EN ISRAËL : TU GIFFLES UN OFFICIER ? PAS DE PROBLRME... SI TU ES JUIVE !- CAPJPO - PALESTINE
Un incident totalement imprévu a eu lieu la semaine dernière au tribunal militaire d’Ofer (Cisjordanie occupée), quelques minutes avant qu’un juge ne signifie aux résistantes palestiniennes Nariman et Ahed Tamimi leur condamnation à 8 mois de prison chacune, rapporte le site +972.
Surgissant du fond de la salle d’audience, une militante anticolonialiste juive, Yifta Doron, s’est approchée du procureur militaire, et, arrivée à son niveau, lui a flanqué une gifle tout en l’apostrophant en ces termes : « Qui es-tu pour faire le procès d’Ahed ? »
Yifat a été immédiatement arrêtée, comme tout le monde, à commencer par elle-même, s’y attendait.
Le lendemain, la police conduit Yifat Doron devant un tribunal civil, là où Ahed, en décembre dernier, avait été traduite devant une juridiction militaire, comme tous les Palestiniens sous occupation.
La police judiciaire demande au juge de maintenir la militante israélienne cinq jours de plus en détention, le temps de terminer l’enquête.
Yifat Doron, qui avait choisi de se défendre elle-même, sans recourir aux services d’un avocat, déclare alors qu’elle ne voit pas d’objection à rester en prison. « Quiconque refuse d’obéir, le petit doigt sur la couture du pantalon, au régime d’apartheid et ose avoir des pensées indépendantes est une menace pour la police, j’en conviens », assène-t-elle à la cour.
Mais surprise, le juge n’accède pas aux demandes de la police judiciaire, et décide de relâcher Yifta.
La police fait cependant appel de cette libération, et Yifta passe une deuxième nuit en cellule.
Elle comparaît le lendemain devant le tribunal de Jérusalem, où elle répète qu’elle ne regrette absolument pas son geste, expliquant que son initiative avait précisément pour but de démontrer la différence flagrante de traitement des personnes, selon qu’on est classé « juif » ou « arabe » par le racisme d’Etat israélien.
« Votre système de démocratie réservée aux juifs me révolte et je ne jouerai plus votre jeu. Faites ce que vous voulez de moi ».
Eh bien, une fois de plus, en dépit de nouvelles demandes d’incarcération avancées par la police, en dépit aussi de la volonté affichée par l’inculpée d’être sanctionnée à hauteur de ce que prévoit le code pénal pour un tel délit, les juges ont à nouveau ordonné sa libération !
« Mon initiative était d’abord un geste de solidarité avec Nariman Tamimi. La mère d’Ahed est en effet l’une de mes meilleures amies, c’est l’une des personnes les plus courageuses que je connaisse. Nariman symbolise les souffrances et l’injustice endurées par tout un peuple, alors, oui, c’est pour elle que je l’ai fait », déclare Yifat Doron au site anticolonial +972.
Mais le désir de mettre en lumière le ségrégationnisme du système judiciaire a aussi été un facteur. « C’est quand même fou que je sois relâchée au bout de deux jours avec ce que j’ai fait, quand tant de Palestiniens de Nabi Saleh (le village des Tamimi, NDLR) moisissent en prison parce qu’ils résistent », ajoute-t-elle.
Les rédacteurs de +972 font remarquer une absurdité supplémentaire. C’est en Cisjordanie occupée, c’est-à-dire un espace où règne le régime israélien militaire et non civil, qu’Yifta a giflé le procureur militaire.
Un Palestinien qui, hypothèse d’école, aurait giflé le procureur sur l’autre joue au moment où Doron lui mettait sa claque aurait pour sa part été, sinon abattu sur place, a minima arrêté par l’armée, et présenté à un tribunal militaire, lequel n’accorde que très rarement des libertés sous caution.
Mais Mme Doron a la chance d’être une citoyenne israélienne de « nationalité » juive : malgré le fait qu’elle ait frappé un militaire, qui plus est dans une enceinte militaire, c’est une juridiction civile qui a eu à connaître de son « méfait », et qui a décidé de la laisser en liberté jusqu’à son jugement.
Source : https://972mag.com/an-israeli-and-a-palestinian-slap-a-soldier-guess-whos-still-in-prison/134017/
CAPJPO-EuroPalestine