16-08-21- MICHEL PEYRET: MEME SI SA PAROLE EST RARE, LES ECRITS DE MICHEL PEYRET CONTINUENT A NOUS DONN ER COMME CAP : LE VRAI COMMUNISTE EXPRIME PAR MARX ET REALISE PAR LENINE A TITRE EXPERIMENTAL EN RUSSIE, TOUJOURS A PARFAIRE... (MICHEL PEYRET COLLABORE AU GRAND SOIR)
Le 22/06/2011,
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QUI EST MICHEL PEYRET
Né le 20 juin 1938 à Bègles (Gironde) ; instituteur ; militant communiste en Gironde ; conseiller municipal de de Bègles, de Mérignac, de Bordeaux ; député de la Gironde.
Ses parents, père artisan menuisier, devenu communiste après la guerre, mère, « croyante chrétienne très fervente », née en Belgique, déclarée « comptable » en 1938, avaient six enfants, l’aîné Michel, et cinq filles. Pendant la guerre, en raison des bombardements à Bordeaux, la famille alla vivre à Lussac-de-Libourne où Michel Peyret, qui avait été seulement baptisé, commença sa scolarité jusqu’au cours complémentaire de Libourne avant d’entrer en dernière année au CC Francin de Bordeaux. Élève de l’École normale d’instituteurs de Mérignac (Gironde) à partir de 1954, titulaire du baccalauréat (série « sciences expérimentales »), pratiquant le rugby, il devint instituteur à Illats puis fut nommé à l’école de garçons Ferdinand Buisson à Bègles en 1958. Il adhéra au Syndicat national des instituteurs.
Il effectua son service militaire dans l’Infanterie en 1964-décembre 1965 au camp de Souge, près de Bordeaux puis à l’hôpital militaire Robert Picqué à Talence.
Il se maria en février 1959 à Bègles avec une sténo-dactylo, sympathisante communiste. Le couple eut deux filles puis divorça. Michel Peyret se remaria en août 1987 à Biala Podlaska (Pologne) avec Teresa, Judwiga Drozdek.
Militant de l’Union de la Jeunesse républicaine de France depuis 1953, il adhéra à l’Union de la Jeunesse communiste de France dès sa création en 1956 et fonda un cercle de JC, la même année, à l’ENI.
Il adhéra au Parti communiste français en 1953, mais son père, trésorier de la cellule, ne lui remit pas sa carte l’estimant trop jeune. Aussi, selon les archives du PCF, la date officielle de son adhésion fut-elle 1957 à Bègles, année où il devint membre du bureau de la section communiste locale. Secrétaire de la fédération de l’Union de la jeunesse communiste de France jusqu’en 1966, il fit partie de son comité national en 1958-1959. Il suivit l’école centrale pour les instituteurs communistes organisée par le PCF (24 août-3 septembre 1959). Après avoir régulièrement participé aux réunions du bureau fédéral en tant que dirigeant des JC, il entra au comité et au bureau de la fédération communiste de Gironde en juin 1959. Après avoir suivi l’école centrale d’un mois du PCF en août 1963, il retrouva le bureau fédéral. Entré au secrétariat fédéral en 1970, responsable de la propagande et de l’hebdomadaire fédéral, Les Nouvelles de la Gironde puis responsable de l’organisation, il suivit l’école centrale du 28 mars au 30 juillet 1971 et devint permanent, affecté à la cellule d’entreprises (Marcel Dassault) de la section de l’Aéronautique. Secrétaire du comité de ville puis de la section de Bordeaux au début des années 1980, il quitta le secrétariat fédéral en 1987 et participa au seul bureau fédéral jusqu’en 1990.
Peyret, conseiller municipal de Bègles, municipalité à direction communiste (1971-1977), de Mérignac, municipalité à direction socialiste (1977-1983) puis de Bordeaux (1983-1989), élu comme chef de file des candidats communistes aux élections municipales et désigné pour siéger à la Communauté urbaine. Candidat au Conseil général en 1985 dans le sixième canton, il arriva en troisième position avec 799 voix.
Peyret, qui conduisait la liste présentée par le PCF aux élections législatives de mars 1986 au scrutin proportionnel, fut élu député de la Gironde. Il fit partie de la commission de la Défense à l’Assemblée nationale. A nouveau candidat en 1988 après le changement du mode de scrutin, il ne retrouva pas son siège. Il devint membre de la commission de politique étrangère (la « polex ») auprès du comité central du PCF à partir du 13 février 1989. Il suivit notamment les relations avec les partis communistes de l’Europe de l’Est. A la demande de Jean Barrière, responsable communiste de la région Aquitaine, il revint en Gironde en 1993. Il devint alors collaborateur du groupe communiste au conseil régional d’Aquitaine jusqu’à sa retraite en 2003.
Peyret se montrait, depuis la fin des années 1950, soucieux d’éviter la « social-démocratisation » du Parti tout en continuant à s’éloigner du passé marqué par le « stalinisme ». Méfiant lors des évolutions de la stratégie du PCF initiées par le nouveau secrétaire général Robert Hue, dont il approuvait le désir de faire « évoluer sa vie démocratique », il considéra, après les possibilités offertes par le succès au référendum de 2005, comme une « trahison » la tactique menée sous le secrétariat général de Marie-George Buffet. Il manifesta avec force son désaccord devant ce qu’il considérait comme un abandon de la perspective communiste. Finalement il décida de quitter le PCF en novembre 2006.
Il composa avec des communistes girondins un texte-manifeste sous le titre « Pour les assises du Communisme » (18 juin 2007), invitant à s’inspirer des principes de Marx, ce qu’il appelait « retour à Marx », pour construire un « communisme des conseils » donnant « le rôle premier aux travailleurs, aux peuples », c’est-à-dire une « reconstruction de l’identité communiste, sans nouveau modèle, dans un retour aux sources ». Il publiait entre autres dans un journal Rouge Midi sur Internet, des éditoriaux consacrés aux questions internationales et préconisait une « voie souverainiste » de gauche pour la France, hostile l’intégration européenne actuelle et favorable à une plus grande indépendance par rapport à l’emprise anglo-saxonne, orientation se conjuguant avec une coopération internationale.
https://maitron.fr/spip.php?article153139, notice PEYRET Michel par Jacques Girault, version mise en ligne le 6 février 2014, dernière modification le 6 février 2014.
Michel Peyret a écrit :
Tu sais, pour moi, cela fait déjà quelque temps que j'ai fait mon deuil.
J'ai mis du temps, trop de temps certainement, à comprendre ce qui se passait, les dirigeants du PCF n'étaient pas prolixes sur leurs projets, notamment depuis la chute du "mur".
Mais quand j'ai vu comment MGB piétinait les résultats de 2005, alors que le mouvement populaire était en mesure d'imposer son candidat aux présidentielles, tout, ou presque, s'est éclairci.
C'était à l'automne 2006. Une éternité déjà.
Les résultats de 2007, 1,84%, étaient voulus, il fallait désespérer les communistes, les convaincre que c'était plié, que le communisme n'avait pas, ou plus, d'avenir. On a eu alors plusieurs déclarations des principaux dirigeants qui allaient en ce sens. On peut certainement les retrouver (les déclarations, mais les dirigeants aussi).
Pour ma part, le 18 juin 2007, je lançais l'Appel pour des Assises du communisme.
J'avais compris pour l'essentiel! C'était terminé pour le PCF. Mais pas pour le communisme! Certains ont préféré conduire, ou participer, au cortège funèbre!
Et certainement, ce n'était pas seulement terminé pour le PCF.
Les partis n'ont pas toujours existé, et n'existeront pas toujours, rien n'est éternel.
Les partis sont nés avec le capitalisme, ils sont en crise comme l'est le capitalisme.
Et ils disparaîtront de toute façon avec le capitalisme.
Il faut donc penser à autre chose, il faut donc passer à autre chose.
D'où l'Appel pour des Assises du communisme...
En 2007, beaucoup n'ont pas compris.
Pour certains, je pense qu'ils commencent à comprendre: on ne refait pas l'histoire!
Mais j'ai mis tellement de temps moi-même que je ne peux leur reprocher d'être longs.
Et je suis toujours disponible pour les Assises du communisme, ou toute initiative de ce genre.
Amitié,
M.
PS: ce texte ne dévoile pas un secret, j'ai déjà dit tout cela, je le redis dans la situation d'aujourd'hui, tu peux donc l'utiliser. Tu peux même re-publier mon article de 2007, je te l'ai adressé il y a peu de temps encore.
http://www..rougemidi.org/spip.php?article2292/
Mon ennemi, c’est le capitalisme.
Plus largement, je pense que c’est l’ennemi de tous les peuples.
Avec ce capitalisme, la société est partagée en deux camps opposés, celui des des exploiteurs (capitalistes) et celui des exploités (salariés principalement)
Plus largement, je pense que c’est l’ennemi de tous les peuples.
Ajourd’hui, le capitalisme impose sa loi partout, par l’intermédiaire de ses gestionnaires politiques de tous bords, et donc de l’Etat qui « organise » ou « coordonne » au mieux tout cela.
C’est ainsi le cas en France, en Europe, dans pratiquement le monde entier.
Mon opposition ancienne à l’Europe, c’est donc avant tout une opposition au capitalisme.
L’Etat supranational européen, en construction bien avancée, est l’organisation que se sont donnés les capitalistes européens, non seulement pour exploiter et alièner les peuples européens, mais aussi les peuples du monde entier, dans les concurrencess et les confrontations avec les capitalismes d’autres continents.
Et cela, au moment où ce capitalisme mondial est entré dans une crise globale qui l’amène à renforcer son exploitation et sa domination sur les peuples, y compris bien sûr sur le peuple français.
Y compris bien sûr en Europe, au sommet de laquelle il est plus facile de faire adopter les mesures antipopulaires d’exploitation, de domination, d’aliènation…
Je ne peux donc séparer mes combats.
Je combats le capitalisme partout où il exerce ses méfaits.
Et je ne peux accepter les organisations, les systèmes politiques et étatiques qu’il crée pour exercer sa domination.
Les systèmes politiques, et donc les élections, en sont une des composantes principales.
Y participer, c’est cautionner tout le système !
Il n’y a donc, face à cela, qu’une attitude possible : le boycott !
Oui, le boycott !
Et ce n’est pas d’aujourd’hui que je le dis et le redis !
Et je le redirais jusqu’à ce que les luttes anticapitalistes se développent suffisamment pour imposer un autre mode de société, et donc de démocratie !
Jusqu’à ce que ces évolutions permettent l’établissement de relations de coopération et d’échange entre tous les peuples sur la base de l’égalité.
Mais je le redis avec force et gravité : ne pas dénoncer l’ennemi principal des peuples, le capitalisme, est un crime !
Michel Peyret
Enseignant
Ancien député communiste de la Gironde [1986-1988]
#Tribune libre
BARRICADE21
Barricade 21 est un site de réflexion critique sur la société pour alimenter l'action des citoyens qui veulent construire une société dont l'objectif est le développement de chaque individu. Libres, ces citoyens se considèrent co-responsables de l'avenir de l'humanité par le combat contre toutes les aliénations.
Michel Peyret : la révolution du capital
Publié par BARRICADE21 sur 10 Octobre 2010, 23:35pm
Michel Peyret
10 octobre 2010
LA REVOLUTION DU CAPITAL
La lecture des textes de Jacques Wajnsztejn et de Jacques Guigou, qu'ils écrivent séparément ou ensemble, est à même de secouer bien des certitudes, mais pour autant, les thèses qu'ils exposent pourraient-elles être ignorées?
Le stationnement dans la tranquillité théorique est-il une preuve de sagesse ou une peur d'affronter les difficultés des réalités, ou toute autre chose encore?
Parce que leurs travaux existent bel et bien, et ils ne sont pas seuls à travailler les élaborations qui sont leurs.
Au fond, s'il s'agit bien d'une école, comme il en existe d'autres, se réclamant du marxisme et de son approfondissement.
Cette diversité dans la réflexion marxiste est-elle à redouter, ou, au contraire, convient-il de s'en féliciter?
LES DANGERS DE L'UNIFORMATISATON DE LA PENSEE
Avec le recul du temps, je pense que l'expérience historique a plutôt mis en évidence et confirmé les dangers de la monopolisation de la pensée marxiste et de son uniformité, même si des efforts conséquents avaient été conduits pour contrefaire une réalité bien plus diversifiée qu'annoncée.
Et comme d'autres, cette pensée a besoin d'être « titillée », y compris pour ne pas prendre de retard sur les évolutions et les mouvements de l'histoire.
Combien de fois a-t-on considéré que rien n'est éternel, que tout naît, grandit, vit, se transforme, vieillit et finit par mourir, tout en continuant cependant à ignorer la nécessité impérieuse de procéder en permanence à « l'étude concrète des situations concrètes » selon la précieuse formulation de Lénine.
Certes le marxisme est loin d'en être à son extrémité, au contraire les mouvements de la société confirmeraient-ils plutôt sa vitalité renouvelée pour l'analyse après les tentatives de laisser croire qu'il aurait été condamné par l'histoire elle-même. C'est même plutôt à une renaissance à laquelle nous assistons. Pour le moins est-il beaucoup dit du « retour » de Marx, sinon du retour à Marx.
Et il semblerait, et ce n'est pas le moins important, que ce soit en premier lieu la jeunesse qui se manifeste dans ce mouvement.
FAIRE VALOIR LES VERITES POUR LES DIRE
Ce retour, ce nouveau recours, ne peuvent être, et ne doivent être des retours au dogmatisme de la pensée marxiste, à un schématisme étroit incapable de rendre compte des réalités et de leur mouvement.
Ne serait-ce que parce que ce « retour » porte une exigence, non point préconçue, mais constatée, de ce que ce qui s'était « baptisé » de « communisme » pour qualifier la réalité qui s'était édifiée dans un certain nombre de pays, ne correspondait en rien à ce que ses fondateurs avaient bâti théoriquement à partir des connaissances acquises par la société de leur époque sur elle-même.
Et le constat ainsi effectué gagnerait-il en force s'il était effectivement étayé par des démonstrations s'appuyant sur des argumentations irréfutables de différentes origines mais déterminées à faire triompher la vérité sur les tromperies, les mensonges et les calculs politiciens qui l'ont emporté tout un temps.
En cela aussi le travail des deux Jacques peut être fondamentalement utile même s'il ne vise pas au premier chef cet objectif là.
Tout le monde aura compris qu'il, ne s'agit point là d'un travail de connaissance et de compréhension facile.
Ce que je souhaite, c'est contribuer à permettre à chacun d'entrer dans cette connaissance tout en étant à même de juger de l'apport réel de Jacques Wajnsztejn et de ses amis.
CAPITALISME, CAPITAL, SOCIETE CAPITALISEE
Jacques Wajnsztejn et Jacques Guigou, auteurs de l'article qui porte les noms exposés ci-dessus, indiquent qu'ils se sont déjà posé le problème de l'emploi judicieux de ces termes et de leur pertinence.
« Pour tout dire, complètent-ils, nous sommes partis de Marx mais en essayant de nous appuyer sur ce qui, chez lui, relève davantage d'une conception dynamique de l'analyse du capitalisme que d'une conception archéologique de celui-ci.
« C'est aussi pour cela que tout en constituant un éclaircissement des « catégories » que nous utilisons, nous avons voulu les confronter à un mouvement historique de longue durée alors que l'analyse de Marx reste centrée sur la période, historiquement courte, du développement industriel du capitalisme. »
Jacques Wajnsztejn et Jacques Guigou précisent que ce texte présente schématiquement une perspective théorique en cours d'élaboration: « Nous le faisons circuler en l'état dans quelques cercles pour engager discussions et critiques. »
CAPITAL FICTIF ET CRISE FINANCIERE
« En effet, poursuivent-ils, la crise actuelle nous a amenés à écrire « Capital fictif et crise financière » pour décrire le phénomène à partir d'un prisme critique, mais la crise ne fait pas que subir l'analyse, elle rétroagit sur la critique en dévoilant ses propres faiblesses... Il faut dire que nous avons été assez déçus par les réactions à notre texte de la part des milieux radicaux. Cet écrit a souvent entraîné chez eux un raidissement sur des propositions les plus dogmatiques et scholastiques.
« D'une manière générale, la « crise financière » a eu pour conséquence de les faire revenir à une plus grande orthodoxie théorique, certains entreprenant même des virages et marches-arrières les plus étonnants par rapport à leurs critiques exprimées il y a peu.
« Pourtant, évacuer les faiblesses ou les limites de ses propres positions par un recours massif aux citations de Marx ou aux données statistiques ne nous paraît pas une solution », ceci valant confirmation de nos affirmations ci-dessus.
FORMES DU CAPITAL ET PROCESSUS DE TOTALISATION...
Jacques Wajnsztejn et Jacques Guigou expliquent que leur choix de privilégier la notion de « capital » n'est pas due au hasard puisqu'on retrouve ce capital à l'origine de la dynamique historique du capitalisme et à sa fin en tant que forme autonomisée, sous sa « forme fictive », et sous une unité des formes dans un capital devenu global.
« En ce qui concerne la « totalisation du capital », elle est censée exprimer la tendance du capital à devenir impersonnel, à apparaître « capital-automate » tant la domination revêt des formes à la fois complexes et abstraites...
« Cette situation, c'est celle de l'englobement de toutes les activités humaines qui deviennent une opportunité de « création de valeur »; c'est la tendance du capital à devenir un milieu, une culture, une forme spécifique de société. »
...ET FICTIVISATION
« L'artificialisation de la vie par la génétique vue comme perfectionnement des espèces est le pendant de la « fictivisation » dans l'économie et la finance.
« Mais tout cela ne peut se développer que parce que la technique est devenue la base de toute objectivisation de l'activité à travers une idéologie matérialisée. Et la « société capitalisée » est celle qui s'est incorporé ce système technique. Elle fonctionne « en temps réel » comme nous le rappelle son constant discours et elle est incapable de penser ses besoins en dehors de ce système technique... »
Dans ce contexte, pour certains, la division dirigeants-dirigés perd sa pertinence dans un système où il y a de moins en moins de fonction pure, de division pure, vu la complexité du système.
LA DOMINATION DU CAPITAL-AUTOMATE
Aussi, pour Wajnsztejn et Guigou, « la domination sociale ne peut plus être imputée à une classe vraiment définie comme à l'époque de la bourgeoisie mais son effectivité reste quand-même bien prégnante.
« Dit autrement, poursuivent-ils, cela signifie qu'il y a bien personnalisation de la domination et non pas seulement le pouvoir anonyme d'un « capital-automate »...La maîtrise se veut de plus en plus rationnelle et impersonnelle mais cela relève en fait d'une non-maîtrise, d'une automatisation des décisions par les « systèmes-experts » et illusion de la toute puissance comme on vient encore de le voir avec la crise financière de l'automne 2008... »
Si l'on s'inscrit dans cette tendance, on peut concevoir qu'il n'y ait plus de conflits internes au capitalisme qui soient porteurs d'un antagonisme radical. Le capital n'est plus un rapport social antagonique entre les classes. Il n'y a plus de contradiction effective interne et spécifique manant automatiquement à une crise finale.
Wajnsztejn et Guigou confirment: « La fameuse contradiction entre le développement des forces productives et rapports de production a été englobée par la dynamique du capital comme nous pensons l'avoir montré dans « Après la révolution du capital »; comme a été englobée la contradiction entre « classes » et « sujets » capables de développer une perspective révolutionnaire... »
A LA PLACE DE LA REVOLUTION COMMUNISTE
Comment s'opère alors cette « révolution du capital » à la place de la révolution communiste?, interrogent alors Wajnsztejn et Guigou. Ils disent vouloir le monter à partir de l'anticipation de Marx sur le devenir du capital dans le maintenant très connu « Fragment sur les machines ».
Dans ce bref texte, Marx dégage une nouvelle « abstraction réelle », le General Intellect, c'est-à-dire le savoir objectivé dans le capital fixe et particulièrement dans le système automatique des machines.
« Dans le cadre de ce développement, le temps de travail concret n'est plus qu'une « base misérable » pour la mesure de la valeur », rappellent Wajnsztejn et Guigou.
« Il s'ensuit que l'origine de la crise n'est plus imputable aux disproportions inhérentes à un mode de production fondé sur le temps de travail (validité de la loi de la valeur-travail, loi de la baisse tendancielle des taux de profit, soit le marxisme comme science), mais à une contradiction spécifique entre d'un côté un procès de production qui inclut de plus en plus de techno-science dans ses forces productives, et de l'autre, une unité de mesure de la richesse sociale qui correspond encore au stade où c'était la quantité de travail vivant mise en oeuvre qui était moteur du processus d'ensemble.
« L'élargissement de cet écart conduirait, selon Marx, à l'écroulement d'une production basée sur la valeur d'échange et donc au communisme... »
MAIS SANS L'EMANCIPATION DES TRAVAILLEURS
« Comment lire et utiliser le « Fragment » aujourd'hui?, interrogent nos deux amis.
« Dans les faits, disent-ils, on a assisté à la complète réalisation de le tendance dégagée par Marx, mais sans le moindre renversement au profit d'une émancipation des travailleurs, sans même qu'un véritable mouvement s'en saisisse.
« Seul peut-être le mouvement des chômeurs a initié quelque chose en ce sens mais de manière limitée et fugace. Certains aspects du mouvement anti-CPE, d'autres de la révolte des banlieues et enfin les derniers évènements de Grèce ne sont pas sans lien avec cette évolution, mais ils sont trop partiels et disparates pour constituer de réels points d'appui pour un mouvement de plus grande ampleur.
« La contradiction dévoilée par Marx est donc devenue une composante de la société du capital.
« La disproportion entre croissance du savoir objectivé et baisse du temps de travail nécessaire entraîne non seulement le développement du chômage et des diverses formes de précarité mais aussi le brouillage des temps de travail effectifs et des temps de non-travail supposé, bref, elle entraîne de nouvelles formes de domination.
UNE SORTIE DE LA SOCIETE DU TRAVAIL
« Nous sommes, disent alors nos deux amis, dans une situation non-prévue par la théorie communiste: une sortie de la société du travail à l'intérieur même du salariat et des rapports sociaux capitalistes, une sortie de la société de travail sur ses bases mêmes.
« Cette contradiction s'expose dans les décalages croissants entre sphère politique et rapports sociaux de production. Contradiction déjà visible hier, lorsque, par exemple, Jospin répondait au mouvement des chômeurs qui l'interrogeaient sur le revenu garanti, que les socialistes ne prendraient pas de mesures conduisant à une « société d'assistance »; et encore plus évidente aujourd'hui quand Sarkozy répond aux vagues de licenciements en disant qu'il faut travailler plus pour gagner plus. »
LA GUERRE PREVENTIVE DES ETATS
Cette contradiction s'expose aussi, disent nos deux auteurs, dans la sorte de guerre préventive menée par les Etats contre les effets visibles de cette contradiction au niveau de la dissolution des rapports sociaux ( une dissolution sans communisme ) et de la difficulté de les reproduire dans ces conditions.
« Zéro trouble, criminalisation des luttes qui sortent tant soit peu de la stricte légalité citoyenne, ouverture massive de nouvelles prisons, fichage généralisé dès la maternelle, contrôle de l'Internet, retour des archaïsmes disciplinaires, retours forcés à des emplois « bidons », sont parmi les mesures qui doivent contenir les « nouvelles classes dangereuses » actuelles ou potentielles qui ne peuvent plus ( et ne veulent pas ) venir gonfler une fictive « armée industrielle de réserve » devenue maintenant sans emploi parce que peuplée de surnuméraires absolus. »
LA QUESTION DE LA CRISE
« Les théories marxistes dominantes, poursuivent nos amis, que ce soit celle de la surproduction et des débouchés ou celle de la baisse tendancielle du taux de profit ont, en fait, toujours gardé comme postulat que le système capitaliste devait être soit en équilibre, soit en déséquilibre.
« La seule différence d'avec la théorie économique orthodoxe ( dite standard ), c'est la possibilité d'un déséquilibre profond, et donc la possibilité d'une crise objective, et bien sûr, d'une crise finale.
« Ce n'était pas faux, même si comme nous l'avons fait remarquer, Keynes ouvrait déjà une brêche dans cette hypothèse. Mais cette hypothèse est aujourd'hui rendue irréaliste, pour ne pas dire caduque, puisque le capital se développe sous forme de capital fictif ou virtuel.
« Le capital ayant englobé sa contradiction par rapport au travail, il se dynamise à l'extérieur de ce rapport qui n'en continue pas moins d'exister, mais comme un boulet qu'il faudrait traîner.
« De là des remarques de plus en plus insistantes de la part d'experts, pas tous altermondialistes, comme quoi le modèle occidental ne peut s'étendre à toute la planète sans tout faire sauter. »
FAIRE SAUTER TOUTE LA PLANETE?
Il y a donc une hésitation sur la marche à suivre, sur d'un côté ce qui apparaît comme l'objectif à tenir, c'est-à-dire celui d'une « reproduction rétrécie » au coeur du système, et de l'autre la poursuite d'une « reproduction élargie » dans les zones émergentes.
« Cette « reproduction rétrécie » se fait dans une étroite dépendance à la dynamique globale du capital fictif. Etant autonomisé par rapport au travail productif et au capital productif, le capital fictif ne peut être interprété selon l'ancienne théorie des crises; il fait coexister crise et non crise.
« Par exemple, le capital peut être en crise globale sans crise de production ( la crise actuelle de 2008-09 ), mais il peut connaître une crise au niveau de la production sans crise générale ( la crise de 1973-début des années 80 )...
Aussi, pour Jacques Wajnsztejn et Jacques Guigou, la dialectique historique du capital, à travers ses luttes de classes, n'a produit aucune alternative à partir de son antagonisme.
Il y a eu l'échec de la révolution par affirmation du prolétariat, que ce soit sous la forme de la dictature du prolétariat ( Russie ) ou sous celle du pouvoir des conseils ouvriers ( Russie encore et Allemagne ) ou enfin des collectivités agricoles et prolétaires ( Espagne ).
IMPOSSIBLE D'AFFIRMER UNE IDENTITE PROLETARIENNE?
Aussi poursuivent Wajnsztejn et Guigou, « en ce qui concerne la période actuelle, il est désormais impossible d'affirmer une identité prolétarienne qui permettrait encore de poser la révolution ou l'alternative en termes de classes.
« Certes, des contradictions internes demeurent mais sans leur caractère antagonique. On a plutôt l'impression d'une guerre unilatérale contre les conditions « normales » du salariat qui intègrent encore la norme du « compromis fordiste » entre les classes.
« Les luttes d'aujourd'hui mêlent donc inextricablement des déterminations objectives: les conditions de travail et de vie sont plus difficiles, les inégalités qui se développent du fait de la mise à mal de l'ancienne norme et des déterminations subjectives: les principes et la résistance ( la défense des « acquis » ), la révolte ( contre l'insupportable ).
« Mais on peine à repérer, constatent-ils, ce que l'on appelait auparavant des cycles de luttes ( le dernier fut celui de 1968-79 ) alors que de temps à autre se produisent des explosions sans références marquées à des identités ni à des lignes de classe ( révolte des banlieues françaises, émeutes grecques ou antillaises ) et que se manifestent des luttes dans les secteurs de la reproduction plus que de la production autour des questions de la solidarité, de l'égalité, du « tous ensemble » ( éducation, université, santé ).
LA REVOLUTION A TITRE HUMAIN
C'est aussi pour cela, concluent-ils à ce jour, que nous parlons de « révolution à titre humain. »
Sans doute conviendra-t-il que nous y revenions, les luttes actuelles se situeront-elles dans le cadre qu'ils annoncent ou le déborderont-elles, le légitimeront-elles ou lui apporteront-elles contradiction, la vie, en l'occurrence le peuple français et les autres peuples, donneront la réponse.
http://barricade21.over-blog.com/article-michel-peyret-la-revolution-du-capital-58662839.html