16-05-24- OMERTA MÉDIATIQUE SUR LE SORT DE JULIAN ASSANGE
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DERNIÈRE CHANCE•Mardi et mercredi, la justice britannique examine le dernier recours de Julian Assange pour éviter une extradition vers les États-Unis où il risque cent soixante-quinze ans de prison pour espionnage. « 20 Minutes » revient sur cette affaire qui remonte à 2010
L’origine de l’affaire
S’il a effectivement un passé de hacker, ce n’est pas cette activité qui a fait connaître Julian Assange et ce n’est pas non plus cela qui lui a attiré les foudres des États-Unis. C’est en sa qualité de fondateur de la plateforme WikiLeaks que l’Australien a été placé en haut de la liste noire de Washington.
En effet, en 2010, sont publiés sur WikiLeaks des centaines de milliers de documents confidentiels et non expurgés relatifs aux activités de l’armée américaine, notamment en Irak et en Afghanistan. Et particulièrement une vidéo qui a fait scandale, montrant un raid aérien sur Bagdad au cours duquel une vingtaine de civils, dont deux journalistes, ont été abattus. Aussitôt, les autorités américaines ont lancé une enquête pour espionnage avec la ferme intention de mettre la main sur Julian Assange, accusé d’avoir mis en danger des sources des services américains.
Espion ou lanceur d’alerte ?
Les informations diffusées sur WikiLeaks ont été largement reprises dans la presse mondiale, expurgées ou pas. Qu’importe, c’est Julian Assange que les Américains veulent.
Pourtant, si c’est bien sa plateforme qui a diffusé les documents, en aucun cas Assange n’est à l’origine de la fuite. C’est une analyste de l’armée américaine, Chelsea Manning, qui a livré les documents classifiés. Cette dernière a d’ailleurs été condamnée à trente-cinq ans de prison pour cela, une peine commuée en sept ans de prison par le président Obama, rappelle Reporter sans frontières.
Exil équatorien en Grande-Bretagne
En octobre 2010, Assange se voit refuser un permis de travail en Suède et part en Grande-Bretagne. Il s’y trouve encore lorsque les autorités suédoises lancent un mandat d’arrêt européen contre lui pour le viol de deux Suédoises. S’il assure être innocent, il se rend tout de même à la police britannique qui le place en résidence surveillée après neuf jours de prison.
Julian Assange craint dans la demande d’extradition de la Suède une manœuvre des États-Unis pour lui mettre la main dessus. En 2012, son recours contre l’extradition rejeté, l’Australien se réfugie à l’Ambassade d’Équateur à Londres qui lui offre l’asile. Il y restera sept ans, jusqu’à ce que le nouveau président équatorien le livre aux autorités britanniques, en 2019.
De recours en recours
Sorti de l’ambassade, Assange est condamné à cinquante semaines de prison pour avoir enfreint les règles de sa liberté surveillée en 2012. De manière concomitante, la justice suédoise relance l’enquête sur les accusations de viols avant de rapidement laisser tomber, faute de preuves. Sauf qu’entre-temps, Donald Trump est élu à la Maison-Blanche et les poursuites contre Julian Assange sont relancées. La justice américaine l’inculpe de 17 chefs d’accusation qui, au cumul, lui vaudraient 175 ans de prison. À cette inculpation, la justice américaine joint une nouvelle demande d’extradition.
Ses cinquante semaines de prison effectuées, Assange est maintenu en détention provisoire en Grande-Bretagne en raison de la procédure d’extradition en cours. La justice américaine est d’abord déboutée, en janvier 2021, en raison de l’état de santé du Julian Assange. Décision annulée en appel en décembre de la même année. L’extradition vers les États-Unis est finalement validée, en juin 2022, par la justice britannique. À l’issue de l’audience de ce mardi et mercredi, Julian Assange saura s’il peut intenter un ultime recours contre son extradition.