RAGE 11-01-25- (YVAN BALCHOY)
RAGE (YVAN BALCHOY)
Je les revois encore
sur l'étrange lucarne
qui chaque soir nous résume le monde
en quelques secondes.
Tout fiers dans leur uniforme neuf
avec l'arrogance qui revient de loin.
Sortis la veille de prison
les généraux de l'Ordre
dans la cathédrale bondée
se sont mis au premier rang
balayant de leur arrogance
les paroissiens ordinaires,
considérés hier encore
comme de la simple racaille.
Dans la cathédrale bondée
on ne voit qu'eux,
tant ils écrasent par leur regard
la foule des simples fidèles
petit peuple des pauvres gens
qui semble exilé en sa propre Eglise.
Face à eux
devant l'autel tout illuminé
l'Evèque tout doré
le visage rubicond
de celui qui mange chaque jour
À sa grande faim
semble ravi
de leur offrir le corps du Christ
comme si c'était eux
qui en s'affirmant catholiques pratiquants
faisaient honneur à l'Eglise.
Je me souviens :
les femmes de mai
pleurant leur mari
les enfants arrachés à leur familles,
les militants froidement assassinés
par quelque escadron de la mort,
sous les ordres secrets
de ces arrogants militaires,
graciés après une peine ridicule
au nom de la réconciliation nationale.
Aujourd'hui encore, en me rappelant
le visage revanchard
de ces charognes
à face d'homme,
j'ai envie de vomir
cette église
qui bénit d'une même main
les bourreaux et leurs victimes.
Aujourd'ui bien du temps a passé
les généraux criminels
coulent des jours heureux
devenus industriels ou gros fonctionnaires.
Leurs victimes continuent à pourrir
dans les cimetières
et leurs proches les pleurent
aujourd'hui comme hier.
Non à cette tiédeur calculatrice
qui veut ménager la chèvre et le chou
Non à ce compromis douteux
tout marqué de l'honteux
non à ce pardon
qui pour sauver le bourreau
fait taire la victime.
Si la vengeance
face à cette triste engeance
ne résout rien
le jour où ces foutres de généraux
à la conduite de salaud
reconnaîtront leur crime
et paieront leur décime
au profit de leurs victimes
ce jour-là le pardon peut-être viendra.
Quand redevenus de simples humains
ils auront ainsi rejoints de plein gré
la communion des saints
Jésus le premier
de tous les meurtris d'hier
victime de tous les assassins d'avant hier
leur tendra la main
pour leur partagera enfin
son Pain
En souvenir de l'héroïsme de Mgr Romero
Et de la lâcheté de l'opus dei et de tous ses inquisiteurs !
Yvan Balchoy
1994--24/8/95