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Publié par YVAN BALCHOY

Retour à Damas…
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Un jour, les historiens nous diront comment et pourquoi la presse parisienne a enchaîné à ce point la désinformation, les mensonges d’Etat et la propagande sur la Syrie, comme ses homologues américaines et britanniques l’avaient fait au printemps 2003 sur les armes irakiennes de destruction massive et les liens inventés entre Saddam Hussein et Oussam Ben Laden… Depuis, la presse américaine a fait son mea culpa. On attend le même effort de nos médias nationaux, mais sans beaucoup y croire !


Au poste frontière de Masna, la vie va comme elle va, renouant avec les joyeuses cohues d’avant-guerre. Depuis mars 2011 jusqu’à aujourd’hui, la route reliant Beyrouth à Damas est toujours restée ouverte et sécurisée, comme une espèce de cordon ombilical rattachant de manière indéfectible la Syrie et le Liban. Les dernières opérations menées par l’armée gouvernementale syrienne et son allié russe contre l’ultime bastion jihadiste de la poche d’Idlib (à l’ouest d’Alep) occupent les conversations.

Comme lors de la libération d’Alep en décembre 2016, presses occidentales et israéliennes se multiplient pour dénoncer des bombardements ciblés d’hôpitaux par les aviations syrienne et russe. A en croire cette propagande, la poche d’Idlib abriterait plus d’hôpitaux que n’importe quel autre pays de la planète, Syriens et Russes bombardant prioritairement ces infrastructures sanitaires et les écoles (bien-sûr) avec une rage méthodique, sadique, sinon satanique ! A plusieurs occasions, les autorités syriennes et russes ont expliqué – preuves à l’appui – comment les groupes jihadistes avaient investi nombre d’écoles et d’antennes sanitaires en prenant des civils en otages, utilisés comme « boucliers humains ». Mais ces explications n’ont pas vraiment retenu l’attention des rédactions occidentales qui préfèrent couvrir et commenter les événements de la région à partir d’Internet et des « informations » de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) – officine proche des Frères musulmans comme chacun sait.

Un comité constitutionnel

Dans ce contexte, les Nations unies ont annoncé – le 23 septembre dernier – la création d’un « Comité constitutionnel pour la Syrie ». Cette structure, composée de membres du pouvoir et de l’opposition (50 représentants gouvernementaux, 50 opposants et 50 personnalités choisies par l’ONU afin d’inclure des représentants de la « société civile »), doit travailler sur la Constitution et ouvrir la voie à des élections générales.

Les États-Unis ont salué la création de ce comité. « Même si beaucoup reste à faire, c’est un pas encourageant vers une solution politique du conflit syrien », a estimé la porte-parole du département d’État, Morgan Ortagus. Ce comité « longtemps attendu redonne espoir aux Syriens », s’est aussi félicitée la cheffe de la diplomatie de l’Union européenne, Federica Mogherini, en appelant à sa mise en œuvre « au plus vite ». Le chef de la diplomatie syrienne, Walid Mouallem, a pour sa part réitéré « l’engagement de la Syrie en faveur (…) du dialogue syro-syrien afin de parvenir à une solution politique (…) loin de toute intervention étrangère ».

« L’installation de ce comité correspond et coïncide à une fin proche des opérations militaires lourdes en Syrie », estime un ambassadeur européen en poste à Beyrouth ; « tout le monde pense et se positionne désormais pour le grand chantier à venir de la reconstruction économique du pays, qui va être une affaire régionale excédant les frontières de la Syrie historique. Le coût de cette reconstruction – estimé à quelques 400 milliards de dollars par les chancelleries occidentales – est largement gonflé pour des raisons politiques. Ce chantier va structurer les lignes de force d’un grand marché qui va concerner l’ensemble du Croissant fertile, qu’Antoun Saadé avait baptisé la ‘Grande Syrie’1 ».

Il faut ajouter que l’installation de ce Comité parachève les efforts de l’excellent diplomate Staffan de Mistura, qui a assuré les fonctions de Représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour la Syrie de juillet 2014 au 17 octobre 2018, jour où il a annoncé devoir partir « pour des raisons personnelles ». Durant cette période, Staffan de Mistura a fait le « job diplomatique » le plus difficile du monde. Il a stabilisé les quatre chantiers de l’ONU pour la Syrie : 1) réformes constitutionnelles ; 2) préparation d’un gouvernement de transition ; 3) préparation d’élections générale sous contrôle international ; 4) enfin, poursuite de la lutte anti-terroriste.

Il faut ajouter encore que ce retour du dossier syrien à Genève résulte aussi des efforts de la diplomatie russe. Le 16 septembre dernier, le président iranien Hassan Rohani et ses homologues turc Recep Tayyip Erdogan et russe Vladimir Poutine se sont réunis à Ankara pour adopter des résolutions humanitaires concernant la population civile de la poche d’Idlib. Dans un communiqué commun ils ont annoncé l’ouverture de « couloirs humanitaires », exprimant par ailleurs leur « sérieuse préoccupation » face à la « présence accrue » du groupe jihadiste Hayat Tahrir al-Cham (HTS), l’ex-branche syrienne d’Al-Qaïda et « réitéré leur détermination » à l’éliminer à terme.

Il s’agit du cinquième sommet sur la Syrie depuis 2017 entre M. Erdogan, qui soutient une partie de la rébellion jihadiste, et MM. Poutine et Rohani, alliés des autorités syriennes. « La rencontre a été très productive et s’est soldée d’un plein succès », s’est félicité M. Poutine qui avait souligné en ouverture la nécessité de poursuivre « une lutte sans compromis contre les terroristes en Syrie ».

Au moment où la victoire de Bachar al-Assad semble de plus en plus acquise, la priorité pour Ankara est de se prémunir d’un nouvel afflux massif de réfugiés en provenance d’Idlib. Ankara y dispose, en vertu d’un accord conclu l’année dernière avec Moscou, de douze postes d’observation dont l’un est désormais encerclé par les troupes syriennes. L’un des objectifs d’Ankara est de pouvoir renvoyer en Syrie une grande partie des plus de 3,6 millions réfugiés syriens installés en Turquie.

Lire l'article intégral sur le site "INVESTIG'ACTION" de Michel Collon