22-09-22- ODE À LA TERRE D'ALGÉRIE
Une très belle ode à la terre d'Algérie
Ivre de vent
Les mains chargées d’orage elle avance dans la plaine au milieu des labours, la semeuse au violon
qui étreint les nuages d’une main et de l’autre sème l’épi transparent
La belle avance comme une nef sur les eaux
La terre ouvre ses entrailles et dévore la graine jetée aux quatre vents en disant des je t’aime
Elle est rose, la lune, quand sa musique se répand
sur la forêt brune de mars à l’ombre des coteaux
Je respire ton haleine, forte odeur de thym, de coriandre et d’aubépine
Je suis ivre de cette terre qui circule en moi
Je sentais l’encens quand le cheval de labours quittait le sillon et que père en colère me grondait pour cette déraison
Je suis ivre de la plaine je suis ivre de vent
Ce matin j’ai cueilli une poignée de terre
terre rouge de ma plaine, terre de ceps et de figuiers, terre riche de navets, de pois-chiche et de blé, irriguée de sang dont celui de mon frère, terre où chante l’oiseau sous le soleil fou du midi, terre d’avril et de mai où les coquelicots allument l’horizon sur la pluie qui soudain surprend la chèvre et son pâtre au milieu des champs
Terre des montagnes bleues qui au lointain s’étendent et où l’on devine d’autres plaines d’autres vallées, d’autres oueds et rivages avec des ruisseaux où se baigne l’enfant
C’est dans cette terre où l’on croque les plus belles grenades et les plus beaux raisins, terre de la figue et celle de barbarie tout aussi sublime et du melon qui mouille toute la poitrine d’un nectar divin, terre des chaumes qui sentent le purin et le lait et la caille qui s’envole à l’approche de nos pas
Terre virile du martyr qui l’a irriguée de son sang
Terre en charpie, terre en lanières, terre issue du ventre limpide du divin