27-01-23- A LA MUETTE, LA REFORME DES RETRAITES DELIE LES LANGUES (PAULINE GRAULLE-MEDIAPART)
Le Club de Mediapart
Politique Reportage
À La Muette, la réforme des retraites délie les langues
Lors d’une réunion publique organisée par le député macroniste Benjamin Haddad dans un quartier cossu de l’ouest parisien, l’assistance a réservé un accueil plus sceptique qu’attendu à la réforme.
Pauline Graulle
La nuit froide a recouvert la capitale et le bar-tabac La Muette, en contre-bas de la rue de Passy, a pris des airs de modeste havre de lumière et de chaleur. C’est ici, dans ce café de quartier sans prétention, que le député Renaissance Benjamin Haddad a donné rendez-vous aux habitants de sa circonscription, ce mercredi 25 janvier.
Organiser un débat avec ses électeurs sur la réforme des retraites à quelques jours de son arrivée à l’Assemblée nationale ? D’ordinaire, la rencontre ferait figure de passage obligé, presque anecdotique. Surtout sur le terrain a priori conquis du très chic XVIe arrondissement, qui est aussi le cœur battant de la droite parisienne.
Mais depuis une dizaine de jours, l’exécutif n’en finit plus de s’empêtrer dans sa réforme, confronté à vive opposition dans la rue. Et les élus de la majorité ont désormais davantage tendance à raser les murs qu’à promouvoir leur projet avec tambours et trompettes.
Une trentaine de personnes ont assisté à la réunion publique organisée par les députés Renaissance Marc Ferracci et Benjamin Haddad. © Photo Twitter / Nicolas Scarbonchi
Benjamin Haddad, qui a lu « plein de rapports financiers » et « sai[t] que si on ne fait rien, on va droit dans le mur », veut tout de même convaincre. Et puisqu’il reconnaît volontiers ne pas être un expert du méandreux système de retraite à la française, il a convié un invité d’honneur, son collègue de banc, le « brillant » Marc Ferracci dont le CV roboratif est déroulé sous la photo qui orne les tracts d’invitation à la réunion : « Député des Français de l’étranger, diplômé de HEC Paris, docteur en sciences économiques, professeur à l’université Paris-Panthéon-Assas, spécialiste des problématiques liées au marché du travail. »
Sous le plafond Art déco, la salle s’est remplie. Une quarantaine de personnes, militantes ou non, sont venues siroter un petit verre de vin blanc tout en écoutant parler politique. Christine, retraitée primesautière, qui a souvent réussi à se glisser sur l’estrade derrière Emmanuel Macron lors de sa première campagne présidentielle en 2017, s’est mise sur son trente et un pour voir « Benjamin ». Pas du genre à s’en laisser conter, l’ancienne enseignante d’économie à Jeanson-de-Sailly n’est pas contre la réforme. Mais « la communication est épouvantable ! », constate-t-elle à regret. « Le recul de l’âge, ça ne passe pas. Pourquoi ne pas juste augmenter les annuités ? »
Grandes envolées techniques et chiffres en pagaille
Benjamin Haddad ouvre la séance, après quelques poignées de main liminaires. « Cette réunion, j’aurais pu l’appeler : “Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la réforme des retraites sans oser le demander” », sourit-il, avant de passer le micro à Marc Ferracci qu’on a pourtant du mal à imaginer dans un film de Woody Allen.
L’heure n’est certes pas à la rigolade. L’air concentré, le député des Français de l’étranger ne veut pas « raconter n’importe quoi aux gens ». « On doit assumer de dire que la réforme n’est pas d’abord une réforme de justice et d’équité, mais d’abord une réforme qui demande des efforts », annonce-t-il d’emblée.
Préférant tout de même s’attarder sur les « progrès » du texte plutôt que sur le sang et les larmes qu’il risque de faire couler, l’expert détaille : les mesures d’accompagnement pour maintenir les seniors dans l’emploi, l’« amélioration » des dispositifs carrières longues et des petites retraites, le triptyque « prévention, reconversion, réparation » qui présidera au futur chantier sur la pénibilité…
« Il n’y a pas beaucoup de réformes des retraites dans notre histoire récente qui ont utilisé un tiers des économies réalisées grâce à la mesure d’âge pour des mesures sociales », vante-t-il. Derrière ses lunettes à bord rouge, l’amie de Christine, elle aussi retraitée et mordue de politique, prend scrupuleusement des notes. C’est qu’il faut suivre les grandes envolées techniques et les chiffres en pagaille.
L’horloge accrochée au mur tourne, il reste moins de temps que prévu pour les questions. Le public, resté d’un silence sceptique, lève désormais des mains volontaires. Un chef d’entreprise interroge : et si le gouvernement rehaussait le plafond des indemnités prud’homales aux entreprises qui ne jouent pas le jeu en matière d’emploi des seniors ? Marc Ferracci y avait déjà pensé. Seulement, cela s’appelle la contribution Delalande, supprimée dans les années 2000 après constat des effets pervers du mécanisme – les entreprises finissaient par ne plus embaucher les plus de 50 ans, de peur de devoir payer un prix exorbitant si l’affaire tournait mal, argue-t-il.
« J’espère que j’ai été clair »
« Le sujet est quand même très techno », dit un quinquagénaire qui estime que ce que les Français veulent, dans le fond, c’est « une meilleure conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle ». Or « cette réforme a raté la marche ». Marc Ferracci aurait aimé parler de cette question du sens au travail. Ça a d’ailleurs toujours été le sens de son propre travail que d’y répondre, dit-il. Mais la lumière du plafonnier a déjà baissé d’un cran. Et derrière le comptoir, le patron du bar-tabac, visiblement pas fan de l’allongement du temps de travail, commence à s’impatienter.
Une question surgit sur « les concessions que pourrait faire le gouvernement », car « ce serait dommage de bloquer le pays ». Puis un jeune homme à lunettes, dont le style décontracté tranche avec le reste de l’assistance, met les pieds dans le plat : « Pourquoi autant d’incohérence entre le discours du patron du COR [Conseil d’orientation des retraites – ndlr] et le vôtre ? »
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C’est la question « fondamentale » que Marc Ferracci attendait depuis le début. Et il est bien « content » de pouvoir « lever les ambiguïtés relayées par les réseaux sociaux ». Les propos de Pierre-Louis Bras, le président du COR, ont « créé une confusion terrible dans le débat public, et depuis, on rame », convient-il, avant de se lancer dans des explications sur les scénarios excédentaires et « le mode de calcul » qui prend en compte une surcotisation de l’État – or le gouvernement veut justement sortir de la spirale déficitaire du système –, et l’hypothèse d’un taux de chômage « optimiste ».
Il est 21 heures pile et les tables sont débarrassées. « J’espère que j’ai été clair », glisse Marc Ferracci, qui a donné de sa personne. Convaincant ? C’est une autre histoire.
La discussion continue autour d’une cigarette sur le trottoir. Benjamin Haddad le reconnaît : l’erreur était peut-être de trop vouloir insister sur le versant social de la réforme, « alors qu’il faut assumer une réforme budgétaire ». Une DRH de la SNCF est venue à la réunion en voisine curieuse – « car dans cette partie du XVIe, il ne faut pas croire, il n’y a pas que des riches ! ». Elle interpelle le député, qu’elle aime bien « car il parle à tout le monde ». « Moi, je veux bien faire des efforts. Le problème, c’est que c’est toujours les mêmes qui les font. »
Pauline Graulle
NOTE D'YVAN BALCHOY
90 % des journalistes qui sont de gentils toutous qui se sont laissés acheter au profit de la réforme du Président ex-banquier.Et pourtant 80% du peuple français (Autorité suprême) est opposé à cette réforme. Je suis sûr qu'en cas de référendum, Mr Poutine aurait plus de voix en sa faveur que Mr Macron.
Chiche. Où est la meilleur démocratie (pouvoir au peuple)
NOTE D'YVAN BALCHOHY
La France est une démocratie contrairement à la Russie, crkent les I90 % des journalistes qui sont de gentils toutous qui se sont laissés acheter au profit de la réforme du Président ex-banquier.Et pourtant 80% du peuple français (Autorioté suprême est opposé à cette réforme). Je suis ssûr qu'en cas de référendum Mr Poutine aurait plus de voix en sa faveur que acron; Chiche