07-09-23- HENRI GUILLEMIN, UN CATHOLIQUE D'EXTRÊME-GAUCHE
Dans cette entrevue réalisée en 1976, Henri Guillemin nous fait part de ses convictions philosophiques, politiques et religieuses intimes. Il parle de métaphysique, du rôle important de l'intuition par rapport à la déesse Raison. Henri Guillemin dit de lui-même qu'il est catholique d'extrême-gauche, mais non marxiste, car, explique-t-il, le tort du marxisme est d'avoir évacué la Foi, l'intuition spirituelle. La grande critique qu'il exprime à l'adresse des catholiques de droite, c'est de placer l'économie, la politique, l'argent en première place.
On connaissait l'écrivain et l'historien, mais peut-être un peu moins l'homme, détesté par certains et admiré par d'autres.
Citons quelques unes des figures qu'il estime le plus : Rousseau, Robespierre, Lamartine, Hugo, Zola, Jaures, Lamennais, Lacordaire, et d'autres encore.
Descriptif de la vidéo
Entrevue avec Henri Guillemin, historien français et critique. Il donne son opinion sur divers écrivains; parle de son adolescence, de ses études et de son éducation; de ses engagements politique et religieux; de ses explications de différentes doctrines philosophiques; de l'Église catholique et de la sexualité; de ses études historiques de divers personnages; et de la crise chez les théologiens d'aujourd'hui. Source : Rencontres, 28 décembre 1976 Animateur : Marcel Brisebois
Des commentaires très élogieux sous la vidéo valent la peine d'être lus. Notamment ce long commentire :
Un grand, grand merci à archives Radio Canada pour avoir partagé cette émission, et surtout pour avoir porté Henri Guillemin au premier plan à mon attention. Bien sur, Guillemin est une figure controversée, si l’on se souvient de lui. C'est regrettable, car comme on peut facilement le constater dans cet entretien, Guillemin était un homme qui avait quelque chose à dire et avec de très fortes convictions. Cet entretien est extrêmement important car Guillemin y expose tout et expose ses positions. Voila, on peut facilement placer Guillemin dans le même camp que Bernanos, et peut-être Claudel - bref un catholique avec un sens très fort de l'éthique attachée à l'Église, à tel point que Guillemin peut considérer Claudel comme un mystique ou un hérétique, je ne sait pas. Ce que j’ai découvert, c’est que Guillemin s’est battu avec acharnement contre la pensée dominante de son époque, à savoir le structuralisme. Je ne suis pas séduit par Guillemin, car Guillemin ne s'intéresse pas à la séduction, il s'intéresse pour l'essentiel à ce qui s'apparente à une contre-histoire des événements, des personnages historiques et des auteurs de France. De plus, Guillemin aborde ces sujets dans une perspective métaphysique. Tout cela m’intéresse beaucoup. Guillemin évoque dans ses entretiens que ce besoin de « démystification » vient de sa colère à l'égard de l'histoire enseignée à l'école, qu'il considère comme trop éloigné de la vérité. Dans la plupart de ses livres (sa trilogie sur la guerre de 1870 ou encore son analyse de l'affaire Pétain), il affirme prendre le contre-pied de ce qu'il appelle « l'histoire bien-pensante » et revendique une passion. sans faille pour la vérité, aussi bien littéraire qu'historique, qu'il résume par « lorsque j'apprends une vérité méconnue, je ne peux pas me taire ! ». Ancien chargé de collection des livres religieux et historiques aux éditions du Seuil, Jean-Pie Lapierre affirme dans le Dictionnaire des intellectuels français que « (...) Parallèlement à son enseignement, [Guillemin] a été un critique et un conférencier infatigable dont la notoriété lui valut un public fidèle dans tous les pays francophones. Ses conférences, comme ses livres, font compte des enquêtes minutieuses de la critique littéraire, dont l'érudition sert l'humeur. Méticuleux lecteur des œuvres, il inventaire toutes les archives des auteurs qu'il étudie : traqueur du mensonge et des silences, il les dévoile dans leurs rapports toujours révélateurs à l'argent, à l'amour, au pouvoir. Parmi d'autres, Rousseau, Robespierre, Lamartine, Hugo, Jaurès furent ses gloires ; Voltaire, Bonaparte, Constant, Vigny, ses victimes. Historien, il s'attache à Jeanne d'Arc, à Robespierre et surtout à la Commune. Ses portraits à l'emporte-pièce, non dénués d'injustice, ses raccourcis, non dénués d'humour, lui valent la férule des spécialistes et le succès du public. » Jacques Julliard (dir.) et Michel Winock, Dictionnaire des intellectuels français : Les personnes, les lieux, les moments, Seuil, 2002 , p. 686. Plus intéressant encore, alors que Guillemin n'avait pas de temps pour les structuralistes, Michel Foucault avait certainement du temps pour Guillemin et lisait de très près le travail de Guillemin. À la fin de sa carrière, Foucault consacre entièrement son travail à l'étude des Pères de l'Église catholique. Il me semble qu’une réévaluation complète de Guillemin s’impose. Nous avons beaucoup à gagner et très peu à perdre. Merci encore, archivesRC, l'enseignement est très apprécié.