02-06-21- GUERRE SANS FIN CONTRE LES PALESTINIENS
« Israël organise, sur les territoires qu’il a pris, l’occupation, qui ne peut aller sans oppression, répression, expulsions ; et il s’y manifeste contre lui une résistance, qu’à son tour il qualifie de terrorisme. » (Charles De Gaulle)
Une domination israélienne toujours plus brutale
Après onze jours de conflit qui ont fait 230 morts palestiniens et 12 morts israéliens, Israël et le Hamas ont conclu un cessez-le-feu sans conditions préalables. L’arrêt des hostilités n’a pas apaisé les tensions à Jérusalem-Est et en Cisjordanie, pas plus qu’il ne règle les questions de fond. À défaut de disposer d’un État viable et de ne plus subir la colonisation, les Palestiniens continueront de se battre pour leurs droits.

En Palestine, l’histoire se répète. Régulièrement, inexorablement, impitoyablement. Et c’est toujours la même tragédie ; une tragédie que l’on pouvait anticiper, tant les données sur le terrain sont aveuglantes, mais qui continue à surprendre ceux qui prennent le silence des médias pour l’acquiescement des victimes. Chaque fois, la crise épouse des contours particuliers et emprunte des chemins inédits, mais elle se résume à une vérité limpide : la persistance depuis des décennies de l’occupation israélienne, du déni des droits fondamentaux du peuple palestinien et de la volonté de le chasser de ses terres.
Il y a très longtemps, au lendemain de la guerre de juin 1967, le général de Gaulle avait cerné ce qui allait advenir : « Israël organise, sur les territoires qu’il a pris, l’occupation, qui ne peut aller sans oppression, répression, expulsions ; et il s’y manifeste contre lui une résistance, qu’à son tour il qualifie de terrorisme. » De même, il déclara à l’occasion du détournement d’un avion israélien, en 1969, que l’on ne pouvait mettre sur le même plan l’action d’un groupe clandestin, le Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP), qualifié à l’époque de terroriste, et les « représailles » d’un État comme Israël, qui, en 1968, avait détruit la flotte civile aérienne libanaise sur l’aéroport de Beyrouth. Il imposa dès lors un embargo total sur les ventes d’armes à Tel-Aviv. Autre époque, autre vision.
Le chapitre le plus récent de cette catastrophe toujours recommencée s’est donc ouvert à Jérusalem. Les éléments en sont connus : la répression brutale de jeunes Palestiniens chassés des espaces publics de la porte de Damas et de l’esplanade des Mosquées, où ils célébraient chaque soir la rupture du jeûne du ramadan — bilan : plus de trois cents blessés ; l’invasion de cette même esplanade par la police israélienne, qui n’a hésité ni à lancer des gaz lacrymogènes sur les fidèles ni à tirer des balles prétendument en caoutchouc ; l’expulsion programmée de familles entières du quartier (...)
Alain Gresh
(1) Cf. Hélène Aldeguer et Alain Gresh, Un chant d’amour. Israël-Palestine, une histoire française, La Découverte, Paris, 2017.
(2) Cf. Jean-Pierre Filiu, « Le mythe des “balles en caoutchouc” israéliennes », Un si proche Orient, 16 mai 2021.
(3) Ben Wedeman et Kareem Khadder, « Israel holds all the cards in Jerusalem, yet the city has never been more divided », CNN, 12 mai 2021.
(4) « Des politiques israéliennes abusives constituent des crimes d’apartheid et de persécution », Human Rights Watch, 27 avril 2021.
(5) Nir Hasson, « “There’s systematic expulsion of Arab society in Israel, and we’ve reached a boiling point” », Haaretz, Tel-Aviv, 12 mai 2021.
(6) Cf. Ari Shavit, « Lydda, 1948 », The New Yorker, 14 octobre 2013.
(7) Cf. Sylvain Cypel, « En Israël, la Cour suprême conforte les partisans de la colonisation », Orient XXI, 27 avril 2015.
(8) Cf. notamment le rapport de B’Tselem sur Jérusalem.
(9) Lire « L’Évangile selon Mandela », Le Monde diplomatique, juillet 2010.
(10) Lire Olivier Pironet, « À Gaza, un peuple en cage », Le Monde diplomatique, septembre 2019.
(11) Aluf Benn, « This is Israel’s most failed and pointless Gaza operation ever. It must end now », Haaretz, 18 mai 2021.
(12) Zvi Bar’el, « Looking for Gaza victory against Hamas, Israel lost the battle for Jerusalem », Haaretz, 15 mai 2021.
(13) Lire Akram Belkaïd, « Idylle entre les pays du Golfe et Israël », Le Monde diplomatique, décembre 2020.