12-04-24- LAICITE, TOLERANCE ET RESPECT SONT-IL SYNONYMES OU PARFOIS ANTAGONISTES ?
Né dans une famille catholique, mes parents, mon père en particulier m'ont appris plus par leurs actes que par leurs mot le sens de la tolérance et du respect de l'autre termes tout à fait compatibles pour eux avec l'adhésion à la foi chrétienne et l'appartenance à un parti politique fier de se dire "SOCIAL CHRETIEN"
A ce sujet, je tiens à vous présenter trois approches des mots tolérance, respect et laïcité compris de façon très différentes parfois vous laissant au terme de cette lecture responsables de votre choix.
TOLÉRANCE ET LAÏCITÉ par Didier Guilliomet
M. Didier Guilliomet, professeur de philosophie en classes préparatoires au Lycée François 1er (Le Havre), nous propose ici le texte d’une conférence donnée lors de la journée d’études sur la religion à Rouen, le 6 février 2009, accompagnée d’une sélection de textes d’auteurs au programme : Paul Ricœur, John Locke et Spinoza.
Nous lui adressons pour ce texte nos plus vifs remerciements.
I. Un problème politique.
A. Constat
Un constat pour commencer : les religions peuvent faire peser des menaces très concrètes sur la paix civile, l’autorité de l’État, l’égalité de tous ainsi que sur les libertés et elles posent dès lors un vrai problème que la politique doit prendre en compte.
Si nous désirons avoir une description à charge de tout ce que le christianisme a pu inspirer comme actions violentes, obscurantistes et liberticides, la lecture du Traité sur la tolérance de Voltaire est édifiante. On a vu avec Nicolle Samadi également que lorsque l’Islamisme – forme intégriste de l’Islam qui s’inspire notamment des écrits de Sayeb Qotb [1] - impose dans certains pays des dogmes obligatoires, des attitudes conformes à des normes parfois assez délirantes et une morale sexiste et violente, les libertés et l’égalité sont évidemment malmenées. Il est clair qu’un film comme Kadosh d’Amos Gitaï montre que les formes intégristes du judaïsme n’ont rien à envier aux autres formes d’extrémisme religieux.
Le plus souvent, c’est la difficile coexistence des religions qui pose, de la façon la plus insistante, problème au politique. Henri Péna-Ruiz, qui a beaucoup travaillé sur la question de la laïcité, met parfois symboliquement en parallèle deux évènements séparés par quelques siècles, qui se sont déroulés en des endroits éloignés de la planète, ayant une signification évidemment différente mais qui ont fait, en très peu de temps, autant de morts, à savoir trois mille victimes. Il s’agit de la Saint Barthélemy à Paris en 1572 et les attentats du 11 septembre 2001 à New York qu’il semble difficile de ne pas évoquer avec un sujet comme le nôtre. Ces deux événements montrent que les violences produites par l’intolérance religieuse traversent les époques et les cultures. Et nous pourrions ajouter à cela toute une liste d’exactions et d’horreurs commises au nom de la religion.
B. Ecueils à éviter
Ce que nous venons de dire devrait suffire pour nous guérir de l’illusion selon laquelle la religion présenterait essentiellement l’avantage d’être un cadre structurant et constituerait ainsi principalement un facteur de sociabilité dont le politique serait mal avisé de faire l’économie. Il est vrai que, face à l’inquiétant phénomène sectaire que nous a bien présenté Eric Douchin dans son intervention d’hier, les religions peuvent sembler débonnaires et bien inoffensives. Cependant, il n’est pas souhaitable de réserver aux sectes le triste privilège de pouvoir troubler l’ordre public et nuire aux libertés. Les renseignements généraux qui suivent de très près certaines manifestations religieuses ne s’y trompent pas. Il serait, d’une façon générale, bien imprudent de nier la dangerosité potentielle des religions et d’en rester - à la manière d’un Démophèle [2] contemporain - à un éloge sans nuances de leurs bienfaits. J’ai l’impression que, se faisant, on prendrait pour règle générale et critère d’évaluation, un état actuel des religions dans nos sociétés européennes. Or cet état est, de fait, le résultat peut-être plus fragile qu’on ne le croit d’un long et difficile combat pour l’application des règles de tolérance et du dispositif de la laïcité. Là où nous sommes en droit de voir les fruits d’un progrès politique énorme – qui n’est pas, d’ailleurs, du tout une évidence pour l’ensemble de nos contemporains, ni peut-être une réalité si monolithique au sein de nos sociétés pacifiées – d’autres verront une sorte d’invariant permettant de penser les religions comme d’inoffensives et précieuses productrices de lien social. Une observation un peu plus attentive des réalités nous fait percevoir que ce qui constitue malheureusement l’ordinaire des rapports entre les religions et les libertés est plutôt le sang et les larmes.
Un bref rappel historique permet de s’en convaincre tout à fait. La tolérance a été d’abord une politique menée par certains pouvoirs au cours de l’histoire parce que la paix civile était menacée. L’édit de Nantes, signé par Henri IV en 1598, vise à pacifier les relations extrêmement conflictuelles entre catholiques et protestants. Avec l’édit de Versailles de 1787, souvent appelé d’ailleurs « édit de tolérance », Louis XVI redonne aux Huguenots quelques droits et vise à désamorcer les protestations en satisfaisant les légitimes revendications de certains de ces citoyens. Enfin, force est de constater que la tolérance est devenue une préoccupation importante chez quelques penseurs comme Locke, Spinoza ou Pierre Bayle, parce que les persécutions au nom d’une religion officielle constituaient très concrètement des menaces pour la protection des libertés individuelles et de la paix civile.
Si la laïcité a fini par s’imposer, en France à la fin du dix-neuvième siècle et au début du vingtième siècle, c’est également parce que les religions et, notamment le catholicisme, continuaient à peser sur la donne politique d’une façon conflictuelle, parfois violente, en tout cas, hostile à une perspective d’émancipation dont les républicains faisaient la promotion. Tolérance et laïcité constituent à cet égard des réponses - politiques, juridiques et éthiques – au fait que les religions sont potentiellement nuisibles à la liberté, à l’égalité et à la fraternité.
L’autre opinion qui risque d’occulter les véritables enjeux politiques liés aux religions est celle qui consiste à croire- en prenant le contre-pied de la position trop optimiste que nous avons d’abord formulée - que les religions seraient intrinsèquement nocives et que le mieux serait de les éradiquer complètement. Ce point de vue d’un Philalèthe [3] intransigeant et contemporain est aussi excessif que celui du Démophèle qui peut lui faire face. Qu’il n’y ait pas de méprise : il ne s’agit évidemment pas de critiquer l’athéisme en tant que tel qui est une opinion tout à fait respectable, très souvent courageuse et, qui constitue, pour le moins, une manifestation de la liberté de pensée. Ce que nous dénonçons, c’est le militantisme des États qui cherche à imposer l’athéisme comme unique opinion à adopter face à la religion. Une telle posture étatique n’est, d’ailleurs, intégrée ni dans le dispositif de la tolérance - elle est jugée intolérante - ni dans la philosophie de la laïcité qui la refuse au nom de la liberté de conscience qui donne tout loisir de croire ou de ne pas croire. Lors de la discussion à l’Assemblée Nationale en France au sujet de la loi de 1905, une telle position, extrêmement hostile aux religions, était celle des anticléricaux, au premier rang desquels nous trouvions Maurice Allard, député d’extrême gauche du Var qui jugeait Aristide Briand, le rapporteur du projet de loi de séparation des Églises et de l’État, bien trop concessif à l’égard de Église catholique et des religions en général. Maurice Allard a même déposé un amendement qui n’a obtenu qu’une voix – la sienne - pour interdire le port de la soutane au prêtre qu’il jugeait trop ostentatoire !
Certains pour désigner cet athéisme d’État parlent, de manière polémique et avec beaucoup de mauvaise foi, d’intégrisme laïque. Catherine Kintzler [4] met bien les choses au point : « L’expression « intégrisme laïque » n’a pas de sens conceptuel ; elle ne peut désigner qu’une position sectaire qui prétendrait étendre le principe de réserve valide dans la sphère publique à l’ensemble de la société civile – ce qui reviendrait à interdire toute manifestation religieuse et toute liberté d’opinion affichée. Position qui ruine la laïcité dont l‘objet est de rendre possible a priori ces différentes libertés et qui la contredit puisqu’elle érige en opinion officielle un contenu doctrinal ouvertement antireligieux. » [5]
Au fond, deux écueils sont à éviter : minimiser la question politique posée par l’existence des religions ou, à l’inverse, croire avoir trouvé la solution en proposant d’éliminer les religions censées finalement être le problème lui-même. Après tout, comme le rappelle Régis Debray [6] , les religions ont un héritage fait d’ombre et de lumière, d’horreurs inqualifiables et de trésors inestimables pour l’humanité. Ce qu’il faut, à vrai dire, interroger ce sont les conditions dans lesquelles les religions deviennent des menaces effectives à l’ordre public, à l’égalité et aux libertés. Cela permettra de réfléchir, en un second temps, aux conditions politiques de neutralisation de leur dangerosité. Dans cette intervention, j’aimerais, au fond, me consacrer à deux choses : faire tout d’abord un « diagnostic » en tâchant de répondre à la question suivante : « qu’est-ce qui rend les religions nuisibles pour la société des hommes ? » Puis, dans un deuxième temps, réfléchir aux remèdes possibles. L’interrogation qui nous retiendra alors se formule ainsi : « quel dispositif politique permet de neutraliser les problèmes divers posés par les religions ? »
Ne serait-ce pas, finalement, parce que la religion veut faire de la politique et que la politique se pique d’intervenir dans le domaine religieux, que le problème se pose de manière aiguë ?
https://philosophie.discip.ac-caen.fr/spip.php?article160
LAÏCITÉ, OUVERTURE ET TOLÉRANCE (AXEL KHAN)
La succession des attentats commis par des terroristes qui se réclament d’un islamisme radical et la compétition politique ont ramené le principe de laïcité au centre du débat public qu’il n’a en fait jamais complètement quitté depuis plus d’un siècle en France. Il faut reconnaitre que c’est là une spécificité de la République Française. Certes, le concept de sécularisation du domaine public et sa séparation de celui des religions a été discuté depuis l’Antiquité gréco-latine et se trouve au centre de la pensée de John Locke, l’un des pères fondateur du libéralisme politique au XVIIème siècle. Cependant, l’importance de la question religieuse durant la Révolution française et les luttes continuelles entre la droite cléricale et la gauche républicaine qui ont marqué l’histoire nationale depuis ont laissé en France une trace spécifique dont témoigne la loi de 1905 sur la séparation entre l’Église et l’État. L’étymologie du mot laïcité renvoie en fait au langage des églises qui différenciaient les clercs, les croyants instruits en théologie et les laïcs, c’est-à-dire les profanes dont la pensée « commune » ne fait pas référence au fait religieux. À noter que dans cette acception remontant au moins au XIIIème siècle, les laïcs ne sont nullement incroyants, cela serait à l’époque peu concevable.
Le programme du Conseil national de la Résistance et la quatrième République qu’il inspire sont biens sûrs laïcs dans le strict respect de la loi de 2005. L’article premier de la constitution de 1946 stipule que « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale ». Cet article sera repris dans la constitution de 1958 établissant la cinquième République. C’est au nom de ces principes que seront menés depuis son avènement les grands combats pour le respect de la laïcité dans le domaine scolaire. Plus près de nous, deux tendances contraires, la seconde en partie en réaction à la première, remettent en cause la notion même de laïcité à la Française : une offensive religieuse et une réaction intolérante.
La religion musulmane n’établit pas de différence affirmée entre les autorités séculières et religieuses, la religion musulmane est presque partout désignée comme celle de l’État et la seule tentative de créer une république laïque en pays d’islam, en Turquie, est aujourd’hui remise en cause de façon de plus en plus marquée par le « nouveau sultan » du pays, Recep Tayyip Erdogan, très proche des frères musulmans. À dire vrai, on rencontre peu dans le monde de système aussi attaché à la laïcité que le nôtre. Israël est un État juif, la reine de Grande-Bretagne est la plus haute autorité religieuse de son pays et le président des États-Unis d’Amérique prête serment sur la bible. Pourtant, la vigueur du courant musulman salafiste qui revendique la soumission des lois civiles à la charia en fait un élément spécifique dont la manifestation partout dans le monde est en contradiction violente avec les valeurs de la République indivisible, laïque, démocratique et sociale. À un niveau moindre mais encore significatif, le vif débat de 2012 et 2013 qui a opposé en France les partisans et les adversaires de la loi sur le mariage entre personnes de même sexe a donné le spectacle d’une évidente violation des règles de la laïcité par les églises, et surtout par l’église catholique. Celle-ci était dans son droit en donnant son avis sur un projet de loi concernant un contrat civil, au même titre que tout groupe de citoyens. En revanche, la mobilisation en masse des fidèles à partir des lieux de culte eux-mêmes, l’affrètement d’autocars pour transporter à Paris des centaines de milliers de manifestants dispensés pour l’occasion de messe du dimanche, était bien singulière alors que la loi contestée ne concernait en rien la liberté de pratique religieuse.
En sens opposé, l’assimilation de la laïcité à la promotion de l’athéisme est un évident contresens puisqu’elle a à l’inverse la signification d’une complète neutralité de l’État en matière de croyance ou d’incroyance. Si l’on entend par « anticléricalisme » l’opposition au pouvoir séculier des clercs, la laïcité l’implique certainement. En revanche elle ne manifeste aucune hostilité de principe envers les officiants et croyants divers qui exercent leurs cultes dans la sphère privée et s’interdisent tout prosélytisme qui contredirait l’impartialité de l’État. À fortiori, certaines attitudes qui font aujourd’hui polémique sont à assimiler à une simple hostilité envers les fidèles de la religion musulmane et tournent en réalité le dos aux valeurs que recouvre la laïcité, celles de l’ouverture et de la tolérance, en d’autres termes de la liberté, de l’égalité et de la fraternité. Par exemple, l’interdiction du voile à l’école ou dans l’exercice d’une fonction publique se justifie au nom de la neutralité et de la préservation des enfants de tout prosélytisme agressif. La contradiction entre l’égalité des citoyens et l’obligation faite par certains aux femmes de sortir couvertes d’un linceul a abouti aux dispositions sur le port de la burqa ou autre forme de voile intégral imposé jusqu’à la pratique de la baignade (burkini). En revanche, contrevenir au principe qui permet à des adultes de suspendre librement à leur cou, notamment à l’université, une chaine soutenant une médaille religieuse, une croix, une étoile de David, un croissant ; de porter un foulard ou une kippa sur la tête, n’est en rien une exigence de la laïcité. De même, décider brusquement que l’on supprimerait la possibilité de tout temps laissé aux enfants d’un certain choix dans leur alimentation pour imposer à tous de manger du porc – ce que certains ne feront jamais – s’apparente à une vexation anti-musulmane (et anti-juive par ricochet) et certes pas à l’application des principes de la laïcité.
Selon la laïcité dont l’article premier de notre constitution fait un pilier essentiel de la République, les différents courants de pensée et les religions constituent des espaces où se déploie, dans le respect des autres, la liberté individuelle. Chacun de ces courants d’opinion, chacun de ces cultes, peut être dépositaire d’une sagesse et d’une richesse singulières dont la connaissance est susceptible d’enrichir tous les membres de la société. Pour autant, l’espace public, en tant qu’il procède de cette diversité d’opinion, ne reconnaît aucune supériorité à l’une ou l’autre de ces analyses. En particulier, aucune religion ni aucun des courants de la libre pensée n’est légitime à revendiquer une supériorité morale sur les autres, elles contribuent seulement dans leur diversité à un débat public et démocratique d’où doit émerger ce que sont les règles de la République.
Selon cette vision, la différence des points de vue et des propositions est source plurielle d’enrichissement individuel et collectif ; elle contribue par conséquent au débat d’où émergent les normes que se fixe un État laïc. Les apports des différents courants de pensée et de leurs tenants sont accueillis avec une curiosité attentive. Ce sont des pièces significatives de l’édification du corpus des valeurs de la République laïque. Toute stigmatisation, dénonciation, rejet, d’une source particulière de sagesse et de traditions sont ainsi exclus comme l’est la haine à l’encontre des fidèles de ces religions et disciples de ces écoles intellectuelles.
Une pareille ouverture n’est point laxisme, elle ne peut tolérer l’irruption dans l’espace public d’une idéologie d’exclusion des autres ou d’un autre. Combattre un tel danger qui menace la République laïque est légitime et doit recourir à l’ensemble des moyens de l’État à partir du moment où ils demeurent fondés sur les valeurs que je viens d’énumérer. A ces conditions, et à ces conditions seulement, la laïcité est en effet synonyme de paix, elle implique l’ouverture aux autres et la tolérance de leurs opinions et pratiques. Elle constitue, si son esprit et ses formes sont respectées, le cadre optimal d’un vivre ensemble de personnes qui croient au ciel, obéissent à des rites religieux, et d’autres qui n’y croient pas, c’est à dire le cadre privilégié d’exercice de sa liberté de conscience et de pratique, qu’elles soient mues par la foi où relèvent du plus radical des scepticismes.
Axel Kahn, le vingt mars 2015
Très bon article dans Le Monde du 24 mars 2015: » Laïcité à l’école. Du vivre ensemble à l’exclusion ».
Quelques extraits:
« Mais de quelle laïcité parle-t-on ? « Manifestement, il ne s’agit plus de celle qui garantit la liberté de conscience et de pratiquer sa religion. C’est au contraire celle qui dit : “En France, on mange du porc !” », observe, effaré, le sociologue François Dubet. Pour lui, la suppression des menus de substitution dans les cantines scolaires est révélatrice d’un « glissement du thème laïc au thème national ». « Parler de laïcité devient une façon de revendiquer une France blanche et chrétienne, où tout le monde partage la même culture et les mêmes mœurs. Une façon de dire qu’on ne veut pas des musulmans. »
» Le maire de Chalon-sur-Saône n’est pas le premier édile à vouloir faire des cantines des « espaces de neutralité », au prétexte d’être en accord avec les principes de l’école laïque. C’est méconnaître que le père fondateur de cette école était, contre des laïcs intransigeants, un fervent défenseur de la liberté de conscience, incluant la liberté religieuse. « Pour Jules Ferry, la République n’était pas dans l’assiette !, ironise l’historien de l’éducation Claude Lelièvre. Il était anticlérical, au sens où il se méfiait du rôle politique de l’Eglise, mais pas anti-religieux. Pour lui, il n’était pas question de heurter les sentiments religieux. » D’où la « vacance » du jeudi pour permettre la tenue du catéchisme ou la présence des aumôniers dans les lycées. »
« « Ce qui me frappe dans le débat public, c’est une définition implicite de la laïcité qui ne correspond en rien à celle de notre Constitution, du droit européen et international, observe le sociologue Pierre Merle. Une laïcité qui interdit les manifestations religieuses plutôt que de les respecter, qui conduit à des logiques d’exclusion au lieu de favoriser le vivre-ensemble. » »
Article de Aurélie Colas.
On occulte complètement le Bien Vivre ensemble.
https://axelkahn.fr/laicite-ouverture-et-tolerance/
…Car vous commencerez par le respect. (Maurice BELLET)
(Article publié dans la revue Christus n° 84 - octobre 1974)
Car vous commencerez par le respect. Vous ne direz point : la vieille qui brûle un cierge et mar?monne est une superstitieuse. Ou : cet homme amoureux d’un enfant est un pédéraste. Ou : ce révolution?naire aigri est un aigri. Où : ce prêtre qui couche avec une femme est un mauvais prêtre. Ou : cette femme
acariâtre et dévoreuse de ses enfants est une malade. Vous ne direz rien de tel. Vous ne mettrez point
votre frère et semblable dans une prison. Tu ne tueras pas.
Vous commencerez par le respect. Vous ne direz pas : Dieu est ceci et cela, il existe ou il n’existe
pas (c’est-à-dire : il est comme je l’imagine, ou : comme je l’imagine, il n’est pas). Vous ne me ferez pas
dire ce qui vous convient. Vous ne tirerez pas à vous ce qui, de moi, parvient très lointainement à vos
oreilles, pour en faire la justification de vos crimes. Tu ne feras pas d’image de moi.
Vous ne vous jetterez pas de-ci de-là, selon l’humeur, le pouvoir qui vous y pousse, la mode, les
convenances, la commodité. Vous resterez bâtis sur le roc, intraitables quant à la vérité et la justice. Mais
vous saurez que vérité comme justice ne sont pas vôtres et que rien ne me fait tant horreur que le fana?tisme, l’odieuse confiscation des biens sans prix. Vous n’aurez en vénération ni l’argent, ni la violence, ni
les pouvoirs, ni vos plaisirs, ni quelque seigneur ou maître ou père, ni vous-mêmes. Vous serez libres. Tu
n’auras d’autre Dieu que moi seul.
Vous commencerez par le respect. Vous quitterez père et mère, afin de mener votre propre vie,
sous mon soleil. Vous ne remplacerez pas votre père ou votre mère par quelqu’un d’autre, pas même et
surtout pas sous prétexte de mieux me servir. Vous les quitterez, vous irez assez loin pour les reconnaître
tels qu’ils sont, pour les connaître, homme et femme, bien semblables à ce que vous êtes, et pour leur
donner gratitude de vous avoir donné la vie. Car même s’ils ne vous ont rien donné de plus, et même s’ils
ne vous ont pas voulu et désiré – ou s’ils vous ont transmis leur mal et leur misère –, ils vous ont donné la
vie, quelque chose de ce qui les dépasse et vient de moi est passé en eux, et vous êtes nés, vous qui sans
eux, ne seriez pas. Ainsi vous serez (peut-être à grand prix) réconciliés avec eux. Tu honoreras ton père
et ta mère.
Vous commencerez par le respect. Vous ne prendrez pas à l’autre ce qui est son bien, ce qui fait
partie de sa propre vie, ce qui le fait vivre, ce qui le soutient dans son existence. Vous ne lui prendrez pas
sa nourriture, vous ne lui prendrez pas son travail, vous ne lui prendrez pas sa maison, vous ne lui pren?drez pas ceux qu’il aime : sa femme, ses enfants, ses frères, ses amis. Vous ne lui prendrez pas ses certi?tudes, son espoir, son désir, l’œuvre où il met son esprit, son cœur et ses mains. Vous ne lui prendrez pas
sa vie. Vous ne lui prendrez pas sa mort. Vous ne lui arracherez pas de force rien de ce qui le tient en vie.
Tu ne prendras pas le bien d’autrui. Tu ne prendras pas la femme d’autrui.
Vous commencerez par le respect. Vous ne traiterez personne de lâche, vaurien, vous ne traiterez
personne de bourgeois, de nègre, de raton, de moricaud, de flic, de bolchevik – sachant d’ailleurs que ce
qui dans votre bouche est injure peut être pour lui dignité. De qui que ce soit, vous ne ferez le simple objet
de votre plaisir. Vous ne souillerez pas la parole humaine, où je suis, vous ne souillerez pas votre parole
par le déni de justice, l’invitation trompeuse, le mépris insultant, l’entortillement de la vérité, le chantage
ou quoi que ce soit qui induise autrui à l’erreur et au malheur. Si vous parlez mal de moi, je ne vous en
tiendrai pas rigueur, car vous ne sauriez, de moi, parler bien ; je saurai entendre vos cris, vos impréca?tions, vos murmures, et même je saurai comprendre que, ne me connaissant pas, ou conduits malheureu?sement à me voir tout autre que je ne suis, vous veniez jusqu’à me maudire, ou à vous désintéresser de
moi. Mais je ne vous pardonnerai pas si vous vous y obstinez, d’écraser ce qui témoigne de moi là où
vous êtes, le respect de la vérité, le respect de la vie, et, signe entre les signes, le respect de celui qui vous
est semblable et face à face, l’autre homme. Tu ne blasphémeras pas. Tu ne feras pas de faux serment.
Vous ne vivrez pas seulement pour le travail, ou pour l’argent, ou pour vos jeux, ou pour accroître
votre pouvoir, ou pour assurer l’établissement et le profit des vôtres. Vous commencerez par réserver dans
vos vies la place du grand repos, du grand loisir, où vous serez disponibles à ce qui vient, attentifs à ce qui
est sans prix. Vous réserverez soigneusement la place où je suis. Ainsi devras-tu respecter mon Jour.
Vous commencerez par le respect. Alors vous sera donné d’entrer dans ce chemin de l’impossible,
où vous souffrirez extrêmement et où nul ne vous ravira votre joie. Telle est la porte de mon bonheur.
https://www.saintlucengarrigues.catholique.fr/images/pmcslg/prier/BELLET_Maurice_respect.pdf
NOTE D'YVAN BALCHOY
Je ne discuterai pas avec vous de vos préférences ou non de chacun de ces trois textes. Je voudrais seulement m'élever ici sur une déformation ethymologique du mot "BLASPHEME" par non pas des laïques selon moi mais des laïcards intégrises qui réclament le droit au BLASPHEME terme d'appartenance religieuse, hors de leur sphère donc, qui leur permet à tort d'injurier, de caricaturer de façon obscène parfois la croyance ou foi de leurs contemporains au nom d'un droit respectable et à respecter celui de critiquer une idéologie, religion ou un athéisme ou même la loi d'un pays au nom de la liberté de conscience certes mais sans jamais tomber dans l'injure ce qui me semble le cas de certaines caricatures.
Ceux qui ont en tiré pour consequence le droit de tuer des dessinateurs sont de grands criminels au nom d'idéologues abusant du terme religieux à proscrire, ceux qui pensent, même au nom de l'humour, que ce n'est pas offenser des croyants musulmans de chair et d'os que dessiner comme un droit de sodomiser Mahomet, que est une personne historique ou Allah dont l'adhésion d'une personne humaine à l'existence devrait être une option respectable respectée même pour un athée, ceux-là ne sont pas des hommes tolérants ne ne peuvent pas je pense se dire d'authentiques laïques. (YVAN BALCHOY)