14-11-23- FRED (YVAN BALCHOY)
J'étais haut comme trois pommes
que tu étais déjà jeune homme,
la fierté de la famille,
celui qu'on jalousait parfois aussi.
Brillant étudiant,
tu planais à l'université,
comme plus tard dans le ciel
On me parlait de toi
en mission aux USA
en visite d'étude au Congo,
en prospection au Soleil Levant.
A vrai dire tu étais devenu une sorte de mythe
que notre grand père
utilisait sans vergogne
pour nous inciter à mieux étudier
en nous menaçant des pires échecs
si nous ne suivions pas tes traces
Le temps passa, et nos chemins ont bifurqué,
tout à l'opposé
Etudiant à Lyon
habillé de bure brune
authentique va-nu pieds
je te savais quelque part
dans un centre de recherche nucléaire
dans le sud de la France
où se jouait, paraît-il l'avenir de l'humanité
Physicien confirmé
tu y occupais une place de premier rang
Un jour tu crus trouver le bonheur
tu y fondas une famille
mais bien vite pour toi ce fut l'enfer.
Je me rappelleavec un pincement de cœur
lors d'une visite chez toi
le regard méchant
que te jetaient tes enfants.
Surpris et indigné,
en colère,
je tentai bien de leur expliquer
combien ils devaient être fier
d'avoir pour père
un homme qui fut si souvent le premier
parmi ses pairs.
Mais je me heurtai à un mur
qui me laisse encore au cœur
un triste goût d'amertume.
Plus tard j'appris
que mon cousin préféré
foudroyé à l'instigation des siens
avait bien de la peine à se remettre.
Je te revis à Bruxelles,
dans ces réunions de familles
souvent endeuillies,
quelquefois joyeuses où je te retrouvais
le teint malade, le coeur en berne.
Heureusement ton humour intact,
partagé entre le burlesque et le farfelu
souvent impertinent
parfois un peu persifleur
rappelait quelque peu le grand Freddy d'hier
blessé certes mais combien vivant
pour celui qui prenait la peinede gratter l'écorce
sous laquelle il retrouvait l'homme plein d'esprit
qu'il n'avait jamais cessé d'être.
Puis un jour, je ne l'oublierai jamais,
tandis que j'attendais une amie,
Porte de Namur, tu me frappas doucement à l'épaule.
Physiquement tu n'avais guère changé
Pourtant ce Fred, je l'ai senti de suite,
était en un sens tout neuf.
Je lui montrai mes poèmes,
il me donna les siens
en me faisant voir avec fierté
le visage de cette toute jeune femme
dont je sentis de suite
qu'elle lui avait rendu la joie de vivre
et la force de l'écrire.
Depuis lors, tu m'es devenu
bien plus proche qu'un cousin,
bien davantage qu'un frère,
car tu le sais par triste expérience,
le sang n'est pas toujours notre meilleur allié.
Aujourd'hui, nous n'avons guère de secrets
l'un pour l'autre,
tu m'apportes, ma foi, bien davantage
en ami qu'en étudiant modèle.
Récemment brisé à mon tour
par une méchanceté
d'autant plus dure à supporter
qu'elle me frappa soudain
là ou je m'y attendais le moins,
tu fus pour moi l'occasion
d'une rencontre aussi soudaine qu'impérieuse
qui bouleverse ma vie
et me redonne un espoir
d'autant plus fort
qu'il me vient du plus loin,
joyeux et pétillant,
comme le meilleur des vins.
Et je repense à ce que m'écrivit autrefois
Roger Garaudy
et que tu fis.
"Chacun de nous
peut à chaque instant
commencer un nouvel avenir."
Après toi et un peu grâce à toi,
je crois à ce demain
si féminin
qui me tend la main,
à cette joie exigeante et débordante,
notre plus belle chance.
MERCI FREDDY STORRER
Yvan Balchoy
yvanbalchoy13@gmail.com
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