24-03-24- BLESSES DE SAINTE SOLINE : LES ENQUÊTES S'ETERNISENT
JUSTICE
Blessés de Sainte-Soline : les enquêtes s’éternisent
Un an après la manifestation de Sainte-Soline, les organisateurs de la mobilisation ont été condamnés. Mais les enquêtes qui concernent les blessés les plus graves, victimes de l’opération de gendarmerie, sont toujours aux mains du parquet de Rennes.
Camille Polloni
24 mars 2024 à 11h28
QuelquesQuelques jours après la manifestation de Sainte-Soline, qui a fait des dizaines de blessé·es le 25 mars 2023, quatre enquêtes préliminaires ouvertes à Niort ont été transférées au parquet de Rennes, compétent en matière militaire, et confiées à l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN).
Toujours en cours un an après, elles visent des « violences par personne dépositaire de l’autorité publique », ayant entraîné une interruption totale de travail supérieure à huit jours, ainsi que des faits de « non-assistance à personne en danger ».
Ces enquêtes concernent quatre des blessés les plus graves lors de cette manifestation : Serge, Alix*, Mickaël et Olivier. Tous ont été auditionnés par les enquêteurs. « Au-delà de l’identité du tireur qui les a blessés, mes clients veulent savoir ce qui s’est passé », précise leur avocate, Chloé Chalot.
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Les manifestants antibassines face aux gendarmes à Sainte-Soline, le 25 mars 2023. © Photo Jérôme Gilles / NurPhoto via AFP
Le manifestant prénommé Serge, 33 ans, touché à la tête par une grenade, a passé plusieurs semaines dans le coma, avec son pronostic vital engagé. Dans une déclaration rendue publique le 17 juin 2023, alors qu’il venait d’intégrer un centre de rééducation et se réjouissait « d’énormes progrès », il se disait « déterminé à tout donner », refusant « d’être écrasé par la machine répressive ».
Alix, une étudiante de 20 ans, a été touchée à la mâchoire et souffre de paralysie faciale. Dans un entretien à Mediapart, en mai 2023, elle s’estimait « très chanceuse » de n’avoir pas perdu « [son] œil, [ses] capacités cérébrales, [ses] dents ». « Ils ont détruit mon sourire mais ça ne m’empêchera pas de parler. […] Ce n’est pas normal ce qui s’est passé. En France, on peut être une gamine et se faire exploser le visage par des personnes censées protéger le peuple, juste pour avoir été là. » Après sa blessure, elle a attendu son évacuation pendant plus de cinq heures.
« J’attends la vérité sur ce qui s’est passé », rappelait en septembre Mickaël, 35 ans, atteint par un projectile à la gorge et victime d’une hémorragie cérébrale. Resté plus de deux semaines dans le coma, il résume ainsi ce qui lui est arrivé : « J’avais rien fait et j’ai failli mourir. »
https://www.mediapart.fr/journal/france/240324/blesses-de-sainte-soline-les-enquetes-s-eternisent
Olivier, le dernier de ces blessés graves, un informaticien âgé de 28 ans au moment des faits, pense avoir été touché au pied gauche par une grenade de désencerclement. Il souffre d’un « traumatisme avec fracas osseux » qui lui vaut au minimum 60 jours d’interruption totale de travail.
Pour la première fois, ces quatre blessés témoignent ensemble dans le documentaire Sainte-Soline, autopsie d’un carnage, coproduit par Off Investigation et Reporterre et diffusé à partir du vendredi 22 mars.
NOTE D'YVAN BALCHOY
Qui s'étonne avec une juridiction qui est juge et partie, cul et chemise avec les forces de l'Ordre qu'en cas de bavure il soit extrêmement difficile d'obtenir un jugement défavorable à la gendarmerie ou à la police.