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Publié par JACQUES ALLARD

Ce livre et la réflexion que son auteur nous invite à entamer, établit un lien entre des techniques d'organisation de masse qui ont fait leurs preuves au bénéfice de la conception criminelle du régime hitlérien, et qui sont également utilisées (après recyclage) dans le management de notre époque moderne et contemporaine au service d'une économie concurrentielle, de marché, néo-libérale.  La terminologie employée est sans équivoque, même si le cynisme n'atteint pas le même niveau.

Reinhard Höhn (1904-2000) est l'archétype de l'intellectuel technocrate au service du IIIème  Reich. Juriste, il se distingue par la radicalité de ses réflexions sur la progressive disparition de l'État au profit de la "communauté" définie par la race et son "espace vital". Brillant fonctionnaire de la SS - il termine la guerre comme Oberführer (général) -, il nourrit la réflexion nazie sur l'adaptation des institutions au Grand Reich à venir - quelles structures et quelles réformes ? Revenu à la vie civile, il crée bientôt à Bad Harzburg un institut de formation au management qui accueille au fil des décennies l'élite économique et patronale de la République fédérale : quelque 600 000 cadres issus des principales sociétés allemandes, sans compter 100 000 inscrits en formation à distance, y ont appris, grâce à ses séminaires et à ses nombreux manuels à succès, la gestion des hommes. Ou plus exactement l'organisation hiérarchique du travail par définition d'objectifs, le producteur, pour y parvenir, demeurant libre de choisir les moyens à appliquer. Ce qui fut très exactement la politique du Reich pour se réarmer, affamer les populations slaves des territoires de l'Est, exterminer les Juifs. Passé les années 1980, d'autres modèles prendront la relève (le japonais, par exemple, moins hiérarchisé). Mais le nazisme aura été un grand moment managérial et une des matrices du management moderne.

Vidéo de 33'42"

France Culture :

Le management, du nazisme à la mondialisation, ou l’art de produire le consentement et l’illusion d’autonomie chez des sujets aliénés. S’il ne dresse pas un réquisitoire contre le management et s’il ne dit pas non plus qu’il s’agit d’une invention du IIIe Reich, Johann Chapoutot, notre invité, souligne une continuité entre les techniques d’organisation du régime nazi et celles que l’on retrouve aujourd’hui au sein de l’entreprise. Pour en parler, Raphaël Bourgois reçoit Johann Chapoutot, professeur d'histoire contemporaine à la Sorbonne (spécialiste d'histoire de l'Allemagne, auteur "Libres d'obéir : le management, du nazisme à la RFA" Éd. Gallimard).

Laurent Trolé (commentaire) :
"Comment la perversité managériale parvient a détruire des personnes sans que celles-ci ne parviennent à clairement identifier l’origine de leur détresse."

 

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