10-01-25- DE BEJARD AU PLUS SUBLIME DES BEAUX ARTS (YVAN BALCHOY)
DE BEJARD AU PLUS SUBLIME DES BEAUX ARTS
Tant de lustres que je l'attendais
mon premier ballet de Béjard
à mes yeux un des sommets de l'art.
Pourtant je sais que jamais
je ne regretterai
tous les spectacles manqués
depuis le brio
du vibrant boléro
jusqu'à envoûtant
du sacre du printemps
car c'est avec vous
je vous l'avoue
que j'ai envie ce soir
de m'asseoir
pour enfin savoir
pourquoi la danse créée
par ce petit homme inspiré
enthousiasme le monde entier.
Cette fois le rideau s'ouvre
sur un parterre navrant
de linceuls blancs
qui tristement recouvrent
quelques dizaines de gisants
qui subitement les soulèvent
et avec grâce peu à peu se relèvent
Ils sont jeunes, ils sont beaux
et comme pour oublier leur tombeau
s'enlacent, s'embrassent,
se séparent, se délacent
comme pour exorciser
leur ancien état de trépassés.
Le voile blanc
hier encore désespérant
devient robe de mariée
à effeuiller
Si près de moi
si belle par surcroît
je n 'étais plus qu'émoi
quand ma main se posa tout émue
sur votre main nue.
et brusquement
au même moment
en écho du grand ballet
comme son merveilleux reflet
s'ajouta la danse de vos doigts
si caressants, si adroits
à s'enrouler autour des miens
comme les plus libres des liens
Je vibre encore de l'écriture
sur ma peau des délicieuses griffures
de vos ongles tranchants
me labourant comme un champ
à moissonner sur le champ
Déjà, tour à tour
nous nous faisions l'amour
tous deux électrisés
par paumes interposée.
Face à la danse
qui nous encouragea triomphale
jusque la fin de la séance
à cette fusion digitale
avant goût merveilleux
de celle qui brille en vos yeux
et à laquelle j'aspire :
me perdre en vous
pour le meilleur et pour le pire
et me retrouver tout neuf
comme sortant de l'uf.
Plus tard ,vous m'avez laissé atteindre
vos jambes de reine
protégées certes par ce pantalon
sans aucun doute trop long
.mais pas assez
pour m'empêcher d'approcher
et presque de toucher
à travers la souplesse du tissu
l'étroite commissure
la si douce fourrure
où votre féminité
toute frisottée et veloutée
généreuse m'a reçu.
Le spectacle enfin s'est terminé
comme il avait commencé
en rappelant le scandale de toute mort
plus scandaleuse encore
quand elle envoie au tombeau
tant de corps jeunes et beaux
à travers ces gestes merveilleux
qui assurent notre survie
en enrichissant nos vies.
Nous rentrâmes chez vous
en nous donnant mille bisous
Mieux que joyeux
j'étais simplement heureux
vous veniez d'écrire sans mots
de vos doigts
si adroits
de votre chair
tellement mystère
sur mon corps
en transport
un poème charnel
une sourate gestuelle
qui changeait en lumière
ce demain ravageur
qui jusque hier
me faisait peur
En votre salon, qui de nous deux
étreignit le premier l'autre avec fe
Peu importe, je découvris
tout ébloui
en ressentant votre corps en émoi
si fort tout contre moi
à quel point vous étiez femme
audacieusement, passionnément femme.
Je pouvais enfin respirer
et me délecter
de cette chevelure enchantée
que j'avais déjà chantée
Puis avec une simplicité
vous m'avez laissez caresser sans hâte
le doux moelleux
de vos deux grenades
qu'ensuite vous m'avez dévoilées
pour mon bonheur
dans leur splendeur.
me permettant de goûter
l'exquis de leurs perles vivantes
qui sous mes baisers
se dressaient conquérantes.
A genoux devant le soleil
de ces merveilles
je pus enfin embrasser en son centre
l'océan de votre ventre
et même enfouir soudain
mes doigts en votre mousse de satin
Vous me fîtes alors gentiment comprendre
votre désir d'attendre.
Et ainsi ma découverte de vos trésors
ce jour-là a atteint son port
Quelques larmes fleurirent alors
sur votre visage, gouttelettes d'or
où douleurs et joies
d'aujourd'hui ou d'autrefois
se mêlèrent un instant
à la magie de notre présent.
Mais reprenant l'initiative,
vos mains si actives
transmirent leur feu paradisiaque
merveilleux aphrodisiaques
qui réchauffant ma chair et mes os
firent éclater mon éros
dont elles éveillèrent le paroxysme
jusqu'au septième ciel de délices
Devant mon envie d'aller plus loin
pour forcer ce soir-là notre destin
je vis dans votre regard
si plein d'égard
l'ombre d'une hésitation
qui peu à peu se mua en tendre dénégation.
En prenant congé de vous
émerveillé au-delà de mes rêves les plus fous,
lourd pourtant était mon coeur
profonde ma peur
non certes d'avoir interrompu à votre demande
notre ballet de sarabande,
car ce que vous m'aviez offert
avec tant de savoir-faire
valait mille paradis,
sans contredit
mais de n'avoir pu mieux répondre
à ce que vous attendiez de notre rencontre.
Plus tard, je rentrai sans me hâter
comme si je voulais arrêter
en mon coeur " le merveilleux,
d'un soir miraculeux
en me demandant
le cur battant
quel serait après ce sommet
le demain désormais
de cette fabuleuse histoire
que j'espère prémonitoire
qui, témoin inspiré
d'un passé décalé
ressuscitait en un sens
mon adolescence
restée autrefois en souffrance.
Aujourd'hui, je le sais plus que jamais
tout est toujours désormais possible
et le plus grand de mes désirs
c'est de continuer à découvrir
ce rayon de soleil teinté de larmes
qui fait votre charme
Près de vous je me sens bien
attaché sans liens,
et j'aimerais, qu'étant ma dernière félicité
mon ultime fierté
vous deveniez mon premier amour
dont je me ferais le troubadour
pour toujours.