23-04-21- "MON FRERE TROP JOYEUX" FACE A LA MARECHAUSSEE
Ce jeudi cinq avril 2007, je suis à Simonis dans le bus 87 direction Basilix, il fait un peu frais mais le soleil brille généreusement. A une quinzaine de mètres à travers les vitres du véhicules les mimiques comiques d'un "noir" assis au bord de la piscine centrale de la place retiennent mon attention; il est heureux, manifestement un peu trop et pas tout seul car il ressort régulièrement de l'eau fraîche une bouteille apéritive et il s'en sert de longues rasades en exprimant son contentement un peu orgiaque avec de grands gestes en direction des passants et du bus qui le contemplent tantôt amusés, tantôt consternés ou désapprobateurs. A côté de lui, un vieux sdf profite lui aussi paisiblement de la fontaine et du soleil. C'est bien le printemps et j'envie quelque peu sa joie de vivre.
Arrive une voiture de police avec deux flics à bord. Le jeune homme sans cesser ses ablutions les salue de loin gentillement. Prennent-ils ces "familiarités" pour un manque d'égard ? En tout cas avec leur voiture ils montent dans l'herbe et s'approchent du jeune homme de couleur et de son voisin sdf manifestement pas pour les féliciter. Le jeune homme semble tout heureux de la rencontre et tend la main aux deux membres de l'ordre qui écartent leur main au maximum pour bien montrer leur mépris. Je me demande si le jeune manifestement ivre va être retenu, nenni, après une brève conversation, non plutôt admonestation où il tente manifestement une approche de séduction, il lui est fermement imposé de quitter le lieux ce qu'il fait non sans à nouveau tendre les mains pour dire au-revoir aux policiet qui d'un air encore plus dégoûté qu'avant rejettent avec mépris son invitation. Ils s'en prennent alors au sdf qui manifestement n'est pas d'accord , leur explique qu'il ne dérange personne.Mais rien à faire avec ces fanatiques de l'ordre, fût-il absurde. Il lui faut bien quitter les lieux non sans des gestes qui expriment clairement le dégoût que lui inspire à lui aussi l'attitude des deux policiers.
Le temps de le regarder regagner le trottoir et le jeune noir fait irruption dans le bus, il s'assied juste derrière moi à côté d'une jeune femme qui se lève manifestement pour l'éviter au maximum. C'est plus fort que moi, je me retourne, je lui tends la main et lui dis combien je regrette l'attitude méprisante des deux flics. Manifestement ma démarche le touche et il commence à tenir à voix hautes des propos sur les femmes un peu délirants du genre de Dieu m'a donné le pouvoir d'aimer toutes les femmes, elles comptent beaucoup dans ma vie mais je les respect énormément. Puis il parle des bijoutiers de l'avenue Louise qu'il semlble connaître assez bien. A travers ces propos qui fusent dans tous les sens, je découvre en lui une réelle culture livresque, sociale et politique bien entendue noyée elle aussi dans l'alcool. A jeun ce serait serait sûrement passionnant de discuter avec ce jeune homme ; mais pour l'instant parmi les passagers du bus, même si quelques uns sont plutôt hilares ou légèrement sympathisants, la majorité est contre et à mon avis désapprouvre ma poignée de main. Quand j'arrive à destination, je me lève et tente de m'éclipser discrètement mais lui d'une voix forte et chaude me salue une dernière fois "Au revoir, mon frère, sois et heureux et à bientôt peut-être."
En continuant ma route, je savoure cette fraternité un peu anarchique mais si joyeuse et je repense aux forces de l'ordre qui, une fois de plus dans leur attitude face aux deux marginaux, prouvent le divorce important qu'il y a entre la société des petits des sans grades et un corps de l'état qui a perdu de vue sa mission de défenseur et protecteur des faibles étant devenu le plus souvent une sorte de milice privée pour les riches et puissants de ce pays.
P.S. Ce lundi 30 décembre 2013, je suis sur le quai du train Bruxelles-Mouscron de 20H02, je cherche comme d'habitude à me rapprocher de la voiture de tête quand un policier au visage fermé m'empêche de poursuivre ma route et m'intime l'ordre de faire le détour par le quai contigu. Je vois derrière lui d'autres policiers et trois quatre jeunes tenu en respect contre un mur.
Je fais donc le tour et me retrouve un peu plus loin sur le quai de Mouscron. Je tourne mon regard vers la gauche où sont les policiers et les"prévenus" qui tendent les mains vers l'avant comme pour se protéger. Pas de violence mais un tension très forte. (Je rappelle un procès tout récent où plusieurs policiers dits "des chemins de fer" ont été jugés pour brualités et violence)
Manifestement ces jeunes bien habillés, peut-être coupables d'un vrai mauvais coup ou victimes d'un mauvais mot qui n'a pas plu à la maréchaussée, qui sait ? En tout cas, ils n'ont pas l'air d'être dangereux, ce que laissent à penser les commentaires que j'entends autour de moi de la part d'autres voyageurs qui ne comprennent pas la hargne des "représentants" de l'Ordre. "Ils ne vont quand même pas les frapper."
Je vous rassure, ce ne fut pas le cas en tout cas tant que je fus sur le quai.
Ce qui arriva, très vite et ne m'étonne hélas nullement, c'est l'injonction furieuse de ne pas tourner mon regard vers la scène, que me fit comprendre par geste un de ces policiers des chemins de fer.
J'avoue que j'ai regardé det homme casqué un instant les yeux dans les yeux pour lui faire comprendre que je n'admettais pas cette interdiction de regarder, qui fait partie de mes droits qui existent autant que les siens.
J'ai toutefois cessé de le fixer en faisant semblant de me détourner de la scène sans pourtant le perdre de vue. Le train est alors arrivé et j'ai quitté ces jeunes qui assez fièrement faisaient face à leurs interlocuteurs tout en continuant leur "mime" de protection.
Yvan Balchoy