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Publié par YVAN BALCHOY

24-12-21- NOËL CHRETIEN A GAZA

À Noël, les Chrétiens de Gaza regardent vers Bethléem

  À Noël, les Chrétiens de Gaza regardent vers Bethléem 
 

La moitié des 1 077 Chrétiens de Gaza ont obtenu un permis de l'armée israélienne pour se rendre à Bethléem en Cisjordanie. Pour ces Palestiniens qui vivent enclavés toute l'année, c'est une véritable respiration, surtout après les onze jours de guerre entre le Hamas et Israël au printemps dernier.

Minorité dans une enclave, les Chrétiens de Gaza ont hâte de fêter Noël à Bethléem et de retrouver leurs familles en Cisjordanie
Minorité dans une enclave, les Chrétiens de Gaza ont hâte de fêter Noël à Bethléem et de retrouver leurs familles en Cisjordanie © Radio France / Frédéric Métézeau
Quand le muezzin a fini de chanter, les cloches se mettent à sonner. Au crépuscule à Gaza, les Musulmans et les catholiques prient à la même heure, les premiers dans leurs mosquées, les seconds dans l'église latine de la Sainte-Famille, blanche immaculée à l'extérieur, pimpante et coloriée à l'intérieur. Sur le parvis résonnent les mêmes chants de Noël qu'ailleurs comme Vive le vent en arabe. 

Sur les 1077 Chrétiens de Gaza, 134 sont de rite catholique romain et célèbrent leur foi en l'église de la Sainte-Famille
Sur les 1077 Chrétiens de Gaza, 134 sont de rite catholique romain et célèbrent leur foi en l'église de la Sainte-Famille © Radio France / Frédéric Métézeau
Un beau sapin décoré a pris place à côté des palmiers qui poussent facilement ici. Noël est la meilleure période de l'année, a fortiori en 2021, estime un père de famille aux cheveux gris gominés :


La naissance de Jésus signifie le début d'une nouvelle vie pour nous. C'est une véritable chance car à cause de la dernière guerre à Gaza, nous devons réconforter les enfants.
"À Bethléem, c'est merveilleux, il y a une très belle atmosphère pendant les célébrations car il y a plus de Chrétiens qu'à Gaza. Ici, nous sommes peu nombreux, alors nous fêtons Noël à la maison parmi notre famille et nos amis. Il n'y a pas de fêtes organisées partout."

Une Palestine morcelée
À Gaza vivent 2 millions d'habitants dont seulement 1 077 Chrétiens, des catholiques de rites grec ou latin. La moitié d'entre eux vont pouvoir se rendre à Bethléem, la ville de naissance de Jésus selon la Bible, une localité autonome située en Cisjordanie occupée. Les deux territoires palestiniens sont séparés géographiquement et politiquement.

Dans l'église de la Sainte-Famille, la messe est célébrée en arabe.
Dans l'église de la Sainte-Famille, la messe est célébrée en arabe. © Radio France / Frédéric Métezeau
Pour effectuer la petite centaine de kilomètres, les pélerins doivent traverser le territoire israélien, ce qui nécessite l'obtention très fastidieuse d'un permis de l'armée israélienne. Mais une fois que l'on est arrivé à Bethléem, cela devient inoubliable, se souvient une fidèle :

Les vraies célébrations se font là-bas. Mais quand on est obligé de rester ici, on essaie d'apprécier autant que possible. On peut encore décider nous-mêmes d'avoir une vie difficile ou agréable. Nous allons de l'avant, grâce à Dieu. 
Les yeux noirs brillants et le sourire lumineux, un jeune homme très brun évoque un événement non-seulement religieux mais aussi familial : "Si Dieu le veut, avec le permis pour aller à Bethléem, nous passerons Noël là-bas et nous visiterons nos proches. Cela fait trois ans que je ne les ai pas vus. Presque la moitié de ma famille se trouve en Cisjordanie, à Tulkarem pour ma grand-mère et mes oncles, et à Ramallah. Il y en a aussi en Israël. En deux jours, je pourrai assister l'illumination du sapin à Bethléem et rendre visite aux miens."

Curé à Gaza, un véritable chemin de Croix
Célébration des vêpres à Gaza.
Célébration des vêpres à Gaza. © Radio France / Frédéric Métezeau
Depuis bientôt trois ans, le Père Gabriel officie à Gaza. Mais cet Argentin a passé plus d'un quart de siècle en Terre Sainte, Palestine, Israël, Jordanie et Égypte. En soutane noire et col romain blanc, il boit dans son bureau le traditionnel maté d'Amazonie mais il célèbre la messe en arabe.

Pour le curé de Gaza, vivre dans cette enclave dirigée par les islamistes du Hamas – mouvement considéré comme terroriste par l'Union européenne, les États-Unis et Israël – et soumise à un double blocus israélo-égyptien relève de l'acte de foi : "Ici, il y a des situations hyper surréalistes ! Ces souffrances touchent les Musulmans et les Chrétiens. Pour la première fois, nous voyons beaucoup de personnes âgées nous parler de traumas. Mais alors ?"

Noël c'est la force de Dieu qui descend du ciel et qui nous oblige à penser qu'il y a un espoir. Habiter dans une prison est difficile. Mais même dans les prisons, on peut expérimenter la Paix.
À Gaza comme ailleurs, la crèche accueillera l'enfant jésus dans la nuit du 24 au 25 décembre.
À Gaza comme ailleurs, la crèche accueillera l'enfant jésus dans la nuit du 24 au 25 décembre. © Radio France / Frédéric Métezeau
Aller en Cisjordanie pour trouver un mari ou une épouse
Cette paix passe la beauté des messes, la prière et la charité envers les Chrétiens et les Musulmans. Avant de célébrer la messe du soir, le père Gabriel confie son soulagement de voir ses ouailles prendre la route pour Béthléem. Selon lui, il en va de l'avenir de sa communauté dans cette Terre trois fois sainte où les mariages mixtes sont mal vus quelle que soit la religion : "La communauté compte un millier de Chrétiens. Donc presque tous sont parents et ça devient un problème. Ils sont presque membres d'une même grande famille chrétienne. Ils sont très proches."

Cela devient difficile de se marier avec quelqu'un avec qui on n'a pas de lien de sang. Chaque année, les mariages deviennent plus proches. Il y a même des cousins germains. Ils ont donc besoin de se mettre en relation avec d'autres Chrétiens pour aller chercher avec qui se marier.
Le père argentin Gabriel Romanelli officie en Terre Sainte depuis 26 ans
Le père argentin Gabriel Romanelli officie en Terre Sainte depuis 26 ans © Radio France / Frédéric Métézeau
Chrétiens ou Musulmans, mais Palestiniens avant tout 
Ces chrétiens rencontrés à Gaza affirment tous que la cohabitation avec leurs compatriotes musulmans se passe bien, à l'image de ce fidèle rencontré plus tôt sur le parvis :

La blessure de mes frères musulmans, c'est ma blessure.
"Nous avons l'habitude de nous soutenir. Notre foi, notre détermination et notre forces sont plus grandes que tout. À Pâques ou Noël, nous appelons à la Paix et prions pour l'Amour. Tout comme les Musulmans prient pour la paix et l'amour pendant leurs fêtes. Nous prions pour rester ensemble unis comme les cinq doigts de la main et rien ne pourra nous séparer.

Le drapeau palestinien (noir, rouge, vert et blanc) est posé à côté du drapeau du Vatican
Le drapeau palestinien (noir, rouge, vert et blanc) est posé à côté du drapeau du Vatican © Radio France / Frédéric Métézeau
Les Chrétiens de Gaza se sentent authentiquement palestiniens. Pour la troisième année consécutive, un spectacle de Noël a été donné sur une place à Gaza-ville. Dans l'église de la Sainte-Famille, derrière l'autel, au pied d'une peinture représentant la Cène, sont posés le drapeau du Vatican et celui de la Palestine.

https://www.franceinter.fr/emissions/le-zoom-de-la-redaction/le-zoom-de-la-redaction-du-vendredi-24-decembre-2021?fbclid=IwAR32setXiViTImG2OWaY_xc8-9CP-P_b-nyuYG_kN69Se2tEBjm8vCmKWS

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