LA LIBERTE DANS L'OEUVRE DE DOSTOÏEVSKI : ÊTRE LIBRE, CE N'EST PAS CHOISIR A TOUT VENT, C'EST ÊTRE SOI-MÊME. (382)
STEPHANE ZWEIG place très haut Dostoïevski dans son estime puisqu’il voit en lui « le plus grand renverseur de valeurs depuis l’Ancien Testament. »
Il semble avoir été particulièrement sensible au « dualisme invétéré » du romancier russe.
A « son grand regret » et, contrairement à Gide, il ne croit pas au panthéisme dostoïevskien : « Son Dieu n’est que dans l’âme, jamais dans les choses , il lui manque ce grain précieux de panthéisme qui donne aux œuvres grecques ou allemandes leur atmosphère bienfaisante et libératrice. » (1)
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(1) « Dostoïevski », page 112
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Mais Stéphan Zweig a su rendre très justement le sens profondément fraternel du romancier : « Les romans ne s’occupent que de cet homme ultime ; l’état social, les stades intermédiaires de la société avec leur orgueil médiocre et leurs haines mesquines sont dépassés ; l’homme au moi individuel arrive à l’universalité.
Son isolement qui n’était que de l’orgueil a cessé ; avec une humilité infinie, avec un amour ardent, son cœur se penche vers l’homme pur, le frère qui est en tout homme. » (2)
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(2) Idem, page 91-93
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Stéphan Zweig suivi partiellement en cela par Henri TROYAT (3) et NINA GOURFINKEL(4) soulignent l’aspect tourmenté empreint d’une certaine méfiance de la Foi dostoïevskienne
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(3) « Dostoïevski
(4) « Dostoïevski, notre contemporain »
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Venons-en à l’œuvre d’Albert CAMUS qui a vraiment été hanté par les écrits de Fédor Mikhaïlovitch. Il a, on le sait, adopté à la scène le roman « Les Démons ».
L’homme révolté et le mythe de Sysiphe consacrent plusieurs chapitres à des personnages dostoïevskiens.
Dans un chapitre de l’homme révolté, intitulé « le refus du salut », Albert Camus analyse avec lucidité et sympathie les propos d’Yvan Karamazov.
« Yvan prend le parti des hommes et met l’accent sur leur innocence. Il affirme que la condamnation à mort qui pèse sur eux est injuste.(5)
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(5) « L’homme révolté », page 75
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