30-01-24- "CAMILLE CLAUDEL 1915": UN FILM BOULEVERSANT ENTRE UN POETE SANS CŒUR ET UNE GRANDE ARTISTE SACRIFIEE A UNE MORALE HYPOCRITE.
La plupart du temps quand je vais à Paris, je m’en vais visiter la Musée Rodin ainsi qu’à la gare d’Orsay les œuvres admirables de Camille Claudel peut-être supérieures à celle de son amant Rodin.
Camille Claudel, éperdue d’amour puis de haine pour Rodin qui refusa de faire de sa maîtresse son épouse, passa, c’est indiscutable par une crise de déséquilibre mental..
La famille Claudel, son frère Paul en tête, qui n’avait jamais accepté la liaison avec Rodin, artiste dont les idées antibourgeoises avaient tout pour lui déplaire, profita de l’occasion de faire interner cette fille et sœur gênante.
Rodin et quelques amis sincères de la sculptrice tentèrent bien de la faire libérer un temps, mais, par lassitude ou sous la pression de la famille, bientôt la jeune femme se retrouva seule dans une institution qui me semble tout le contraire d’un vrai service de neuropsychiatrie ayant pour but de guérir les malades qu’on lui confie
S’il avait été question de la soigner pour de bon et de lui permettre de revenir à la vie civile, qui aurait pu la critiquer. Manifestement, ce ne fut pas le cas.
Pendant plusieurs dizaines d’années, Camille fut gardée de force et sans preuve d’obligation de maintien dans cet espèce de mouroir moral où elle finit d’ailleurs, sœur d’un riche et grand ambassadeur de France, de surcroit poète converti au catholicisme à la mode, par mourir de faim durant le dernière guerre, abandonnée de tous et surtout par sa famille.
Paul Claudel, ce grand converti dont la poésie pompeuse et grandiloquente, a beau parler de sa conversion au bas d’un pilier, de la cathédrale de Paris, conversion contredite par son attitude inhumaine vis à vis de sa sœur qu’il ne vit, pendant ces décennies que de rares et courtes fois, comme le montre magnifiquement le film de Bruno Dumont, interprété de façon bouleversante par une Juliette Binoche, au sommet de son art.
Je me rappelle mes querelles autrefois, avec cet ami, curé de ma paroisse qui, souvent ponctuait ses sermons de tirades poétiques de Claudel. Je l’avais amicalement menacé de quitter l’Eglise à sa prochaine allusion à Paul Claudel au nom de son attitude égoïste, avare (il l’avait finalement soumise au régime le plus bas lui qui roulait sur l’or).
Je n’ai pas changé d’avis et ce film qui peint avec justesse et dépouillement la misère morale de Camille et ses malheureuses voisines d’une captivité, qui semble n’avoir pour bit de mette à l’écart de la société les malheureux qui, à tort ou à raison, semblent échapper à la raison et au bon sens.
J’ai envie de comparer cette institution fossilisée à celle qu’à a connu le grand Vincent Van Gogh, hospitalisé, à sa propre demande, mais assisté par un frère autrement chrétien que le poète qui utilisa plus sa foi pour se faire connaître que pour la pratiquer en particulier vis à vis de sa propre sœur. Vincent hospitalisé, put, plus d’une fois, aller peindre dans la campagne, ce qui l’aida à sirmonter ses problèmes mentaux ; dans son milieu hospitalier, il pouvait peindre, écrire à son frère.
Tout cela fut refusée à la malheureuse Camille , réduite, comme le rappelle le film, à parfois tentr en cachette de sculpter des mottes de terre tandis qu’on lui interdisait non seulement tout contact avec ses amis de l’extérieur et la pratique de son art considéré comme une sorte de péché.
Le film de Bruno Dumont et l’admirable interprétation, par Juliette Binoche, du drame scandaleux de la grande artiste Camille Claudel, autrement douée que son hypocrite de frère, nous a rappelé le crime moral de cet ambassadeur riche qui laissa, par faux sens de l’honneur de sa famille, sa sœur mourir de faim dans son asile-prison.
Yvan Balchoy