28-11-22- UN CATACLYSME NUCLÉAIRE ÉVITÉ EN LE 26 SEPTEMBRE 1983
21 novembre.2022
Alors que la guerre fait rage en Ukraine – et que la menace d’une confrontation nucléaire entre les superpuissances continue de s’intensifier – l’OTAN est-il en train de se préparer à la fin du monde ?
Source : Anti War, Robert Koehler
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
« Lorsque le militarisme est traité comme une pathologie psychosociale, l’absurde irrationalité de ses symptômes est clairement exposée. » Ces mots sont tirés d’un essai de N. Arther Coulter publié en 1992 dans une revue intitulée Medicine and War. Qui l’aurait deviné ? Ils sont tout aussi pertinents aujourd’hui qu’ils l’étaient il y a trois décennies.
Alors que la guerre fait rage en Ukraine – et que la menace d’une confrontation nucléaire entre les superpuissances continue de s’intensifier – l’OTAN est en train de se préparer à la fin du monde. Il s’agit d’un séminaire de formation annuel de deux semaines appelé Steadfast Noon – un exercice nucléaire qui permet aux équipages européens de s’exercer au chargement et au largage de bombes nucléaires « non stratégiques ». La Russie devrait bientôt organiser son propre exercice nucléaire annuel, connu sous le nom de Grom (c’est-à-dire Tonnerre).
Il m’est impossible de lire un article à ce sujet sans faire remonter du plus profond de moi ce que j’appelle « le grand pourquoi ». Chaque année, on consacre des budgets illimités à la dissuasion nucléaire, aussi appelée le grand bluff : « Si tu me cherches, tu vas me trouver. » Le but en est, soi-disant, d’empêcher la guerre, ce qui est absolument paradoxal dans un système politique mondial reposant sur cette maladie psychosociale qu’est le militarisme, c’est-à-dire la recherche de l’intérêt national et le maintien de la sécurité essentiellement par le biais de la force et de la violence.
Peu importe que nous soyons à l’ère nucléaire, cette force et cette violence pourraient – oh combien aisément – aller trop loin et semer des atrocités pour le monde entier. La préparation de la guerre nucléaire ne faiblit pas, tandis que les voix de l’opposition ne sont que des cris émanant des marginaux politiques. Il n’y a pas de véritable « débat » ici, juste beaucoup de détresse et d’impuissance, ou du moins c’est ce qu’il semble.
Par exemple, il y a deux ans, une lettre ouverte, signée de 56 anciens dirigeants politiques (y compris d’anciens Premiers ministres) de 20 pays de l’OTAN, ainsi que du Japon et de la Corée du Sud, a été diffusée dans le monde entier, implorant les pays actuels de l’OTAN – ainsi que toutes les nations dotées d’armes nucléaires – de signer le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, que l’ONU a adopté en 2017 par un vote de 122-1. Les nations représentées par les signataires de la lettre ont, bien sûr, totalement ignoré le traité, qui a été ratifié l’année dernière, rendant les armes nucléaires techniquement « hors la loi », ce qui semble ne rien vouloir dire du tout.
Voici la conclusion de la lettre :
« Avec près de 14 000 armes nucléaires réparties sur des dizaines de sites à travers le monde et dans des sous-marins qui sillonnent les océans en permanence, la capacité de destruction dépasse l’imagination. Tous les dirigeants responsables doivent agir maintenant pour que les horreurs de 1945 ne se répètent plus jamais. Tôt ou tard, notre chance s’épuisera – sauf si nous agissons. Le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires jette les bases d’un monde plus sûr, libéré de cette ultime menace. Nous devons l’adopter dès maintenant et nous efforcer d’obtenir de nouvelles adhésions. Il n’y a pas de remède à une guerre nucléaire. La prévention est notre seule option. »
Des propos saisissants ! Ils ont été signés par les anciens dirigeants des pays suivants : Albanie, Belgique, Canada, Croatie, République tchèque, Danemark, Allemagne, Grèce, Hongrie, Islande, Italie, Japon, Lettonie, Pays-Bas, Norvège, Pologne, Portugal, Slovaquie, Slovénie, Corée du Sud, Espagne et Turquie.
Ils ont également écrit : « Nous appelons nos dirigeants actuels à faire progresser le désarmement avant qu’il ne soit trop tard ».
Et voilà que d’un seul coup, la lettre entière est retombée dans les méandres de la politique. Il s’agissait d’anciens Premiers ministres, d’anciens ministres de la Défense, qui disaient la vérité politique la plus fondamentale qui soit, mais qui n’avaient apparemment pas plus de pouvoir que moi pour amener le changement – le désarmement nucléaire mondial.
Derrière le langage formel se cachait un simple plaidoyer : « Allez, les mecs. Le militarisme nucléaire ne fonctionne pas. Vous le savez aussi bien que nous. » Mais rien n’a changé. Ce n’est peut-être que lorsque vous n’êtes plus au pouvoir que vous vous libérez de la maladie psychosociale du militarisme. Et c’est ainsi que la « dissuasion nucléaire », ainsi que les énormes budgets militaires pléthoriques, restent la norme dans le monde développé.
Le militarisme – y compris le militarisme nucléaire – reste la norme dans le monde, et s’accompagne d’un impressionnant haussement d’épaules. Cela étant, il me semble pertinent de revenir sur quinze secondes de la vie de Stanislav Petrov, un lieutenant-colonel des forces de défense aérienne soviétiques, qui, le 26 septembre 1983, a pour ainsi dire sauvé le monde de la guerre nucléaire.
Il était en faction au centre de commandement situé dans les environs de Moscou, chargé de surveiller la menace nucléaire. Plusieurs heures après le début de son service ce matin-là, l’alarme s’est déclenchée. Oh mon Dieu ! Les ordinateurs ont immédiatement averti que les États-Unis venaient de lancer cinq missiles balistiques intercontinentaux sur l’Union soviétique.
« Pendant quinze secondes, nous sommes restés en état de choc », a-t-il dit plus tard. Quinze secondes pendant lesquelles le sort de l’humanité – votre sort, mon sort – a été en jeu. Comme l’a noté le New York Times, nous étions alors dans une période très tendue de la Guerre froide. Trois semaines auparavant, l’Union soviétique avait abattu un vol commercial de la Korean Air Lines qui survolait le territoire soviétique, tuant les 269 personnes qui étaient à son bord. Et le président Reagan venait de déclarer que l’Union soviétique était « l’empire du mal » et avait refusé de suspendre la course aux armements. Hé oh !
Selon le protocole, Petrov aurait dû signaler l’alerte à la chaîne de commandement militaire, ce qui aurait eu comme résultat probable des représailles nucléaires. Mais l’alerte informatique semblait bizarre. Il était indiqué que seulement cinq missiles avaient été lancés, ce qui n’avait aucun sens. Pourquoi si peu ? Pendant ces quinze secondes, alors qu’il se remettait de son choc et se ressaisissait, il a observé de plus près les cartes clignotantes. Et son instinct lui dictait : non, ce n’est pas réel. C’est une fausse alerte. Le Times a écrit :
« Alors que la tension montait dans le centre de commandement – pas moins de 200 paires d’yeux étaient braquées sur le colonel Petrov – celui-ci a pris la décision de signaler l’alerte comme un dysfonctionnement du système. »
Et oui, son instinct s’est avéré exact. Un peu de lucidité et de bon sens tout en bas de la chaîne de commandement militaire a évité au monde une guerre nucléaire. Cette fois-là.
Auteur : Robert Koehler
Robert Koehler est journaliste, il a été primé. Vivant à Chicago, il est aussi écrivain, syndiqué au niveau national. Son dernier livre s’intitule Courage Grows Strong at the Wound (Le courage se forge à la blessure). Contactez-le à l’adresse koehlercw@gmail.com ou visitez son site Web à l’adresse commonwonders.com
Source : Anti War, Robert Koehler, 22-10-2022
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
Guerre en Ukraine : 15 secondes avant l'Armageddon nucléaire ?
Alors que la guerre fait rage en Ukraine - et que la menace d'une confrontation nucléaire entre les superpuissances continue de s'intensifier - l'OTAN est-il en train de se préparer à la fin du ...
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