LE GRAND RETOUR
Dans ma vie,
il surgi comme une étoile filante.
Brisant ma solitude d’un soir
il l’a tissée d’amitié
et parlant avec autorité
m’a enseigné deux trois vérités
que je ne suis pas prêt d’oublier.
Enterré le passé
et ses regrets,
fermé les yeux aux incertitudes
d’un futur qui n’existe pas,
pour Vivre le temps présent,
le plus merveilleux des présents,
retrouver enfin ce centre de la sphère
dont parlait le grand Pascal.
et qui m’interpelle
dans ce petit chat qui passe,
ce rossignol qui ne chante que pour moi,
cette cloche qui chante le crépuscule.
Il s’appelait Jonathan,
beau comme un archange,
il me semblait venir
de nulle part,
et était partout « chez lui ».
Il n’avait peur
que de son cœur.
avec lequel il luttait la nuit
comme pour en maîtriser l’ardeur.
Je ne l’ai rencontré qu’un court instant,
mais, à vrai dire,
il ne m’a plus jamais quitté
Oh, j’ai bien essayé
de le retrouver physiquement
mais dans ce tout petit pays Cévenol
curieusement personne ne se rappelait de lui
pas même l’unique jeune femme du village
que j’interrogeai en vain.
Certes je le retrouvais dans cette cassette,
précieux héritage,
que je n’ai jamais partagé
qu’avec ces rares vrais amis
que la vie m’a offert.
Hier pourtant
sur un petit papier glacé
quelques lignes
écrites avec avec chaleur
m’ont saisi comme un accroche-cœur.
J’y ai retrouvé la magie
du rossignol de Soudorgues,
Ce message vivifiant
me venait d’une amie
à qui j’avais l’intention
de confier à son tout la cassette trésor.
Mais en la lui remettant hier,
j’ai eu l’impression de lui rendre son dû.
Avec elle,
c’est comme si l’esprit de Jonathan
faisait de nouveau irruption en ma vie
sous les doux traits
de cette femme
en qui j’ai retrouvé
comme à travers un miroir
la présence invisible
et pourtant presque tangible
de celui que je cherchais depuis si longtemps
et qui, je crois, se serait reconnu
dans les mots bouleversants
qui à nouveau me rendent présent
l’éternité de l’instant.
Qu’importe l’incertain
de demain
face au présent
si nourrissant
de cette femme
qui fait écho en mon cœur
au cri de Jonathan.
Quoi qu’il arrive,
je sais, plus que jamais,
que jusqu'à mon dernier souffle
je garderai au fond du coeur
comme un immense bonheur
la chaleur mêlée
de cette archange terrestre
et de cette femme de délicatesse
qui au moment du grand départ
me rempliront le cœur
de reconnaissance et d’espoir.
Yvan Balchoy
balchoyyvan13@hotmail.com
http::/poete-action.ultim-blog.com
CE RÉCIT A ÉTÉ REPRIS DANS MON ROMAN *MEURTRISSURE" EN CES TERMES :
MEURTRISSURE (ROMAN) 84
Continuant à descendre le long de ruelles à peines carrossables, il parvint rapidement à un pont qui enjambait la rivière Salendrique dont le lit était couvert d’énormes rochers dont certains avaient plus d’un mètre cinquante de haut sur trois ou quatre mètres de côté. Il descendit vers la rive en empruntant un escalier de pierre et s’assit plein d’admiration devant la beauté du site.
Le moment était vraiment exquis. Assis sur la dernière marche qui conduisait à la rivière, Ghislain cueillait le temps qui passe avec délectation… Du soleil, certes bien généreux, pas trop heureusement. Un petit vent grisant qui vous frôlait la peau comme une caresse de femme. Un fond sonore offert par Dame Nature digne de la plus prestigieuse des salles d’orchestre, chants d’oiseaux, cigales, clapotis des poissons à la poursuite d’insectes, bruissement de l’eau au contact des rochers, tout cela créait une harmonie aussi chantante pour les oreilles qu’elle était éclatante pour le regard.
A ces bruits sommes toute naturels s’ajoutaient la musique d’un piano quelque part en face, les cris d’une colonie de vacances, assez joyeux pour égayer son cœur, assez lointains pour ne pas troubler sa solitude.
A une vingtaine de mètres en amont, jolies fleurs colorées, deux jolies filles traversaient de ci-delà la rivière se jetant de l’eau à la figure avec de grands éclats de rire propres à leur âge qui faisaient doucement écho au plus profond de lui.
Il était simplement heureux goûtant ce paradis terrestre, partagé entre cette merveilleuse réalité qui lui faisait face de toutes parts et tout ce qui dans le temps et l’espace le projetait hors d’ici avec un brin de nostalgie, de tendresse et infiniment d’espoir.
Soudain « IL » surgit devant lui, venant de nulle part, l’Archange, car, pour sûr, c’en était un, jeune, vingt deux, vingt trois ans, blond comme un viking, beau comme un dieu.
Il glissait en équilibre instable sur l’autre rive entre le bord externe d’un petit ruisseau creusé par l’homme dans la pierre, parallèlement à la rivière, à hauteur des maisons et le talus accidenté qui s’écroulait dans la rivière.
Enfoui dans son cocon de paix, la beauté extrême de l’inconnu, dotée d’une séduction presqu’inquiétante lui apparut comme une force si irrésistible qu’il eut peur qu’elle le subjugue sans tarder.
Poursuivant sa route, le jeune homme dépassa le pont élégant que les hommes, il y a bien longtemps, avaient jeté entre les rives et il sortit de l’esprit de Ghislain qui retrouva ses cigales, ses cris d’enfants et les fou-rires des jeunes filles toutes proches, quand, brusquement il sentit une présence brûlante comme du feu tout contre lui : le beau jeune homme venait de s’asseoir silencieusement à ses côtés
Ghislain n’eut pas besoin de tourner la tête pour reconnaître son étrange Archange. Quelques instants de silence conclurent leur acceptation réciproque.
Est-ce lui, est-ce Ghislain qui rompit cette trêve, quelle importance ? Le fait est que le dialogue surgit tout d’un coup en les emportant avec la force et l’impétuosité de la rivière toute proche.
Le mari de Ria comprit de suite qu’il n’y avait aucune place pour les banalités d’usage en guise d’accueil.
Les premiers mots du jeune homme, autant qu’il put les reconstituer plus tard furent à peu près :
-« J’ai eu envie de vous rencontrer dès que je vous ai vu. »
On sentait que chez lui, le mot « Rencontre » n’avait rien de commun avec ses erzats quotidiens du type : « J’ai rencontré mon boucher, ce matin au marché. »
Cette fois, il s’agissait de la « Rencontre » telle que vécue dans l’amitié, dans l’amour, dans ces évènements irréversibles qui transforment la vie de deux ou plusieurs personnes.
Les questions habituelles : « Comment allez-vous ? », « Comment vous appelez-vous ? », « Où habitez-vous ? » se réduisirent à leur plus simple expression.
En fait, Ghislain avait l’impression d’avoir vécu avec lui depuis toujours, même si les aiguilles de sa montre ne s’étaient, pour ainsi dire, pas déplacées depuis son irruption tranquille.
Ne me demandez pas, ne me demandez pas surtout de résumer ici ce qui se dit entre eux.
Ce qui s’est dit fut prodigieux mais bien moins que ce qui ne fut pas dit et qui pourtant fut partagé de manière indicible.
Brusquement le rideau de l’oubli, qui le coulait de son passé depuis des semaines, s’entrouvrit.
Il n’y avait bien là que lui et Ghislain ; pourtant brusquement ce dernier retrouva autour de lui tous ses amours présents ou passés, toutes ses amitiés, celle d’aujourd’hui et d’hier et même celles qui l’avaient quitté, dit-on, pour toujours. Il retrouvait en même temps tous les lieux sacrés qui avaient fait vibrer son cœur et transformé sa vie depuis cet accident de chemin de fer jusqu’à ce petit atelier d’art à Liège. Tout ce qui avait suivi, en revanche, en particulier à la « FLEUR DE LOTUS » disparaissait comme englouti dans un brouillard salvifique.
Ils étaient tous là, lieux et personnes qui l’avaient façonné, souriant à l’instar de ce bel inconnu qui le regardait avec bienveillance.
Lisant dans le regard de Ghislain son étonnement, tel un prophète, un ange ou un homme d’autorité, l’inconnu prit brusquement la parole.
Yvan Balchoy