23-02-23- MON EXODE EN 1940 RACONTE PAR MON GRAND PERE (3)
Dès ce moment, il s'annonçait qu'il y allait y avoir une bataille sur la Meuse, et Sommières, rempli de troupes, apparaissait comme n'étant pas non plus une base de sécurité. Aussi, décidâmes-nous de partir le soir même.
Aux gens de Sommières, je conseillai tout au moins en cas de bataille, de se réfugier dans les bois de Montaigle et de ne pas rester au village pendant la bataille.
Par Wellin et Gérin, nous gagnâmes la route de Philippeville, où se déroulait le flot interminable des fugitifs. Nous dûmes nous arrêter à Rosée où la D.C.A. tirait contre avions. Nous crûmes, était-ce une illusion ? voir descendre dans l'air des parachutistes. Sans attendre la fin de l'alerte, nous gagnâmes Florennes, puis Morialmé.
Mon intention première était d'aller jusque Bruxelles, que nous pouvions encore atteindre le jour même, mais, à la réflexion, je craignis pour Paul et Léon, à raison de leur âge, et nous nous arretâmes sur la place de Morialmé, au moment où sonnait l'alerte. Nous avions quitté Sommières vers six heures, nous arrivions à Morialmé vers huit heures et quart, huit heures et demie. Nous voyant stopper, les gens de l'endroit vinrent nous presser de descendre dans les abris, mais comme je répondais que l'alerte sonnait dans tout l'arrondissement, que cela ne voulait pas dire péril, on me répondit que Morialmé avait déjà reçu vingt huit bombes le matin.
Nous allâmes dans un abri, et l'alerte passée, je me décidai à aller demander l'hospitalité à mon ami Dew., chez qui nous fumes reçus à bras ouverts, dans une maison déjà surpeuplée et de construction aussi légère que possible. Nous avions emporté trois jambons de Sommières et on se restaura, puis les enfants se couchèrent dans le sous-sol.
Dès le lendemain matin, jour de la Pentecôtes, nous perçûmes les bruits de la cannonade ou du bombardement, d'une façon ininterrompue, surtout, semble-t-il, dans la direction de Namur et de Dinant. L'endroit n'était plus tenable, et nous nous remettons en route dès le matin avec la famille Wilm. qui put nous procurer de l'essence et avec qui j'avais pu me concerter par téléphone.
(à suivre)
Léon Legrand
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