14-04-24- SONIA MABROUK : RECONQUERIR LE SACRE: UNE ENVIE NOBLE MAIS QUEL SACRE ?
Sonia Mabrouk est journaliste ou intervieweuse sur Europe 1 c'est à dire sur un média subventionné pour ne pas dire conditionné par un milliardaire qui se croit à tort une sorte de prophète grâce à son argent.
Madame Mabrouk est douée, sait poser les questions qui révèlent l'âme de la personne questionnée, elle sait aussi l'énerver pour des raisons que je ne trouve pas toujours très avouables car liées à une idéologie politique qui est peut-être sienne mais qui surtout lui verse son salaire.
Récemment, elle a interrogé Madame Sandrine Rousseau à propos de la Méga-bassine de Sainte- Soline; Heureusement que cette écologiste a aussi du répondant car Madame Mabrouk faisait tout son possible pour la déstabiliser, en la présentant abusivement comme une porteuse de violence, à partir, c'était évident, de présupposés idéologiques incompatibles, selon moi, avec un interview respectueux, même s'il est en droit d'être exigeant.
Comme je l'écoute assez souvent, je peux, me semble-t-il, imaginer un interview sur le même sujet avec le Ministre de l'intérieur et je crois que l'agressivité si évidente contre la députée écolo ferait place à une écoute polie, sinon respectueuse, au plus à quelques questions légèrement critiques mais sûrement pas à une volonté de désarçonner son vis à vis comme ce fut le cas avec la députée écolo qui, heureusement ne s'est pas laissé faire.
Dommage, Madame que selon la personne que vous avez en face de vous, le respect et l'agressivité ne soient pas toujours identiques.
Mais nous avons à parler du sacré et je me rappelle avec une certaine émotion un jour vous avoir entendu parler de l'Islam d'une façon qui m'a paru très personnelle.
C'était comme si une nouvelle Madame Mabrouk surgissait brusquement tellement au-dessus de ces mêlées politiques qu'on attend en haut lieu d'elle.
Voilà pourquoi, votre ouvrage qui traite du sacré, qui fait, à juste titre sans doute, l'objet d'une publicité appuyée sur Europe 1 a attiré mon attention .
Vous avez raison, Madame, de rappeler la perte du sens du sacré qui caractérise notre occident libéral-capitaliste et mercantile
Je ne sais si c'est sous l'influence, à mes yeux, quelque peu pernicieuse du mouvement qui se targue de "valeurs actuelles" qui malgré son nom, glorifient souvent un passé pas seulement spirituel mais économique et bourgeois peu sensibles au problèmes et drames des économiquement faibles d'hier et surtout d'aujourd'hui.
La Messe en latin, pourquoi pas, mais ce repas-sacrement essentiellement sacré de l'Eucharistie fut d'abord une vraie rencontre entre des amis et le sacré y a surgi de gestes très quotidiens et qui devenaient tels par la transcendance de la personnalité qui les accomplissait.
J'ai une grande sympathie pour les offices en Grégorien de mon enfance mais je crois que les eucharisties d'aujourd'hui qui miment davantage parfois ce que fut la dernière Cène sont aussi porteuses de sacré.
Je ne veux pas vous faire un faux procès, car je ne connais pas votre conception intime du sacré mais, une chose est claire, à mes yeux :il n'y a pas de sacré sans transcendance et j'ajouterais même religieuse au sens le plus large du terme.
Je ne suis pas d'accord avec vous quand vous semblez parler du sacré d'Auschwitz car ce qui s'est passé dans ce coin de Pologne est la pire profanation humaine qui fut.
Ne pas l'oublier est un devoir, sans doute sacré mais pour prendre un autre exemple, je suis heureux que dans mon pays on ait détruit et remplace par une nature plutôt joyeuse le lieu du meurtre de jeunes enfants.
Certains, peut-être pas vous, voudraient dans un monde, décidé par eux sans Dieu, recréer un sacré centré sur le culte du soldat inconnu ou d'une flamme vivace.
A mes yeux, c'est là de la civilité très respectable mais aucunement du sacré qui sans une certaine notion d'une transcendance divine n'est plus que de l'ersatz de sacré, un simili qui peut aider la vie humaine mais non la sauver comme l'ensemble des "FOIS" et non croyances religieuses dans l'histoire et la géographie l'ont voulu et très souvent réalisé.
Vous avez raison de relier le sacré au sacrifice. Dans la chrétienté où je suis né, les plus grands héros étaient les saints souvent martyrs dont il est évident que la valeur de leur exemple n'était pas mercantile ou financière. (Je pense au merveilleux Don Bosco que Jigé en personne m'a fait connaître)
Si j'écoute le média où vous travaillez et les matinales d'un jeune homme sympathique mais asservi à une entité dont les nouveaux héros sont trop souvent des financiers aisés et pire ces millionnaires et milliardaires qui sont devenus riches au détriment des plus pauvres sacrifiés à ce nouveau dieu sans sacré donc profane qu'on appelle le Marché qui conditionne nos sociétés si inégalitaires sans grand espoir.
J'espère, Madame Mabrouk qu'un jour vous nous préciserez ce qui est pour vous l’intime de ce sacré, aussi vieux, je crois que l'humanité dont demain comme hier et bien sûr aujourd’hui nous avons un besoin urgent et essentiel.
Yvan Balchoy