« Nous sommes authentiquement de gauche, intègres et confiants en nous » : discours de Peter Mertens aux vœux du PTB
Ce vendredi 19 janvier, le PTB organisait sa réception de Nouvel An à Anvers. Le président du PTB y affirmé la confiance en soi du PTB, un parti « social, authentique et actif ». Avec un aperçu sur les victoires de 2017 pour mieux lancer une année 2018 pleine de combativité.
Chers/chères ami(e)s,
Chers camarades,
J’aimerais tout d’abord demander une minute de silence. Pour les deux victimes, un homme belge et un jeune réfugié afghan qui, lundi, ont perdu la vie dans le terrible accident du Paardenmarkt au centre d’Anvers.
Merci.
Je voudrais aussi demander une minute d’applaudissements. En hommage à toutes les personnes des services de secours qui étaient immédiatement sur place et qui ont mis toutes leurs forces jusqu’au matin pour sauver le plus de gens possible ; en hommage à toutes les personnes des services de secours, des services de soins et des services publics qui, tous les jours, dans notre pays, s’activent pour aider les gens.
Chers/chères ami(e)s,
Segui il tuo corso, e lascia dir le genti. Ce n’est pas du latin, mais de l’italien. C’est un vers du poète italien Dante dans La Divine Comédie.
Alors qu’à l’hôtel de ville d’Anvers et à la rue de la Loi certains entonnent des refrains pour nous dénigrer, nous suivons notre propre voie, la voie de la résistance.
Segui il tuo corso, e lascia dir le genti : Suis ta propre voie, et laisse dire les gens. C’est aussi par cette citation que Marx conclut l’avant-propos de son ouvrage Le Capital.
Et c’est ce que nous faisons, suivre notre propre voie, alors qu’à l’hôtel de ville d’Anvers et à la rue de la Loi certains entonnent des refrains pour nous dénigrer. Notre propre voie, la voie de la résistance.
Car c’est cela qu’a été 2017.
2017 a été l’année lors de laquelle nous avons fait supprimer la Turteltaks (taxe instaurée par le gouvernement flamand sur l’énergie, supprimée suite à une campagne du PTB, NdT). Le résultat de deux années d’action continue venue d’en bas. Nous vous l’avions promis. Et nous avons gagné.
Ce qui hier encore semblait impossible est aujourd’hui devenu réalité. Depuis le 1er janvier 2018, la Turteltaks est supprimée. C’est cela, notre voie. Celle de l’engagement de la base. Celle de la lutte d’en bas.
2017 a été l’année lors de laquelle des dizaines de milliers de femmes ont cessé de se taire. Sur l’intimidation sexuelle et le viol. Sur les relations de pouvoir et l’inégalité. Ne plus se taire, au pays de l’ultra-riche et narcissique Donald Trump. Mais aussi ailleurs. 2017 est l’année lors de laquelle Hilde Van Mieghem a été désignée « femme de l’année », ce qu’elle a plus que mérité.
2017 est aussi l’année lors de laquelle nous avons forcé les pouvoirs de la Ville à ne plus couper l’approvisionnement en eau à personne. À Anvers, ces dernières années, plus de 4 000 ménages se sont vu priver d’eau.
Quand, chiffres à l’appui, nous avons montré que près de la moitié de toutes les coupures d’eau en Flandre avaient lieu à Anvers, la N-VA a parlé d’un « robinet débitant des affabulations ».
Mener l’action pour la justice, c’est notre ADN
Oui, c’est ce qu’ils ont dit, littéralement. « Des affabulations », on aurait cru entendre Trump qui tente de clouer le bec à ses opposants avec son « Fake News Award ».
Mais, aujourd’hui, nous avons eu gain de cause. Les pouvoirs de la Ville doivent promettre que, dès cette année, plus personne ne sera privé de l’approvisionnement en eau.
Cela, nous le devons à sept années d’action continue, qui avaient démarré encore contre l’ancienne majorité communale. Merci à Médecine pour le Peuple, merci aux docteurs Dirk Van Duppen et Lise Vandecasteele, merci à vous tous d’avoir soulevé cette question et d’avoir mené une lutte sans relâche jusqu’à ce que plus personne ne puisse être privé d’eau. Car l’eau est un droit humain de base.
Ça, c’est le PTB à l’œuvre. Mener l’action pour la justice, c’est notre ADN. Nous ne sommes pas un parti qui traite les problèmes à votre place, nous y cherchons une solution ensemble, avec vous. Et nous ne lâchons pas avant d’avoir gagné.

Enfin, 2017 a été l’année qui a connu une flambée de protestations contre les attaques du gouvernement contre nos pensions. Que nous a-t-on imposé ?
- le relèvement de l’âge de la pension à 67 ans, en dépit de toutes les promesses électorales
- l’augmentation des années de carrière pour pouvoir arrêter de travailler, la durée de carrière passant de 35 ans à 42 ans, une mesure qui touche avant tout énormément de femmes
- la suppression de la prépension ou RCC en dessous de 60 ans
- etc., etc.
Trimer pendant 40 ans et ensuite toucher une petite pension de 1200 euros. Et la N-VA de Bart de Wever trouve cela tout à fait OK
« Personne ne va perdre de pension », a déclaré Gwendolyn Rutten (Open vld). Et qu’ont fait les gens ? Ils sont allés regarder eux-mêmes. Sur mypension.be. Et ils ont encaissé le coup. Un million de personnes sont allées vérifier sur ce site internet.
Et là, on voit soi-même ce qu’il en est. J’ai entendu des gens qui ont trimé pendant 40 ans dans le secteur du nettoyage et puis qui découvrent qu’ils toucheront une pension d’à peine 1 200 euros.
Telle est la réalité dans ce pays.
Et la N-VA de Bart de Wever trouve cela tout à fait OK. Le spécialiste des pensions de la N-VA, Jan Spooren, affirme sans rougir qu’une pension de 1 100 euros doit suffire. Trimer pendant 40 ans et ensuite toucher une pension de misère. Comment se payer alors une maison de repos à 1 600 euros ? C’est impossible. Voilà ce qui se passe quand nous laissons nos pensions aux mains de Charles Michel et Bart De Wever. Contrairement à la N-VA, le PTB ne veut pas de pensions de 1 100 euros. Le PTB veut des pensions décentes, s’élevant à trois quarts du dernier revenu et de minimum 1 500 euros.
Et maintenant, le gouvernement sort sa « pension à points ». Par année travaillée, on reçoit un point à la place d’argent, mais combien valent ces points, ça on ne le sait pas. Cela va dépendre du budget de l’État, du déficit public et de l’espérance de vie. Une loterie, donc. Une tombola sans ticket gagnant.
Maintenant, le gouvernement qui a peur. Peur de la colère des gens. Peur que la question des pensions domine les élections.
L’objectif est néanmoins clair : nous faire travailler plus longtemps pour moins d’argent. On a vu ce que ça donne en Suède, on a vu ce que ça donne en Allemagne, où la pension à points est déjà en vigueur.
« Des mensonges pour faire peur aux gens », a réagi le Premier ministre Charles Michel. Et il voulait déjà décerner un Fake News Award aux syndicats. Pour ensuite vite faire passer la pension à points au Parlement avant Noël. Il n’en a rien été. Près de 40 000 personnes ont manifesté à Bruxelles.
Et, maintenant, c’est le gouvernement lui-même qui a peur. Peur de la colère des gens. Peur de ses propres mensonges. Peur que la question des pensions domine les élections.
Et donc, ils ont décidé de faire provisoirement un pas en arrière, et affirmé qu’ils reviendraient au printemps avec « un nouveau texte ».
Chers/chères ami(e)s et camarades, nous soyons pas naïfs : la pension à points reste à l’ordre du jour. Nous ne pouvons donc pas nous endormir, et nous allons devoir maintenir la résistance sociale à l’agenda. Jusqu’au jour des élections s’il le faut. Car nos pensions ne sont pas une tombola. Nos pensions sont un droit, qui a été construit collectivement par le mouvement ouvrier de ce pays.
2017 a été une année de résistance. Une année où vous avez pu compter sur le PTB.
Un parti confiant en lui-même, à la colonne vertébrale solide. Un parti en croissance, dans tout le pays, en Wallonie, à Bruxelles et en Flandre. Car wij zijn één, nous sommes un.
Que nous apporte 2018 ?
Déjà, un anniversaire. Le deux centième anniversaire de la naissance de Karl Marx. Stefaan Van Brabandt et Johan Heldenbergh ont écrit un monologue de théâtre à ce sujet. Celui-ci se termine par ces mots : « La colère face à l’injustice envers son prochain est la plus haute forme de l’amour. »
Nous sommes la gauche authentique. Nous tremblons d’indignation devant chaque injustice. Et nous agissons
C’est ce que nous faisons. Nous ne nous adaptons pas au moule de la politique traditionnelle. Nous ne nous adaptons pas à la politique du lance-flamme et aux ballons d’essai, au narcissisme ou au « je-tweete-donc-je-suis », aux trompe-l’œil et aux bassesses. Nous ne participons pas à la chasse aux sorcières contre les sans papiers et les réfugiés ; nous refusons le racisme ; nous ne relativisons pas les droits humains.
Nous sommes la gauche authentique. Nous tremblons d’indignation devant chaque injustice. Et nous agissons. Avec l’engagement sans faille des jeunes de Comac et de RedFox qui, chaque vendredi et par tous les temps, servent un petit déjeuner aux réfugiés et aux exclus, avec l’engagement de syndicalistes qui, tous les jours, sont prêts à défendre leurs collègues, avec l’engagement de médecins qui, depuis des décennies, pratiquent une médecine gratuite et de qualité, avec des élus et cadres qui travaillent à un salaire moyen d’ouvrier. C’est ça, la politique intègre, camarades.
Oui, nous sommes authentiquement de gauche, avec un marxisme contemporain. Les libéraux, qu’ils soient jaunes ou bleus, croient toujours aujourd’hui dans la théorie totalement dépassée d’Adam Smith, qui prétend qu’il faut laisser la société aux capitalistes et que « la main invisible du marché » va tout régler.
Aujourd’hui, nous voyons le résultat : 8 familles sur terre possèdent plus que les 3,5 milliards les plus pauvres de cette planète. Et la planète elle-même part à vau-l’eau, parce que le capitalisme est en guerre avec la planète, comme l’a parfaitement décrit Naomi Klein.
« Une société qui voit sa richesse grossir sans faire diminuer la pauvreté doit être pourrie jusqu’à l’os »
C’est Karl Marx qui a fait du petit bois de ces affabulations libérales. « Une société qui voit sa richesse grossir sans faire diminuer la pauvreté doit être pourrie jusqu’à l’os », a écrit Marx. Et il a analysé les mécanismes du capitalisme.
Il a exposé la manière dont le capital se montre toujours plus avide, afin d’accumuler toujours plus de richesse. Il a démontré que le travail apporte une plus-value, une plus-value que s’accapare un petit groupe. Et il a aussi été le premier à observer que le capitalisme n’épargne pas la nature dans sa chasse aux ressources et matières premières. Aux dépens de notre planète.
Quoi de plus actuel ? Et, bien évidemment, cela fait peur à Charles Michel et à Bart De Wever, qui font tout ce qu’ils peuvent pour discréditer notre parti.
Segui il tuo corso, e lascia dir le genti. Laissez-les dire, nous, nous poursuivons notre propre voie. Vers une autre société, sans exploitation de l’homme par l’homme, sans pillage des matières premières et de la nature. C’est ça, ce que nous sommes.

Chers/chères ami(e)s et camarades,
J’ai commencé ce discours par un vers de La Divine Comédie de Dante.
Qui s’en prenait entre autres à la culture politique, à l’orgueil et à la décadence des papes et seigneurs florentins de l’époque.
Ici, à Anvers, on peut parfois se croire dans une « divine comédie ». En effet, on assiste de plus en plus à une inquiétante une culture des arrangements entre barons de l’immobilier, holdings financiers, spéculateurs et faiseurs de rois de la politique politicienne. Une culture qui brade les espaces urbains et les services publics, une culture qui ne supporte pas la lumière du soleil.
La gauche se doit de rester en dehors de ces pratiques, et elle doit aussi agir contre celles-ci. C’est l’essence des propositions que j’ai faites dans mon livre Graailand (qui vient de paraître en français sous le titre « Au pays des profiteurs », NdT) il y a tout juste un an, et elles valent pour toutes les villes de notre pays.
Et c’est précisément pour cela que nous insistons depuis un an pour que tout soit mis sur la table. Mois après mois, c’est ce que nous demandons au conseil communal. Tout sur la table :
- les contacts avec les promoteurs immobiliers ;
- le rôle joué par Ogeo et le PS liégeois dans le secteur immobilier à Anvers ;
- les arrangements avec G4S concernant le premier contrat portant sur l’accueil des SDF ;
- les accords avec Land Invest Group et avec Optima ;
- les contacts de l’échevin de la Jeunesse avec la multinationale française Babilou à propos du « marché des crèches », car oui, c’est bien comme ça que cela s’appelle, aujourd’hui, le marché des crèches ;
- les contacts de Zorgbedrijf (entreprise des soins) avec le holding Ackermans & Van Haaren à propos des investissements dans les centres de soins du « marché du vieillissement », car oui, c’est le terme ;
- le rôle de ce même holding Ackermans & Van Haaren dans Waterlink et le projet de la société anversoise des eaux dans le port du Vietnam ;
- la situation d’un ancien échevin chez Ackermans & Van Haaren ;
- le cumul des mandats par Koen Kennis ;
- le rôle précis des réunions très généreusement rémunérées à Intermixt ;
- et la liste est loin d’être terminée...
« Pas de problème », nous a répondu De Wever, « nous allons communiquer nos mandats, mais personne ne doit rien en savoir. » Après une longue insistance, les autorités communales ont distribué sept enveloppes brunes juste avant le conseil communal de décembre. Pas aux conseillers communaux. Uniquement aux chefs de groupe.
Les besoins des gens doivent être au centre des préoccupations d'une ville. Et c’est tout autre chose que les intérêts des barons de l’immobilier, des holdings financiers et des spéculateurs.
Et que trouve-t-on dans cette enveloppe ? Je l’ai ici, je vais vous montrer. Dans cette enveloppe figure une liste des mandats des échevins, des conseillers communaux, des conseillers de CPAS et des conseillers de district. Les mandats sont connus, mais personne ne peut le savoir.
Il n’y a bien sûr pas la moindre allusion à de possibles – et je dis bien « possibles » – conflits d’intérêt entre des postes privés dans des holdings et les dossiers anversois dans lesquels ces même holdings jouent un rôle. Rien. Voilà la transparence de la Ville. Une transparence des enveloppes brunes et qu’on limite à sept personnes.
La transparence, chers/chères ami(e)s, ce ne sont pas des enveloppes brunes. La transparence, ce ne sont même pas des enveloppes à fenêtre. La transparence est totale, ou elle n’est pas.
Et, puisque cette transparence n’atterrit pas d’elle-même sur la table et qu’elle ne se va pas non plus se régler d’elle-même, nous voulons un « bureau pour la transparence et la bonne gouvernance », comme cela a été créé à Barcelone. Un bureau qui contrôle la gestion des fonds publics de la Ville, un bureau qui traite la corruption avec sévérité et qui exclut les conflits d’intérêt. Un bureau qui protège aussi les lanceurs d’alerte et auquel les fonctionnaires de la ville et les citoyens peuvent adresser leurs plaintes. Car la transparence a besoin de contrôle.
Et pourquoi est-ce important ? C’est important parce que la ville est un lieu public. C’est important parce qu’une ville est financée par de l’argent public. C’est important parce que la ville est le lieu où les gens vivent, habitent, travaillent et se détendent, et où les besoins des gens doivent par conséquent être au centre des préoccupations. Et c’est tout autre chose que les intérêts des barons de l’immobilier, des holdings financiers et des spéculateurs.