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Publié par YVAN BALCHOY

LE DORMEUR DU VAL

C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitri
ne,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/arthur_rimbaud/le_dormeur_du_val.html

En ces jours où à travers le rappel d'une bataille qui fut un massacre de dizaines de milliers de soldats pour satisfaire à l’orgueil d'un homme qui, comme Dostoïevski l'a dit avec justesse, pensait qu'il faisait partie d'une race à part qui se donne le droit de verser le sang il me semble que ce texte de Rimbaud dévoile l'horreur qui cachent aujourd'hui les reconstitutions luxueuses de Waterloo-Braine l'Alleud.

Yvan Balchoy

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