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Publié par YVAN BALCHOY

LA LIBERTE DANS L'OEUVRE DE DOSTOÏEVSKI : ÊTRE LIBRE, CE N'EST PAS CHOISIR A TOUT VENT, C'EST ÊTRE SOI-MÊME. (369)

Dostoïevski est tout entier en ces lignes avec sa profonde commisération devant la misère humaine et son besoin impérieux de conserver à l’homme, si disgracié soit-il, toute sa dignité.

Il n’a sans doute pas réussi à harmoniser dans le concret cette double exigence.

Lorsque Gradowsky ou Tchernichevsky l’obligent à dire le fond de sa pensée, il semble s’accrocher envers et contre tout à cette liberté et à cette responsabilité, sans laquelle, à ses yeux, tout devient absurde.

Peut-être Fédor Mikhaïlovitch n’a-t-il pas mesuré à sa juste valeur le poids de certains déterminismes dans la vie humaine

. L’aurait-il pu d’ailleurs ? Il est facile de la critiquer à partir de certaine découvertes qui semblent donner raison à ses détracteurs, mais si l’écrivain s’est parfois trompé matériellement, est-il si sûr qu’il n’a pas eu raison de combattre ceux qui, ne disposant pas de ce moyen d’investigation plus perfectionné que le sien, défendaient des positions amoindrissantes pour l’homme.

C’est surtout contre cette « capitulation » qu’il s’est dressé, puisqu’il lui arrive lui-même de s’exprimer en des termes voisins.

Mais il sentait bien combien sa conception chrétienne de l’homme le séparait spirituellement de Gradowski.

Il est sans doute nécessaire de réviser certaines opinions exprimées dans le « Journal d’un Ecrivain ».

Dostoïevski n’a peut-être pas assez compris que la liberté humaine se réalise à travers le jeu de nombreux déterminismes et non directement entre eux, car c’est de l’intérieur qu’elle les transcende.

La solution du romancier nous semble plus incomplète qu’inexacte. Les évènements qui se sont déroulés depuis plus d’un siècle, où tant de fois l’homme a été privé de sa liberté essentielle au nom même de cette même liberté, ne lui donnent-ils pas raison ! Dostoïevski est resté fidèle au noyau essentiel de la solution sociale chrétienne parce qu’il y a vu la meilleure garantie de la réussite humaine individuelle et collective.

S’il est avant tout personnaliste, il ne méconnaît pas pour autant les « relations longues », lui qui est persuadé plus que tous de la mission communautaire des peuples, mais il refuse d’envisager ces communautés indépendamment des personnes qui les constituent.

A ses yeux le grand danger est l’abstraction de l’individu ou de la communauté qui les rabat au niveau du déterminisme universel, qui pour la personne humaine est une loi de mort.

Pour lui, Dieu et l’homme se sont unis pour l’éternité dans le Christ ; ce n’est pas seulement « si Dieu n’existe pas que tout est permis » ou absurde, mais également si « l’Homme » archétype de toute humanité est une invention humaine et donc un simple concept.

La solution sociale de l’écrivain russe est donc vraie dans ce qu’elle affirme et incomplète ou même parfois erronée dans ce qu’elle nie.

Aujourd’hui encore, elle semble la plus libératrice et la plus efficace en fonction d’un avenir pleinement humain, même si les moyens de le réaliser diffèrent beaucoup de ceux que lui-même préconisait

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