14-04-21-ADIL, MAWDA LA LISTE DES VICTIMES INJUSTES D'UNE POLICE QUI OUBLIE PARFOIS SA MISSION
L’article du Vif concernant la mort du jeune Adil lors d’une intervention policière.
Les commentaires bas du front étaient nombreux, et le Vif a d’abord bloqué les commentaires, puis a retiré l’article.
En voici le texte ci-dessous (merci Anne Gillard)
TEXTE COMPLET
Adil fuyait le contrôle de la police, trop conscient du danger qu'il représentait pour lui. Il est mort parce qu'il a eu peur. C'est encore l'histoire d'une poursuite qui n'aurait jamais dû avoir lieu et encore moins être considérée comme "prioritaire". Le nombre excessif d'amendes et de descentes policières dans les quartiers populaires dès le début de la pandémie, le harcèlement quotidien de la police et certains comportements racistes, comme ceux de ces deux policières de la zone Bruxelles-Midi, ne sont que quelques raisons qui expliquent la fuite d'Adil qui ne faisait rien d'autre qu'être dans l'espace public.
Depuis la perte de notre Adil, nous avons dû faire face à bien d'autres épreuves durant l'année. Dès sa mort, et alors que nous n'avions même pas encore enterré notre bien aimé Adil, il a été demandé à notre famille de faire un appel au calme. Beaucoup d'habitants exprimaient une colère légitime que les autorités locales et fédérales ont préféré ne pas prendre en considération. Nous sommes restés discrets et avons refusé des interviews en espérant ainsi permettre le bon déroulement de l'enquête. Malgré tout, nous faisions un constat : Adil et toutes les autres victimes de violences policières ont droit à une déshumanisation et une criminalisation. De toute évidence, chaque victime est tenue responsable de sa mort, comme si elle l'avait cherchée.
Le 26 novembre dernier, nous avons connu une injustice supplémentaire. Le parquet du Procureur du Roi annonce sa décision de demander un non-lieu en faveur des policiers. Ce qui consiste à dire que, selon son analyse, les policiers n'ont pas à être poursuivis car ils n'ont pas commis d'erreur. Aucune raison valable ne justifiait cette communication. De plus, aucune audience devant la chambre du conseil, compétente pour décider d'éventuelles poursuites, n'était prévue à ce stade. Plusieurs articles de presse relaieront, à tort, la fin de l'enquête et la relaxe des policiers.
Au lendemain de cette annonce, une manifestation a été organisée par des citoyens. Il y avait un décalage entre la volonté pacifiste des manifestants et l'important dispositif policier. S'en sont suivies des arrestations injustifiées de quasiment tous les manifestants. On notera le traitement différencié de la police selon l'origine des personnes rassemblées. Tous ces événements pourraient laisser croire que les autorités veulent à tout prix étouffer cette affaire, pourtant nous, la famille, refusons de croire cela.
Depuis cette annonce surprise du Procureur du Roi, nous avons eu à nouveau accès au dossier de l'enquête et, surtout, pu visionner les images vidéo. Cela nous a confortés dans l'idée que de nombreuses questions demeurent et que des éléments importants semblent ne pas avoir été pris en compte par le Procureur du Roi lors de la rédaction de son réquisitoire de non-lieu. Nous solliciterons donc des devoirs d'enquête complémentaires. L'audience de la Chambre du Conseil prévue le 20 avril prochain, qui devait statuer entre la clôture du dossier et le renvoi des policiers impliqués devant le tribunal correctionnel, sera donc reportée afin que la vérité puisse être établie.
Aujourd'hui, un an après la mort d'Adil, nous aurions aimé lui rendre un hommage public avec nos proches et nos soutiens dans les rues de notre commune. Dans la dignité et le respect. Depuis plus d'un mois, nous réfléchissions avec la commune d'Anderlecht aux meilleures conditions à mettre en place pour cet hommage dans le respect des gestes barrières. Malheureusement le cadre proposé par les autorités rend l'organisation de cet hommage impossible dans les délais et dans la dignité. Si nous reconnaissons l'importance des règles sanitaires, il faudrait que les autorités arrêtent de nier à la fois l'importance d'un deuil dans lequel toute vérité est empêchée et la colère de tout un quartier. Aujourd'hui, nous sommes contraints d'abandonner l'idée de ce rassemblement et nous décidons d'écrire ces quelques lignes pour Adil.
Adil avait 19 ans. Il était un fils, un frère, un petit-fils, un neveu, un oncle, un cousin, un ami, un voisin. Il était de ces personnes qui sourient tout le temps et avec qui les temps difficiles devenaient si faciles. Il faisait preuve d'autodérision pour valoriser ceux qui étaient face à lui.
Pour lui, la vie avait un sens, celui qui mène vers le bonheur... Adil était aimable, serviable, il avait un grand coeur. Certes, il avait ses petits défauts comme tout le monde, mais nous ne pouvions lui en tenir rigueur à côté de tout ce qu'il apportait.
Depuis tout petit il avait cette passion qui l'animait, celle de la mécanique et des véhicules en tout genre. Cette passion le prenait au plus profond de ces tripes.
Il n'aura jamais 20 ans. Nous avons tant de questions qui persistent et restent sans réponses. Qu'est-ce qui justifiait sa mort ? Qu'est-ce qui justifiait le déploiement d'autant de policiers ? Pourquoi une telle mise en danger d'autrui ? Le procès que nous demandons sera la seule façon de faire la lumière sur les circonstances de sa mort et d'établir les responsabilités claires de la police. Adil n'est pas la seule victime et nous ne sommes pas les seuls dans ce combat que nous n'avons pas choisi.
La vérité et la justice que nous exigeons pour Adil, nous l'exigeons tout autant pour les autres familles. La liste de victimes s'allonge, des familles sont détruites alors que les policiers ne sont jamais mis face à leurs responsabilités. Quand est-ce que cela va s'arrêter ? Ibrahima, 2021. Ilyes, 2021. Akram, 2020. Adil, 2020. Mehdi, 2019. Mawda, 2018. Lamine, 2018. Jozef, 2018. Wassim et Sabrina, 2017. Dieumerci, 2015, Souleimane 2014, Jonathan 2010, Faycal 2006, Karim 2002, Semira 1998, Said 1997, Mimoun 1991. Et toutes les autres victimes dont nous ignorons l'histoire.
Nous exigeons cette justice pour que l'impunité cesse et qu'aucune autre famille ne perde un être cher lors d'interventions policières.
Signé : la famille d'Adil
😞😞
Ce poème n'est pas né de mon imagination. Je l'ai écrit un soir, au sortir de la Centrale du PTB, non loin de la gare du Midi.
Etonné sir l'avenue où se déroule la Foire du Midi, par des dizaines de gyrophares et d'uniformes bleus semblant très énervés, j'ai, décidé d'aller le plus loin possible à leur suite.
JJe suis tombé finalement sur un méga-attroupement provoqué par la mise à mort, sans doute d'un étranger.
Officiellement cet homme fut abattu car "menaçant." Le fut-il vraiment, je n'en suis pas certain !
De retour chez moi, l'inspiration qui m'avait déjà taraudé dans ma voiture, s'imposa et j'écrivis dans la nuit ce pôème nait d'un triste fait divers dont je fus témoin en 1998.
Photo prise par moi devant l'ambassade d'un pays très célèbre d'Amérique du Nord qui aime terrifier les pays qui ne se plient pas à son souvent mauvais vouloir!
Dans la café international,
Je t'ai expliqué le visage tout pâle
et par la colère désarçonné
" La gendarmerie vient d'assassiner
un jeune dans un quartier immigré. "
- " Il était sûrement basané
venait d'un pays de disette,
et s'appelait sans doute Mahomet "
m'as tu répondu d'un air las-
et j'ai compris à ce moment-là
combien tu en avais marre
de ce perpétuel cauchemar
qui est le quotidien
de tant de nos citoyens
qui ont pour simple tort,
d'avoir un mauvais passeport
une mine exotique
une étrange génétique
qui en font les suspect parfaits
de tant de méfaits
pour une police parfois pourrie
sans parler de la gendarmerie
qui associe l'étranger
à une menace de danger.
Prenant alors mon volant
il me vint en roulant
l'envie d'aller vérifier sur place
comment les habitants
souvent musulmans
de ces quartiers délabrés
en qui la radio
qui n'en n'est pas à son premier ragot
ne voit souvent qu'une populace,
aussi inculte qu'illettrée,
réagissent à la mort d'un de leurs fils,
victime d'une certaine justice
impitoyable pour les petits délits,
aveugle quand il s'agit des nantis.
Me voici chaussée de Mons,
tout est calme,
aucun coup de semonce,
pas même un procès verbal.
Je me demande si je n'ai pas été abusé
par une fausse publicité
Je vire à gauche,
quelle métamorphose
Brusquement une mer de flashs
jouant à cache-cache
me gomme la nuit
c'est la terreur qui luit
Une dizaine de camionnettes noires
avec leur gyrophares assommoirs
entourés d'une centaines de silhouettes
vêtues d'odieuses et sombres salopettes
mélange de verre et d'acier imbécile
et tout autour une multitude fragile :
jeunes garçons en train de gesticuler
jeunes femmes parfois voilées,
vieillards en djellaba,
foule blessée et solidaire
d'où jaillit le brouhahas
d'un peuple en colère
pleurant un garçon lâchement abattu
au nom de je ne sais quel sous-entendu
aussi pitoyable que minable.
et révolté par sa fin inacceptable.
Devant moi, presque joyeux
un gendarme et une gendarmette
au pied de leur camionnette
se congratulent l'air heureux
imperméables à cette souffrance
à ce flot de désespérance
qui les entoure à peine menaçante.
Leur spectacle me dégoûte
et c'est avec peine que je poursuis ma route
suivant deux autopompes
étranges mastodontes
progressant en doublet
qui tel un gigantesque ballet
repousse une foule que je devine
révoltée et mutine.
Tout le long des rues
débarrassées des intrus
des habitants du quartiers
commentent d'un air attristé
la mort d'un des leurs
un ce ceux qu'on appelle parfois " beurs ".
Ils me content dans le menu détail
leur exaspération.
D'être traités comme bétail.
humiliés avec application
par le même agent
aussi obstiné que diligent
qui n'hésite pas à réclamer
aux jeunes du quartier
jusqu'à trois fois par jour
leur carte d'identité
ou leur permis de séjour,
trop heureux de les appréhender
si d'aventure exaspérés,
ils finissent par se révolter.
Près de ces simples gens
qui me parlent doucement
ou me regardent tristement,
je me sens tout en sécurité,
alors que tout à l'heure, devant les képis
des forces d'un ordre
si souvent créateur de désordre
je me sentais en terrain ennemi.
Alors, brusquement je me rappelle
la manifestation des jeunes rebelles
en hommage aux victimes de la répression
et j'invite mes frères et soeurs immigrés
si souvent dénigrés
même s'ils partagent ma nationalité
à se joindre à notre marche
afin qu'elle devienne une commune démarche
du peuple tout entier
décidé à défier
ceux qui ne cessent de le berner
ou de l'humilier.
Mon message est bien reçu
et tout aussi vite diffus
grâce à ces jeunes qui discrètement le propagent
dans leur proche voisinage.
Plus tard que ce fut lassant
de retrouver mon chemin
dans ce chaos inhumain
Heureusement de jeunes passants
m'aidèrent à éviter les nombreux barrages
qui bloquaient tout passage
vers le reste de la ville
restée apparemment docile
qu'il fallait à tout prix isoler
de tous ces " émeutiers ".
emprisonnés dans leur quartier.
Mais en retrouvant à la gare du Midi
le calme d'une ville presque endormie,
je m'en retournai le cœur affermi
décidé plus que jamais
à lutter désormais
pour que soit aussi rendu justice
aux victimes des polices
et avec tous les laissés pour compte
rejetés par les autopompes
d'oeuvrer pour une autre société
dont sera bannie l'exploitation
grâce à la solidarité
qui naîtra de la Révolution.
Poème né d'une répression violente vécue au soir d'une réunion
le 28 février 1998
à Nadia
Yvan Balchoy
yvanbalchoy13@gmail.com
CE qu'écrit ANNIE Gilliard est vrai depuis longtemps. La Belgique n'a pas aboli la peine de mort pour que les force de l'ordre )ou parfois du désordre) ne puissent continuer à l'appliquer même sans l'excuse d'une menace réelle et immédiate pour leur vie. (YB)