08-12-20- "ELLE S'APPELAIT SARAH", UNE HISTOIRE D'AMOUR QUI SE GREFFE SUR LA LACHETE HUMAINE.
Ce film, que j'ai vu ce matin, vient d’un livre qui a le même nom « Elle s'appelait Sarah » de Tatiana de Rosnay que je n’ai malheureusement pas lu.
L’histoire nous décrit une des pages les plus sombres du régime de Vichy. Aujourd’hui elle semble presqu’irréaliste par sa cruauté bestiale, pourtant sous l’occupation allemande et le détestable régime de Vichy elle a du paraître à beaucoup hélas assez banale.
Au moment de l’arrestation de sa famille, une petite fille, juive, d’origine Polonaise, enferme pour le sauver son petit frère dans un placard et est emmenée avec son père et sa mère vers le Vélodrome d’hiver. Ayant sur elle la clé du placard, Sarah ne cesse à penser à libérer son frère. Dans l’enfer qu’est la présence sans aucune hygiène de plusieurs milliers de personnes dans un vélodrome vétuste et sans commodités, la petite fille et ses parents découvre l’enfer. Le rôle odieux joué par la police française est peut-être pourtant en dessous de la réalité qu’elle a été.
Après le vélodrome, la famille est envoyée dans un camp de transit ou ils sont séparés. La petite fille, qui ne cesse de penser à son petit frère, réussit, avec la complicité d’un policier un peu plus humain, à s’enfuir, à rejoindre Paris où, arrivant dans son ancien appartement occupé déjà par une autre famille, elle découvre le corps du petit garçon mort de faim.
Mais le film, comme le livre, se déroule aussi à notre époque. En 2002, à Paris Julie Jarmon, américaine, et son mari français emménagent dans l’ancien appartement de la famille juive.
Julia, qui s’intéresse au drame du Vélodrome d’hiver finit par découvrir ce qui s’est passé autrefois en cet appartement, elle découvre que Sarah ne fait pas partie de la liste des déportés et la recherche de cette petite juive Polonaise remplit toute sa vie.
Elevée par une famille de paysans qui l'avait traitée comme sa fille, Sarah avait finit par les quitter et disparaître. Julia découvre finalement qu’elle a émigré aux USA mais ce qu’elle trouvera à New York c’est que la loi du silence est aussi forte outre Atlantique qu’en France. Finalement, c’est elle qui va apprendre au fils de Sarah qu’il est le fils d’une Juive qui seule de sa famille a échappée à la mort.
Pour elle, qui se sépare peu à peu, à cause d’une grossesse, de son mari français et pour le fils de Sarah qui renait d'une certaine façon comme juif, cette double expérience les rapproche autour d’une nouvelle Sarah, l’enfant de Julia qui a échappé à l’avortement souhaité par son père; cette petite fille qui rappelle à Julia et à celui qui se croyait un américain sans histoire le destin tragique de Sarah, qui en fait s’était suicidée il y a longtemps.
Cette découverte bouleverse leur vie à tous deux.
Le film suggère semble-t-il qu’elle leur ouvre une nouvelle vie dont Sarah-le-juive est le ciment et la nouvelle Sarah la conclusion.
Allez voir ce film d’abord, non comme un bon moment à passer ! Je doute fort que vous en sortiez indemne et tant mieux !
Si le spectacle des camps de concentrations nous est épargné, l’horreur du vélodrome d’hiver y est peinte comme un autre enfer où ce ne sont pas les kapos qui jouent le méchant rôle mais les policiers français et les militants du régime Pétain qui non seulement ont trahi la France mais l’ont traînée dans la boue et le sang.
Durant le film, de jeunes américains discutent avec Julia, la journaliste américaine et l'un ou l'une d’entre eux demande : « Qu’auriez-vous fait si vous aviez été en cette situation? » Oh je sais que beaucoup disent qu’on ne peut pas juger, que nous ne nous trouvons pas dans la même situation...
Je sais combien ce réalisme qui est aussi lâcheté est banal mais le mérite de ce film est de me dégoûter de moi-même à l’avance si j’admets que j’aurais pu être un policier modèle du Maréchal en participant à cette rafle inhumaine.
Non, il y a eu aussi des policiers qui ont payé cher, parfois de leur vie, le refus de servir l’infâme et j’espère que si demain un choix semblable nous est imposé, le rappel de cette Sarah et de tous les autres juifs et non juifs sacrifiés à la folie d’un criminel et à la lâcheté de ses contemporains imposera la révolte nécessaire contre tout ordre établi qui déshonore l’humanité où que ce soit, en Palestine, en Irak, en Afghanistan ou ailleurs....
Je ne suis pas un disciple de Chirac mais je reconnais qu’il a eu raison de stigmatiser la lâcheté et la criminalité d’une partie de la population française (et ça vaut aussi en Belgique, par exemple à Antwerpen ou à Bruxelles, monsieur Bart De Wever !) devant les atrocités nazies.
C’est en cela que je trouve que ce film courageux et vrai est, je l’espère, une graine d’une humanité plus courageuse et moins lâche.
Dernière conclusion de ce film, quand Julia lui apprend qu’il est peut-être juif, l’américain, fils de Sarah, se révolte et refuse tout nouveau contact avec lui, mais son père mourant lui apprend que la journaliste a raison et qu’il est bien lui aussi un rescapé de l’histoire. Il en est tout transformé.
Je me suis souvent dit que si un jour, j’avais appris que j’ai du sang juif, en moi, j’en serais fier car ce peuple, que je me refuse de confondre avec ce qui se passe au Moyen Orient sous l’emprise de politiciens juifs dégénérés qui ne représentent en rien les victime s de la Shoah, est peut-être celui qui a le plus fait pour révéler à l’humanité sa grandeur et sa beauté.
Yvan Balchoy