09-03-21- LE CODE QR DE L'EXCLUSION
Le projet élyséen à moyen terme n’est pas un bien grand secret : créer un système de QR-codes à scanner avant l’entrée dans les lieux publics pour identifier et suivre la personne. Le calcul politique est simple : les quelques récalcitrants, estimés à 20 % par la présidence, devront capituler de lassitude dans la guerre d’usure, sous peine d’être privés de restaurants, de vie culturelle, de vie sociale tout court. Par une auto-rééducation à la Skinner, ils seront alors sur une trajectoire positive qui ne manquera pas de s’exprimer en 2022.
Pour ces personnes oubliées, rien ne changera, pourrait-on croire. Erreur. Alors qu’avant les QR-codes traçants ces Français étaient simplement négligés, désormais ils seront officiellement mis à l’écart par l’État français, par un geste symbolique fort.
Outre le sentiment légitime de rejet, d’autres conséquences sont à prévoir. À commencer par l’accélération de l’édification d’une contre-société, déjà fortement présente dans nombre de lieux, urbains mais surtout ruraux. Restaurants non-officiels, clubs discrets souvent liés à l’extrême gauche ou droite, activités culturelles et sportives non-déclarées, lieux de culte informels, c’est tout un monde qui se structure, dans le meilleur des cas indifférent à l’État parisien, mais le plus souvent hostile. Le projet de QR-code était le coup d’accélérateur décisif qui faisait défaut, l’officialisation de la rupture. Avec une inversion prévisible du stigmate : les personnes vaccinées et munies d’un QR-code pourraient être à leur tour exclues – hors des grandes villes, tout le monde se connaît, et tous sauront de quel camp est l’autre.
Le plus saisissant est pourtant bien la seconde erreur de Macron, plus profonde encore que la première : celle de croire que l’inclusion dans le "mainstream" soit un besoin irrépressible, le summum de ce que l’existence humaine peut atteindre. Il n’en est rien. Que l’on songe seulement quel déplorable spectacle se donnera dans les salles culturelles officielles, entre la multiplication des mesures sécuritaires et sanitaires, le corset de plus en plus étouffant des limitations de la liberté d’expression des artistes sous peine d’élimination, sans même évoquer l’emprise des pouvoirs publics locaux et centraux, sans lesquels depuis 2020 plus rien n’est possible et dont la créativité est bien connue.
À l’heure où le boycott des réseaux dits sociaux dominants s’accélère, la contre-société en voie d’édification pourrait bien devenir autrement plus épanouissante et humainement bien plus riche. Notre QR-code pourrait bien nous en couper pour de bon.
/https%3A%2F%2Fimages.ladepeche.fr%2Fapi%2Fv1%2Fimages%2Fview%2F604452b3d286c225ee198616%2Flarge%2Fimage.jpg%3Fv%3D1)
Le projet élyséen à moyen terme n'est pas un bien grand secret : créer un système de QR-codes à scanner avant l'entrée dans les lieux publics pour identifier et suivre la personne. Le calcul...
https://www.ladepeche.fr/2021/03/07/le-qr-code-de-lexclusion-9412873.php
Ce projet, qui fait penser à une mesure d'apartheid, ne trouvera pas sa réalisation sans un mouvement de résistance, avec toute la vitalité populaire qu'on peut imaginer, et que l'Histoire a déjà pu démontrer dans le passé. La lutte des classes part toujours d'une oppression initiale d'une certaine couche de la société, avec le dessein de s'asservir les couches de la population moins favorisées, et sans grands scrupules pour les conséquences à long terme sur ces mêmes populations, ainsi que sur la nature.
Dans leurs formes contemporaines, ces êtres dominants ont une forme juridique : ce sont des personnes dites morales (quoique souvent immorales, par opposition aux personnes physiques), telles que les grandes banques, les holdings, les compagnies multinationales, etc.
Le code QR, s'il ne sera pas facile à digérer, ne passera peut-être pas.