13-01-24- KNOKKE- KADZAND, UN OCEAN DE SABLE (Yvan Balchoy)
Nous avons en Belgique environ septante km de côte composée de stations balnéaires d'importances et de charmes divers et de dunes magnifiques qui en constituent la richesse essentielle. J'ai décidé de consacrer, si possible,une journée, chaque semaine, à les parcourir à pied comme démarche de santé mais aussi et surtout comme découverte d'une nature merveilleuse toute proche.
La semaine dernière j'avais marché de la "un peu trop commerciale à mon gré" Blankenberge (La montagne blanche) vers Wenduyne très jolie petite station célèbre comme son nom le dit par la richesse de ses dunes. Cette promenade est assez courte, environ 3 à 4 km que j'ai parcouru dans les deux sens par un temps ensoleillé, un vent très doux et une mer ce jour-là presque verte. Cette promenade est tout à fait adapté à de petits marcheurs et donne un bon aperçu des richesses de notre littoral
Hier, (24 OCTOBRE 2006) avec beaucoup plus d'ambition j'ai pris le train pour Knokke avec l'intention de relier cette station, bon chic bon genre, avec la première localité hollandaise à la frontière Cadzand. La gare de Knokke est loin de la mer (environ 2 km ou 20 minutes à pied) le long d'une avenue que la famille dynastie de l'endroit a baptisé modestement de son propre nom :Lippens. (Ce nom est devenu entretemps un des symboles très liée à la grave crise de l'institution) C'est une artère ultra commerciale et mieux vaut avoir la bourse bien pleine pour se risquer à fréquenter restaurants et commerçants. C'est ainsi que passant devant une maroquinerie, il m'est arrivé en voyant de petit sacs de dames à mon avis très ordinaires d'estimer le prix indiqué 300 en anciens francs belges alors qu'il s'agissait d'euros soit 40 fois plus.
Un peu dépité de mon erreur, tout en cheminant énergiquement vers la digue, je me suis dit si, comme je l'espère, non pas durant ma vie mais bien au-delà, (Je me trompais lourdement dans ce texte datant de 2006 ou plutôt je ne faisais pas assez confiance à mon "don " de prophétie, qui n'était d'ailleurs que le résultat de ma lecture du grand Marx - à opposer au petit Sarkosy) quand le capitalisme se sera auto-détruit, je serais heureux que cette avenue Lippens rebaptisée avenue de la Révolution, ou de la fraternité humaine, soit plus belle encore, luxueuse pourquoi pas accessible à tous car le communisme auquel je rêve n'est plus la mise en commun des misères mais des richesses d'un monde plus prospère que le notre où le beau, l'artistique et le bon goût auront toute leur place.
Revenons à la promenade. Je vous dirai que si vous pouvez éviter de marcher les deux ou trois premiers kilomètres de digue le long de Knokke, de son Kursaal (Casino) puis de notre, paraît-il, côte d'azur non pour le soleil mais pour le fric, Het Zoute avec ses belles villas dont les façades s'ornent de multiples "Privaat" pour empêcher le petit promeneur de rejoindre le boulevard parallèle à la côte situé à une bonne dizaine de mètres en traversant une sorte de rue privée dont il bien sensé être indigne de fouler le sol.
Certes la mer est magnifique dès la fin de l'avenue Lippens mais dès qu'on arrive au bout de la zone bâtie du Zoute (J'ai à tort ou à raison l'impression qu'elle s'étend de plus en plus malgré les panneaux qui officialisent le parc naturel du Zwin, sorte de bras de mer envahissant lors des grandes marées les dunes ce qui en fait une zone extraordinaire en botanique et de plus un refuge prodigieux pour oiseaux migrateurs ou sédentaires.)
Dès qu'on dépasse les dernières constructions, on est immédiatement immergé dans une nature sauvage, la plage au sable jaune fin à gauche, la mer plus vivante, plus ondulante, plus vigoureuse me semble-t-il qu'en générai ailleurs chez nous, les dunes à droite assez élevées et joliment colorés en vert-jeune-gris selon leur végétation. Tout au bout , Cadzand une sorte de château fort mythique s'élève sur un petit monticule dans une sorte de brume de chaleur. Je pense qu'à partir du moment où j'atteins la réserve dont une grande partie est inaccessible aux promeneurs pour préserver la tranquillité des oiseaux, il y a environ 8 km entre mer et dunes jusque Cadzand. C'était marée haute, les vagues étaient plutôt énergiques poussées par un vent assez fort. Le rivage est joliment découpé, tantôt la mer s'infiltre sur le sol tantôt il s'avance en pointe dans les flots.Ce va-et-vient terre-mer donne beaucoup de charme à un paysage dont je retire d'abord une impression d'harmonie, d'étendue et d'immensité qui me rappelle à une certaine humilité.
Après deux bonne heures de marche et une bonne faim dans les talons me voici presqu'au pied de la petite colline de sable ; hélas venant du zwin à droite une sorte de mini-rivière va se jeter dans la mer. Adieu, mon bon sandwich hollandais espéré à Cadzand. Il me faudrait me déchausser et traverser le ruisseau mais rien qu'à trois mètres des berges de ce petit courant d'eau je m'enfonce profondément dans un sable qui devient peu à peu vase. Je n'hésite plus, je remets l'apaisement de ma fain à plus tard, un petit quart d'heure contre la dune et je reprends le chemin de Knokke.
Autant qu'à l'aller la beauté incomparable du site m'emporte, m'emballe et dans ce cirque mi-aquatique mi-désertique, je me retrouve tout petit en retrouvant un peu du sentiment cosmique vécu l'autre jour en écoutant le chant des perruches dans un parc de Bruxelles. Sans vraiment réfléchir je me sens dans le Zwin chez moi merveilleusement. .Après vingt kilomètres parcourus à bonne allure, je me suis découvert en pleine forme en dégustant une baguette aussi délicieuse que démocratique en ce cadre un peu snob.
De retour à la gare puis dans le train il me faut un certain temps pour sortir de l'enchantement d'une promenade où je me suis à nouveau retrouvé porte-parole de la terre notre universelle mère.
Yvan Balchoy