17-02-24- APPEL DE MAURICE THOREZ AUX TRAVAILLEURS CATHOLIQUES DE FRANCE : LA « MAIN TENDUE » DES MARXISTES AUX TRAVAILLEURS CATHOLIQUES EST PLUS QUE JAMAIS D’ACTUALITE ! (INITIATIVE COMMUNISTE)
par Fadi Kassem, secrétaire de la Commission des relations politiques du Pôle de Renaissance Communiste en France, Georges Gastaud, responsable du Secteur Etudes et Prospective du PRCF, Gilliatt de Staërck, secrétaire des Jeunes pour la Renaissance Communiste en France – 13 février 2024
C’est en 1936 qu’en plein accord avec l’Internationale communiste et sa ligne générale de Front antifasciste, patriotique et populaire, le PCF-SFIC conduit par Maurice Thorez eut l’intelligence et le courage politiques de « tendre la main » aux travailleurs catholiques de France. Le but poursuivi par Thorez était de soustraire les ouvriers catholiques à l’influence délétère des fascistes « français » et de les appeler à faire front, aux côtés de leurs frères de classe communistes et socialistes, au nazi-fascisme qui menaçait alors durement la paix, les libertés et l’indépendance française. Thorez, qui n’était pas personnellement croyant et qui, avec le jeune philosophe marxiste Georges Politzer (futur martyr de la lutte antifasciste), encourageait ardemment l’étude du matérialisme dialectique en France, ne cessa pour autant jamais de défendre la loi laïque de 1905 séparant la République de tous les cultes établis. Une loi qui jetait les bases institutionnelles d’une véritable liberté de conscience et d’une cohabitation pacifiée pour tous les Français, y compris pour les croyants de toutes confessions: car le but de cette loi émancipatrice portée par Jean Jaurès était à la fois de dé-cléricaliser l’Etat et de désétatiser la foi religieuse conformément au mot de Victor Hugo « l’Etat chez lui, l’Eglise chez elle ». L’un des fruits précieux de ce dialogue proposé aux chrétiens, et spécialement aux catholiques, par les communistes français, fut la participation côte à côte dans la Résistance de communistes comme Gabriel Péri et de catholiques comme d’Estienne d’Orves, tous deux morts pour la France, auxquels Louis Aragon consacra un poème déchirant dédié à « celui qui croyait au Ciel » comme à « celui qui n’y croyait pas ». C’est également côte à côte que siégeront ensuite au CNR (Conseil National de la Résistance), sous la présidence de l’indomptable Jean Moulin, les « rouges » de la CGT et des syndicalistes issus de la CFTC.
En 2024, cette double exigence – défendre la laïcité inlassablement bafouée par l’UE et par ses petits proconsuls néo-cléricaux Sarkozy, Manuel Valls et autre Macron – , mais aussi dialoguer avec l’ensemble des croyants qui respectent le cadre laïco-républicain, n’est pas moins impérieuse qu’elle ne l’était à l’époque du Front populaire et de la Résistance patriotique. D’une part, l’UE oligarchique et son petit commis Macron ne cessent de bafouer la séparation constitutionnelle des Eglises et de l’Etat, par ex. en organisant la « Hanouka » à l’Elysée, en laissant le préfet de l’Hérault Hugues Moutouh participer à la messe catholique d’ouverture de la féria de Béziers, en se mêlant, via Darmanin, d’organiser le culte musulman en France, en se rendant ès qualités à des messes célébrées en France, tandis que la constitution européenne – retoquée par les Français en 2005 mais appliquée comme si de rien n’était par nos gouvernants successifs ! – prescrit un « dialogue institutionnel » entre l’UE, ses Etats membres et les Eglises, faisant objectivement des agnostiques, des déistes, des laïques et des libres penseurs français et européens, des citoyens de second choix en Europe. D’autre part, bravant les milieux les plus réactionnaires de sa hiérarchie ecclésiale, le Pape argentin François vient ouvertement d’appeler « à l’approfondissement du dialogue entre marxistes et chrétiens ».
Comme les communistes que nous sommes, ce Pape, qui s’est déjà entremis pour que cessent au plus tôt les hostilités à Gaza ainsi que la désastreuse escalade militaire en Ukraine et qui, par ailleurs, a le courage de défendre les migrants africains, de condamner leurs inhumains persécuteurs et de heurter de front la xénophobie qui prévaut en Europe (y compris dans une partie de la droite dite chrétienne !), constate que le monde actuel conduit par la tyrannie de l’argent exacerbe les inégalités sociales, rabote les libertés démocratiques, écrase les pays de l’Est et du grand Sud, et tend même à précipiter l’Europe dans une nouvelle – et potentiellement définitive – guerre mondiale impérialiste visant à préserver l’arrogant suprémacisme blanc, euro-atlantiste et pseudo-chrétien. Sans hélas modifier ce qui devrait l’être, à la demande de nombreux catholiques, sur le plan sociétal (mais les rapports de forces internes à l’appareil religieux le lui permettraient-ils sans nourrir un risque schismatique ?), mais en adressant néanmoins des signes positifs aux catholiques divorcés ou homosexuels, le Pape François montre qu’il est influencé par la « Théologie de la Libération ».