29-04-22- HOMELIE DU PAPE FRANCOIS : LE CONCRET ET LA SIMPLICITE DES PETITS
Le Pape François n’avait plus voyagé depuis le début de la pandémie. Son nouveau premier voyage montre bien où vont ses préoccupations en tant que responsable chrétien. Une fois de plus, il ne choisit pas de visiter un des pays considérés comme les plus représentatifs de l’Eglise romaine, telle cette Eglise de France qui se targuait d’être la fille aînée de l’église avec ses nombreux lieux de pèlerinages et ses Cathédrales riches de chrétienté.
Quand on examine la liste des pays visités, on s’aperçoit vite que l’Europe, hier terre privilégiés des visites canonique de l’évêque de Rome passe plutôt après d’autres pays pauvres, catholiques ou non qui sont souvent des lieux meurtris par la guerre ou une situation économique désastreuse comme si pour le successeur de Pierre, l’appel du Christ en faveur des plus pauvres, des plus rejetés aussi restait en toute première place dans l’évangile.
Pour revenir à la France, qui ne comprend pas toujours, l’apparent désintérêt du pape pour cette nation historiquement chrétienne, peut-être la politique actuelle du pays, la transformation, je parlerais plutôt de trahison de ce que fut la séparation laïque de l'Eglise et de l'Etat en 1905, séparation au début férocement combattue par un clergé qui y perdait beaucoup de ses privilèges puis peu à peu tolérée puis acceptée pleinement comme une chance de liberté accrue pour l’Eglise et son message qui diffère souvent de celui des gouvernements en place.
le «laïcardisme» est la nouvelle perception du laïcisme par beaucoup d’hommes politiques, économique et médiatiques.
Il considère les religions comme un accessoire de fait peu utile dans la conjoncture actuelle comme une sorte de relique estimable qu’il convient de protéger, un peu comme les musées préservent de bons souvenirs du passé, en veillant à ce qu’il y ait de moins en moins d’interférences entre la gouvernance d'un état moderne et le phénomène religieux, souvent limité le plus possible au culte face à ce capitalisme libéral aux antipodes de l'Evangile de l’Homme de Nazareth.
Ce laïcardisme propre surtout à la France apparaît très nettement dans la mutation qui s’est faite du respect passé du fait religieux au droit maintes fois affirmé jusqu’au plus haut de l'Etat de droit à la haine, au blasphème, non certes de ce pauvre homme religieux, qui n’a pas encore trouve la route de ce libéralisme salvateur qui rime si bien avec capitalisme mais de son idéologie.
Il est aussi de bon ton d'affirmer que les lois de l’Etat passent avant les valeurs religieuses, en oubliant que souvent dans le passe, et parfois encore dans le présent elles sont inconciliables, comme les lois de l’Etat français contre les juifs entre 1940-1945 et la tentative d’obliger des médecins chrétiens à pratiquer l’avortement y compris contre leur conscience.
Certes l’Eglise a renoncé justement à imposer à l’ensemble des citoyens ses choix éthiques mais elle reste persuadée qu’elle a le droit, même contre la loi, d’imposer à ses fidèles des obligations qui ne nuisent pas aux autres citoyens.
Je pense que la France actuelle, dans sa gouvernance a choisi non seulement de tourner le dos à des siècles d’histoire partagée mais voudrait qu’un enfant soit désormais mis à l’abri de toute pression confessionnelle avant d’atteindre son statut d’adulte.
J’en vient à présent à cette homélie du Pape François qui manifestement ne plaira pas aux nouveaux responsables de ce qu’il appelle à tort l’esprit laïc.
Nous vivons dans une société médiatique qui entend de plus en plus réfuter la notion même de péché en lui substituant la faute, correspondant à une désobéissance des prescriptions de l'Etat et se traduisant en amende ou prison.
Si vous écoutez la Radio, dans le domaine politique ou sexuel par exemple, tout ce qui n’est pas défendu par l’état deviendra quasi normal même si , bien entendu, les dangers de certaines attitudes ou actions seront parfois déconseillées.
Vous n’entendrez pour ainsi dire jamais parler de péché, en revanche de graves condamnations pourront être portées contre des personnes qui mettront en question le nouveau dogme de la loi du MARCHE sans laquelle tout devient dictature.
Une enquête récente concernant les jeunes en France, déplore que si le laïcisme est admis positivement à quelques réserves qui risquent de rendre "chagrin" certains «ayatollah» civils: le port d’insignes ou marque religieux à l’école ne dérange pas trop les jeunes générations.
L'enquête va jusqu’à poser la question de donner ou non une place particulière dans la société aux prêtres , rabbins ou imams . La question n’est pas innocente. C’est vrai qu’autrefois dans son village le prêtre était l’équivalent morale de l’instituteur car quasiment tout le village pratiquait la foi catholiqueet il était un des rares intellectuels de la communauté.
Ce n’est plus le cas aujourd’hui et donc c’est heureux que le responsable d’une communauté particulière n’ait d’autorité que dans cette communauté.
Il peut bien entendu, de par le charisme de sa personnalité, exercer une autorité naturelle qui dépasse les siens.
Ainsi l’abbé Pierre était respecté par bien d’autres que les catholiques et sans doute parfois davantage par des citoyens non religieux, sensibles à la justice sociale, plus que certains chrétiens, bons lecteurs du Figaro, qui n’appréciaient pas sa souci primordiale d’évacuer de la société toute misère en faisant parfois la leçon aux plus riches.
Voilà qui nous ramène au sujet du jour : cette homélie du Pape François, j’aimerais dire frère François, qui nous parle du péché, qui selon lui, définit la condition humaine sans la condamner grâce à la médiation du Christ qui permet au pécheur repentant de retrouver la paix intérieure.
De plus en choisissant de se rendre pour son nouveau voyage en Irak, pays martyrisé par l’Occident capitaliste et l'Islamisme dégénéré le successeur de Pierre va à la rencontre d’une communauté chrétienne qui vient d’être persécutée à mort mais demeure en 2021 une des plus anciennes et plus fidèles du Christianisme.
Voilà pourquoi, je suis assez heureux de retrouver à Rome, à la place de Saint Pierre, un fils d’émigré en Amérique latine, qui fut un pauvre argentin videur de boites de nuit et jeune fiancé mais entendit l’appel du Seigneur et y répondit de tout son cœur. (YB)
CELEBRATION MATINALE RETRANSMISE EN DIRECT
DEPUIS LA CHAPELLE DE LA MAISON SAINTE-MARTHE
HOMELIE DU PAPE FRANÇOIS
" Le concret et la simplicité des petits "
Mercredi 29 avril 2020
Introduction
C'est aujourd'hui la fête de sainte Catherine de Sienne, Docteur de l'Eglise, Patronne de l'Europe. Prions pour l'Europe, pour l'unité de l'Europe, pour l'unité de l'Union européenne: pour que tous ensemble nous puissions aller de l'avant comme des frères.
Homélie
Dans la première lettre de saint Jean apôtre, il y a beaucoup de contrastes: entre la lumière et les ténèbres, entre le mensonge et la vérité, entre le péché et l'innocence (cf. 1 Jn 1, 5-7). Mais l'apôtre appelle toujours au concret, à la vérité, et il nous dit que nous ne pouvons pas en même temps être en communion avec Jésus et marcher dans les ténèbres, parce qu'Il est Lumière. C'est une chose ou l'autre: le gris est encore pire, car le gris te fait croire que tu marches dans la lumière, parce que tu n'es pas dans les ténèbres, et cela te tranquillise. Le gris est très traître. C'est une chose ou l'autre.
L’apôtre continue: «Si nous disons : 'nous n'avons pas de péché', nous nous abusons, la vérité n'est pas en nous» (1 Jn 1, 8), car nous avons tous péché, nous sommes tous pécheurs. Et il y a là quelque chose qui peut nous tromper: en disant "nous sommes tous pécheurs", comme quelqu'un qui dit "bonjour", "bonne journée", une chose habituelle, aussi quelque chose de social, nous n'avons pas une vraie conscience du péché. Non: je suis pécheur à cause de cela, cela et cela. Le concret. Le caractère concret de la vérité: la vérité est toujours concrète; les mensonges sont éthérés, ils sont comme l'air, tu ne peux pas le saisir. La vérité est concrète. Et tu ne peux pas aller confesser tes péchés de manière abstraite: "Oui, … oui, une fois j'ai perdu la patience, une autre..., et dire des choses abstraites. "Je suis pécheur". Le concret: "J'ai fait cela, j'ai pensé cela. J'ai dit cela". Le concret est ce qui me fait vraiment sentir pécheur et pas "pécheur en l'air".
Dans l'Evangile, Jésus dit: «Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d'avoir caché cela aux sages et aux habiles et de l'avoir révélé aux tout petits» (Mt 11, 25). Le concret des petits. Il est beau d'écouter les petits quand ils viennent se confesser: ils ne disent pas des choses étranges, "en l'air"; ils disent des choses concrètes, et parfois trop concrètes parce qu'elles ont cette simplicité que Dieu donne aux petits. Je me rappelle toujours d'un enfant qui, une fois, est venu me dire qu'il était triste parce qu'il s'était disputé avec sa tante… Mais ensuite, il a poursuivi. Je lui ai dit: "Mais qu'as-tu fait?" – "Eh bien, j'étais à la maison, je voulais aller jouer au ballon – c'était un enfant, eh? – mais sa tante, sa mère n'était pas là, lui a dit: «Non, tu ne sors pas, tu dois d'abord faire tes devoirs». Un mot après l'autre, j'ai fini par l'envoyer promener". C'était un enfant d'une grande culture géographique… Il m'a également dit le nom du pays où il avait envoyé sa tante se promener! Ils sont ainsi: simples, concrets.
Nous aussi, nous devons être simples, concrets: le concret te conduit à l'humilité, parce que l'humilité est concrète. "Nous sommes tous pécheurs" est une chose abstraite. Non: "Je suis pécheur à cause de cela, de cela et de cela", et cela provoque en moi la honte de regarder Jésus: "Pardonne-moi". La véritable attitude du pécheur. «Si nous disons : 'nous n'avons pas de péché', nous nous abusons, la vérité n'est pas en nous» (1 Jn 1, 8). Et une façon de dire que nous sommes sans péchés est cette attitude abstraite: "Oui, nous sommes pécheurs, oui, j'ai perdu patience une fois…", mais "tout en l'air " . Je ne m'aperçois pas de la réalité de mes péchés. "Mais vous savez, nous faisons tous ces choses, je suis désolé, je suis désolé… cela m'accable, je ne veux plus le faire, je ne veux plus le dire, je ne veux plus le penser". Il est important qu'en nous, nous donnions un nom à nos péchés. Le concret. Car si nous "restons en l'air", nous finirons dans les ténèbres. Devenons comme les petits, qui disent ce qu'ils sentent, ce qu'ils pensent: ils n'ont pas encore appris l'art de dire les choses en les enveloppant, pour qu'on les comprenne sans les dire. C'est un art des grands, qui parfois ne nous fait pas du bien.
Hier, j'ai reçu une lettre d'un jeune garçon de Caravaggio. Il s'appelle Andrea. Et il me racontait des choses personnelles: les lettres des adolescents, des enfants sont très belles, à cause de leur caractère concret. Et il me disait qu'il avait entendu la Messe à la télévision et qu'il devait "me reprocher" une chose: le fait que je dise : "la paix soit avec vous", "alors que tu ne peux pas dire cela, parce qu'avec la pandémie nous ne pouvons pas nous toucher". Il ne voit pas que vous [ici dans l'Eglise] vous faites un salut avec la tête et que vous ne vous touchez pas. Mais il a la liberté de dire les choses comme elles sont.
Nous aussi, avec le Seigneur, nous devons avoir la liberté de dire les choses comme elles sont: "Seigneur, je suis dans le péché: aide-moi". Comme Pierre après la première pêche miraculeuse: «Eloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un pécheur» (Lc 5, 8). Avoir cette sagesse du concret. Parce que le diable veut que nous vivions dans la tiédeur, tièdes, dans la grisaille: ni bons ni méchants, ni blanc ni noirs: gris. Une vie qui ne plaît pas au Seigneur. Le Seigneur n'aime pas les tièdes. Du concret. Pour ne pas être menteurs. «Si nous confessons nos péchés, il est assez fidèle et juste pour remettre nos péchés» (1 Jn 1, 9). Il nous pardonne quand nous sommes concrets. La vie spirituelle est si simple, si simple; mais nous la rendons compliquée avec ces nuances, et à la fin nous n'arrivons jamais…
Demandons au Seigneur la grâce de la simplicité et qu'il nous donne cette grâce qu'il donne aux simples, aux enfants, aux jeunes qui disent ce qu'ils sentent, qui ne cachent pas ce qu'ils sentent. Même s'il ne faudrait pas le faire, mais ils le disent. Avec Lui aussi, dire les choses: la transparence. Et ne pas vivre une vie qui n'est ni une chose ni l'autre. La grâce de la liberté pour dire ces choses et également la grâce de bien connaître qui nous sommes devant Dieu.
Prière pour la communion spirituelle
Les personnes qui ne peuvent pas communier font à présent la communion spirituelle:
Je crois, mon Jésus, que tu es réellement présent dans le Très Saint Sacrement de l’autel. Je t’aime par-dessus toute chose et je désire ardemment te recevoir dans mon âme. Puisque je suis incapable de Te recevoir de façon sacramentelle, entre au moins spirituellement dans mon cœur. Je T’embrasse comme si Tu y étais déjà et je m’unis entièrement à Toi. Ne permets jamais que je sois séparé de Toi. Ainsi soit-il.
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