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Publié par YVAN BALCHOY

18-12-20- NOUS SOMMES LES TERRORISTES (INVESTIGATION DE MICHEL COLLON)


La guerre du Yémen est sans doute la pire chose qui se passe actuellement dans le monde. Et la situation ne devrait pas s’améliorer alors que les États-Unis veulent inscrire les rebelles Houtis sur leur liste des organisations terroristes. La guerre a pourtant déjà fait des centaines de milliers de morts. Pouvons-nous y faire quelque chose ou sommes-nous condamnés à la complicité, en regardant ailleurs pendant que des enfants meurent de faim et du choléra? (IGA)
 

L’administration Trump serait sur le point de placer les rebelles Houthis du Yémen sur sa liste officielle des organisations terroristes dans le but de les priver d’argent et de ressources. Le chef du Programme alimentaire mondial des Nations Unies, ainsi que de nombreux autres experts, prévient que cette désignation prolongera l’horrible guerre qui a coûté la vie à plus d’un quart de millions de personnes et créera une barrière impénétrable de paperasserie empêchant l’aide humanitaire de parvenir au peuple yéménite.

Les Nations Unies estiment prudemment qu’environ 233 000 Yéménites ont été tués, surtout par des « causes indirectes », dans la guerre entre les Houthis et la coalition dirigée par l’Arabie saoudite, soutenue par les États-Unis. Ces causes indirectes seraient la maladie et la famine résultant de ce que le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, appelle «la pire famine que le monde ait connue depuis des décennies».

Lorsque les gens entendent le mot «famine», ils pensent généralement à la faim de masse causée par des sécheresses ou d’autres phénomènes naturels. Mais en réalité, les décès par la famine que nous voyons au Yémen (dont un énorme pourcentage sont des enfants de moins de cinq ans) sont causés par quelque chose qui n’est pas plus naturel que les morts de famine que vous verriez dans un siège médiéval. Ils sont le résultat de l’application d’un blocus par la coalition saoudienne et de ses bombardements ciblés sur des fermes, des bateaux de pêche, des marchés, des sites de stockage de nourriture et des centres de traitement du choléra. L’objectif est de rendre les régions contrôlées par les Houthis du Yémen si faibles et misérables qu’elles se brisent.

En d’autres termes, les États-Unis et leurs alliés ont aidé l’Arabie saoudite à tuer délibérément des enfants et d’autres civils à grande échelle afin d’atteindre un objectif politique. Ce qui serait bien entendu un exemple parfait de toute définition standard du terrorisme.


 

Nous sommes les terroristes. L’Arabie saoudite, les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Australie, le Canada, la France et tous les autres pays qui ont facilité les horribles atrocités de masse au Yémen – cette alliance étroite de puissances mondiales constitue une organisation terroriste comme le monde n’en a jamais vu auparavant. Et l’empire US, terriblement sauvage et sanguinaire, désigne à présent les Houthis comme une organisation terroriste. C’est la blague la moins drôle qui ait jamais été racontée.

Nous sommes les terroristes. Je dis «nous» au lieu de nos gouvernements, parce que si nous sommes honnêtes avec nous-mêmes, nous, en tant que population civile, sommes complices de ce massacre. Les horreurs au Yémen sont sans aucun doute la pire chose qui se passe dans le monde en ce moment, mais elles constituent à peine une tâche sur notre conscience sociale. L’écrasante majorité d’entre nous a vu les photos et les vidéos d’enfants yéménites affamés, a pensé à quelque chose du genre «Oh une famine, c’est si triste» puis est retournée à ses réflexions sur le sport ou toute autre absurdité insipide qui occupent la plus grande partie de notre attention.

Nous sommes les terroristes. Oui, il est vrai que nous avons été conditionnés dans notre complicité avec ce terrorisme. Et si les médias faisaient leur prétendu travail, le Yémen serait au centre de notre attention. Mais nous sommes toujours complices, nous y participons toujours, vivant dans une société où le massacre et la brutalité n’amènent pas à se lever no à utiliser la force du nombre pour exiger un changement. Ce n’est pas parce que vous l’ignorez que vous ne dormez pas sur un lit d’enfants massacrés.

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