prit congé.

 

Déjà il était au centre de documentation de l’Institut pour consulter un annuaire de la région parisienne. Il trouva vite un plan pas trop ancien de Villebon et l’adresse de la communauté : La fleur de Lotus, située à proximité du lieu-dit, le Plateau sur les hauteurs de la commune.

 

Puis il s’en alla trouver son Patron pour lui demander un congé exceptionnel de trois jours pour raisons familiales, ce que monsieur Baetens lui accorda avec étonnement et une certaine réticence, car Ghislain avait à ce moment-là un travail très important et assez urgent à achever avant la fin du mois.

 


Yvan Balchoy

balchoyyvan13@hotmail.com

http://poete-action.ultim-blog.com

 

 

 

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