13-07-21- THEOLOGIE CHRETIENNE PALESTINIENNE DE LA LIBERATION (MOHAMMED TALEB)
La Palestine constitue dans la conscience arabe contemporaine une pierre d'angle, un enjeu qui dépasse, au fond, la sphère politique pour questionner le Destin même de la nation arabe. Au regard de cette question cruciale,
on peut dire qu'il y a du tragique dans l'âme des peuples arabes. Le christianisme palestinien est l'un des témoins de cette tragédie et il développe une dynamique politique et métapolitique visant à libérer l'homme palestinien d'une situation de dépossession
Bien avant la création de l'État d'Israël, les chrétiens de Palestine sont engagés, avec leurs compatriotes musulmans, dans le combat anti-sioniste.
En 1919, fut fondée l'une des plus importantes associations nationales du pays, l'Association Islamo-Chrétienne de Jérusalem qui comptait parmi ses membres le maire de Jérusalem Moussa Kazem Pacha el-Husseini.
Du 27 janvier au 10 février 1919, cette association organisait le premier Congrès national palestinien [La résistance palestinienne, du projet sioniste à la proclamation de l'État d'Israël, Joseph Matar, 1974,241- 246]
Hilarion Capucci est un symbole vivant de la théologie palestinienne de la libération.
Son nom reste associé à cette synthèse entre identité spirituelle et conscience politique. Vicaire patriarcal de Jérusalem, Mgr Hilarion Capucci a été l'archevêque de la ville sainte pour l'Église Grecque-catholique.
Il fut arrêté le 18 août 1974 par les israéliens et condamné, le 9 décembre de la même année à 12 ans de prison pour des motifs de collaboration avec la résistance armée palestinienne.
Au bout de 3 ans, 3 mois et 18 jours dans les prisons de l'État sioniste, grâce à une formidable campagne internationale d'information et de solidarité, Mgr Capucci fut libéré et exilé.
Au cours d'un colloque, qui s'est tenu à Paris, aux débuts des années 1980, organisé par le Comité pour la Paix au Proche-Orient, il expliquait son engagement :
"Ce problème (le problème palestinien) , je ne l 'aborderai pas en tant que politicien, je ne suis pas un politicien, je refuse de l'être, je ne veux pas l'être.
C 'est plutôt l’ Arabe chrétien, le prêtre, l'évêque de Jérusalem qui voudrait simplement, franchement, cordialement, s'adresser à la conscience de tous.
D'ailleurs, c'est à ce titre et en cette qualité que je me suis engagés au service de la cause arabe, de la cause humanitaire, la cause palestinienne.
Je suis donc au service de cette cause parce que, premièrement, je suis arabe.
Nous les Arabes, où que nous soyons, à quelques pays que nous appartenions, nous ne formons qu'une seule et même famille (...)
Je suis un évêque; l'évêque n'est pas le seigneur, c'est le serviteur de tous. Il n 'est pas là pour être servi mais pour servir.
L'évêque, c'est le père, c'est l'ami, c'est le frère de chacun, c'est le pasteur
Le bon pasteur voyant le loup arriver, se sacrifie pour défendre son troupeau.
Le mercenaire fuit mais je ne suis pas le mercenaire, je suis le pasteur d'un troupeau, le troupeau palestinien
Et je suis l'évêque de Jérusalem. Le jour de mon sacre, on m'a confié un dépôt sacré, la Palestine et les Palestiniens.
Le jour de mon sacre, également, on m'a passé dans le doigt un anneau. C'est l'emblème de mon mariage avec mon diocèse Jérusalem et la Palestine (...)
Pour être homme il faut jouir de deux éléments : dignité et liberté. Et quand l'homme ne jouit pas de ces deux facteurs, il est plus près de l'animal que de l'homme.
Or, il n'y a pas de dignité sans patrie, tant il est vrai que la patrie est l'emblème de la dignité. D e facto, le Palestinien vit sous l'occupation et donc sans liberté et il vit sans patrie donc sans dignité [Hilarion Capucci, 1982]....
http://rogergaraudy.blogspot.be/2015/11/la-theologie-chretienne-palestinienne.html
Mohammed Taleb
Extrait d’un article intitulé « Enjeux et perspectives de la théologie arabe chrétienne Extrait d’un article intitulé « Enjeux et perspectives de la théologie arabe chrétienne de la libération » Dans « Théologies de la libération », Centre Tricontinental/Louvain la neuve Editions L’harmattan, 2000 Libellés : Palestine, Théologie de la libération